L’HOMME, PARTENAIRE DE LA FEMME DANS L’ÉGLISE ET DANS LA SOCIÉTÉ
vendredi 12 juin 2020
PAROLES D’ÉVÊQUE N° 20
31ÈME ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE À BRAZZAVILLE,
DU 05 AU 11 MAI 2003
« La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! » (2Co 13,13).
À l’issue de notre Assemblée Plénière, qui s’est tenue à Saint Gabriel, à Brazzaville, du 05 au 11 mai 2003, Nous, Évêques du Congo, adressons ce Message à l’ensemble du Peuple de Dieu et à tous les hommes de bonne volonté.
Chers Filles et Fils du Congo.
1. Une année s’est écoulée depuis notre précédente Assemblée Plénière et celle de l’ACERAC sur « La Femme dans la Société et dans l’Église ». Ces deux Assemblées, nationale et sous régionale, ont opportunément mis en lumière les défis juridiques, sociaux, culturels, moraux et spirituels que nos communautés doivent encore affronter pour l’épanouissement et la promotion de la femme dans la société et dans l’Église.
Faisant suite au thème de l’an passé, nous avons choisi de réfléchir sur « L’Homme, Partenaire de la Femme dans la Société et dans l’Église ». C’est une réflexion qui tient compte d’une préoccupation exprimée par le Synode des Évêques en 1987, sur « la vocation et mission des laïcs dans l’Église et dans le monde » et exprimée par le Pape Jean-Paul II, en ces termes : « Au cours des réunions du Synode, plus d’une voix a exprimé la crainte qu’une insistance excessive sur la condition et le rôle des femmes puisse aboutir à un oubli inacceptable : l’oubli des hommes » (Exhortation Apostolique « Christifideles Laici », N° 52).
L’Homme, Partenaire de la Femme dans l’Église.
2. L’attention que l’on demande de porter sur « l’Homme », vise « la coprésence et collaboration des hommes et des femmes », dans l’Apostolat des Laïcs. Dans ce domaine, on ne constate que peu de dynamisme, de la part de l’homme. Le même Synode des Évêques n’a pas manqué de le souligner : « Effectivement, en diverses situations ecclésiales, on a à déplorer l’absence ou la présence insuffisante des hommes, dont un certain nombre se soustrait à ses propres responsabilités ecclésiales, de sorte que, seules, des femmes s’emploient à y faire face : ainsi, par exemple, pour la participation à la prière liturgique à l’Église, l’éducation et en particulier la catéchèse des enfants, la présence aux rencontres religieuses et culturelles, la collaboration aux initiatives de charité et aux entreprises missionnaires » (idem).
C’est pourquoi, nous demandons aux hommes plus d’engagement « en vue d’obtenir la présence coordonnée des hommes et des femmes pour que soit rendue plus complète, plus harmonieuse et plus riche la participation des fidèles laïcs à la mission salvifique de l’Église » (Exhortation Apostolique « Christifideles Laici », N° 52).
3. La raison fondamentale qui exige et explique la présence coordonnée et la collaboration des hommes et des femmes, c’est « qu’ainsi se réalise le dessein original du Créateur qui, “dès le commencement”, a voulu que l’être humain soit “comme l’unité des deux” et qui a créé l’homme et la femme comme la première communauté de personnes, la racine de toute autre communauté » (Idem).
Nous demandons plus d’implication masculine, dans les Groupements, Mouvements et Services paroissiaux, pour répondre aux buts décrits par le Conseil National de l’Apostolat des Laïcs Catholiques.
- Assister les agents pastoraux, en leur offrant conseil et aide pratique et en s’investissant, pour les adultes, dans l’enseignement du catéchisme, pour l’éducation de nos enfants dans la foi.
- Participer aux tâches d’organisation des laïcs, hommes-femmes, pour une pastorale d’ensemble.
- Promouvoir la formation et le témoignage chrétien dans les quartiers, face à la prolifération des sectes religieuses.
L’Homme dans le Mariage : « la vie à deux »
4. Le Pape nous rappelle le cadre de cette convivialité et communauté d’amour : « Le mode (...) le plus fondamental, pour assurer cette présence coordonnée et harmonieuse des hommes et des femmes dans la vie et dans la mission de l’Église, c’est l’accomplissement des tâches et l’exercice des responsabilités du couple et de la famille chrétienne, dans lequel transparaît et se communique la variété des diverses formes d’amour et de vie : la forme conjugale, paternelle et maternelle, filiale et fraternelle » (Idem).
Le partenariat entre l’homme et la femme, doit être vécu, non seulement dans les tâches de l’apostolat des laïcs à la paroisse, mais aussi et fondamentalement, dans la vie conjugale, en tant qu’époux et épouse, vis-à-vis des enfants et des autres membres de la famille. Cela exige amour et fidélité, comme nous le demande la loi de l’Église.
5. Le couple est donc la première communauté d’amour, et la famille « l’Église domestique ». C’est pourquoi, dans une autre Exhortation Apostolique sur « les tâches de la famille chrétienne » (FamiHaris Consortio), le Pape définit la famille, comme le lieu naturel de ce partenariat homme-femme : « Si la famille chrétienne est une communauté dont les liens sont renouvelés par le Christ à travers la foi et les sacrements, sa participation à la mission de l’Église doit se réaliser d’une façon communautaire ; c’est donc ensemble que les époux, en tant que couple, les parents et les enfants, en tant que famille, doivent vivre leur service de l’Église et du monde » (Exhortation Apostolique, Familiaris consortio, 50 : AAS1A , 1982, 141-142).
Donc l’homme n’est jamais seul, par vocation ; car il est le partenaire de la femme : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1, 27).
L’Homme Seul : « Célibataire consacré ou non ».
6. Le célibataire consacré, c’est l’homme d’Église, qui a choisi de vivre le célibat par vœu de chasteté, en vue du sacerdoce ou de la vie consacrée. C’est à lui que s’adresse particulièrement, le Message du Pape aujourd’hui, pour la 40eme Journée Mondiale de Prière pour les Vocations. Le thème du Message est très significatif et exprime sa spécificité : « Voici mon Serviteur que j’ai choisi, mon Bien-aimé qui a toute ma confiance » (Mt 12,18 ; cf. Is 42,1-4).
Chers prêtres et religieux, vous n’êtes pas des hommes « seuls », mais des « Bien-aimés » de Dieu, choisis par Lui, pour collaborer ensemble à l’œuvre d’édification du Royaume de Dieu, dans le noble célibat consacré. Comme dit le Pape dans son Message de ce jour : « cultivez l’intérêt pour les valeurs et les choix radicaux qui font de l’existence un service aux autres sur les traces de Jésus, l’Agneau de Dieu. Ne vous laissez pas séduire par la tentation du pouvoir et de l’ambition personnelle » (Osservatore Romano, N° 49, - 3 décembre 2002).
7. Le célibataire non consacré vit seul, par choix personnel ou pour d’autres raisons. Que cet état ne l’entraîne ni à la débauche, ni au concubinage, ni à la prostitution, mais plutôt à la maîtrise de soi et au respect de la dignité humaine.
Lire la Bible, pour comprendre la vraie vocation de l’homme
8. Nous vous indiquons la source d’inspiration, pour comprendre la vraie vocation de l’homme et vivre dignement : la Bible. Les Écritures constituent un point d’appui, pour observer le comportement de l’homme, encourager les bonnes habitudes et rejeter les mauvaises. C’est le lieu de révélation de la réponse, de nature religieuse, donnée par les sages à la question de toujours : qu’est-ce que l’homme. La vraie vocation de l’homme, c’est la crainte de Dieu et le respect de l’autre quel qu’il soit, homme ou femme. Quand on lit la Bible, on comprend que par les récits de :
- Adam et Ève (Gn 2,5-24) : Dieu invite l’homme à retrouver sa dignité d’être créé par Dieu, homme et femme. Ils ne doivent pas s’allier, pour faire du mal aux autres, mais pour construire l’humanité. Dieu invite l’homme à rejeter le péché sous toutes ses formes ; par exemple l’orgueil, la convoitise et l’infidélité.
- Caïn et Abel (Gn 4) : Dieu invite l’homme à la fraternité. Tout homme, digne enfant de Dieu doit lutter contre la haine, contre la jalousie, contre les viols des femmes et toute forme de violence. Le crime de Caïn contre son frère Abel explique, dans la légende, l’origine des guerres. Ce récit doit interpeller tous les hommes qui ont pris les armes dans notre pays contre des frères congolais, de ne plus jamais recommencer. Oui, « plus jamais » !
- Noé et le déluge (Gn 6-9) : nous fait comprendre que très souvent, l’homme est lui-même à l’origine des catastrophes de toutes sortes. Notre monde a besoin d’hommes de foi comme Noé, pour relancer la vie, envers et contre tout.
- Abraham, le Père des croyants : Abraham est un exemple d’homme de foi, prêt au sacrifice pour Dieu. Il obéit à Dieu qui lui dit : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai » (Gn 12,1).
- Job et le problème de la souffrance de l’homme juste : la foi de Job doit pousser chaque Congolais, à affronter avec confiance et solidarité, la souffrance et les difficultés multiformes que rencontrent beaucoup de nos citoyens actuellement. Beaucoup abandonnent le chemin de l’Église, pour se réfugier ailleurs. Job nous apprend la fidélité : il faut savoir compter sur Dieu.
9. C’est pourquoi, nous vous invitons à plus d’attention et de solidarité vis-à-vis de tous nos frères nécessiteux, surtout ceux malades du SIDA. Que notre déclaration d’engagement de ce jour, pour la lutte contre le VIH/SIDA, touche vos cœurs, pour que chacun soit une source d’espérance pour l’autre et surtout vis-à-vis du malade. Que tout homme, citoyen de ce pays évite d’infliger des souffrances aux autres : pas de violence sexuelle ! Vivez votre dignité d’enfants de Dieu en respectant les autres.
- Saint Joseph, époux de Marie : Hommes, pères de famille, prenez l’exemple de Joseph, « Modèle d’homme, Partenaire de ta femme ». Acceptant le dessein de Dieu, Joseph devient ainsi le compagnon fidèle de la Vierge Marie : il protège l’enfant Jésus au milieu des périls qui entourent sa naissance et sa petite enfance. On est en admiration devant « l’homme Joseph » pour son adhésion au projet si déconcertant de Dieu et son amour si respectueux pour Jésus et Marie.
C’est pourquoi dans sa Lettre « Redemptoris Custos » - sur la figure et la mission de Saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Église », le Pape invite tout homme à prendre l’exemple de Joseph : « de même que Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge Sainte est la figure et le modèle » (Redemptoris Custos, N° 1). « La foi nourrie de prière : tel est le trésor le plus précieux que Saint Joseph a transmis à des générations de pères de famille » (Jean-Paul II, Angélus de la Place Saint-Pierre, le 17 mars 2002). Tous ces modèles impliquent toujours une présence discrète de la femme et montrent que l’homme ne se réalise que dans un partenariat véritable avec elle et en s’engageant dans la foi.
Aspects politiques et économiques
10. Mercredi 19 mars 2003, en la Solennité de Saint Joseph, époux de Marie, le Pape a présenté celui-ci au monde, comme un modèle pour tous les croyants et lui a confié « les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et les personnes sans emploi ». C’est l’occasion pour nous, Évêques du Congo, de confier à la responsabilité des « hommes » qui gouvernent notre Nation congolaise, « les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et les personnes sans emploi ». Assurer du travail aux jeunes, protéger leur emploi est un devoir de l’État, un droit pour nos jeunes, pour un avenir meilleur. Saint Joseph, dit le Pape, « est devenu Patron des travailleurs, parce qu’il a nourri la Sainte Famille par son travail d’artisan ». Que chaque chef de famille ait donc de quoi nourrir sa famille.
11. Le développement du Congo viendra d’abord du changement de mentalité. Cela suppose une capacité pour les hommes de prendre en main leur destin, sans plus attendre un quelconque « État-providence ». Mais l’État doit accompagner cette conversion en assurant les conditions des activités productives et rentables comme les infrastructures, pour permettre, non seulement le développement économique durable, mais aussi « le développement de l’homme et de tout l’homme ».
12. Pour donner une chance de salut à notre société, où 70% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, nous en appelons, à une prise de conscience des citoyens de leurs responsabilités économiques. Une gestion transparente et un leadership responsable sont aussi le gage de ce salut. Que dire alors de l’avenir socio-économique de l’homme ! II faut absolument, un plan de lutte contre la pauvreté, avec comme missions principales de la part des Gouvernants :
- La collecte et l’étude des indicateurs de développement humain ;
- Le recensement des populations en difficulté, sans emploi, handicapées, qui puisse donner lieu à une vraie politique sociale ;
- Le renforcement des capacités des ONG à l’assistance au développement.
- Le respect des droits de l’homme et la « bonne gouvernance ».
Appel et Prière
13. Hommes et femmes du Congo, allez de l’avant dans votre vie de foi, d’espérance et de charité. Comme nous y invité Jésus : « Priez donc le Maître de la moisson » (Le 10,2) et « avancez au large -Duc in altum - » (Lc 5,4).
14. En cette année du Rosaire, confions à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, les fruits spirituels de notre Assemblée Plénière, la cause de la Paix dans notre pays et de la Béatification et la Canonisation du Bon Cardinal Émile BIAYENDA.
sois bénie en tout lieu, dans notre pays le Congo,
aujourd’hui et toujours, sur cette terre
que Dieu a confiée aux femmes et aux hommes du Congo.
40ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations.
Les Évêque du Congo
1. Mgr. Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville ;
2. Mgr. Ernest KOMBO, Évêque d’Owando, nouveau Président de la CEC. ;
3. Mgr. Hervé ITOUA, Évêque de Ouesso ;
4. Mgr. Jean-Claude MAKAYA, Évêque de Pointe-Noire ;
5. Mgr. Louis PORTELLA-MBUYU, nouvel Évêque de Kinkala ;
6. Mgr. Daniel MIZONZO, nouvel Évêque de Nkayi ;
7. Révérend Père Jean GARDIN, Préfet Apostolique de la Likouala.