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ARCHIDIOCESE DE POINTE-NOIRE : LA CATHÉDRALE SAINT PIERRE ABRITE LES ÉTATS GÉNÉRAUX

mardi 11 juin 2024

Les membres du presbyterium de Pointe-Noire autour de l’archevêque du lieu

Après une longue marche, les États généraux de l’archidiocèse de Pointe-Noire seront enfin une réalité. Ces assises ont été lancées le 3 avril dernier par le nouvel archevêque métropolitain de Pointe-Noire son excellence, Mgr Abel Liluala au lendemain de son ordination épiscopale. Les plénières des États généraux ont lieu du 4 au 14 juin 2024 à la cathédrale Saint Pierre Apôtre, sous la présidence de Mgr l’archevêque de Pointe-Noire. L’occasion pour la communauté diocésaine de faire le point sur les nombreux maux qui minent cet archidiocèse. L’abbé Jean Gilbert Mavoungou, « Gigi », secrétaire général de l’organisation des États généraux s’est confié à nous, dans une interview réalisée par notre confrère Sévérin Mouce, pour éclairer la lanterne des lecteurs.

* Pourquoi, le nouvel archevêque métropolitain de Pointe-Noire a-t-il convoqué les États généraux au début de son épiscopat ?

** Nous, l’Archidiocèse de Pointe-Noire, sommes dans la dynamique des « États généraux », lancés par notre nouvel Archevêque, son Excellence Mgr Abel Liluala, avec toutes les commissions « ad hoc » que nous avons constituées dont le Secrétariat général est représenté par ma modeste personne, en qualité de président. D’emblée, il convient de rappeler : « Les États généraux », à l’origine, sont une expression et une réalité française. Sous l’ancien régime, le roi convoquait une assemblée spéciale réunissant les députés de tous les ordres ou états (à savoir le clergé, la noblesse et le tiers ordre, c’est-à-dire l’ensemble de personnes qui n’appartenaient ni au clergé ni à la noblesse). Ceci, pour traiter des grandes affaires qui concernaient le Royaume. Par la suite, les « États généraux » avaient lieu, toujours en temps de crise, pour juguler des situations critiques.

Actuellement, les « États généraux » sont au sens figuré ou par assimilation, l’instance qu’une administration se donne pour procéder soit à l’autopsie d’une crise soit, simplement, à une révision de « fond en comble » de tous les secteurs qui concernent l’administration. C’est, en réalité un « arrêt de marche très stratégique » pour une évaluation générale et spéciale, afin de relancer beaucoup plus efficacement tous les secteurs. Ce qui est vrai, il arrive que dans des sociétés privées, des sanctions tombent ou des réorientations adviennent sur certaines personnes, à l’issue des débats et échanges, voilà pourquoi cette expression d’« États généraux », fait parfois peur et est redoutée, et ipso facto, n’est pas trop la bienvenue dans certaines communautés humaines, surtout dans l’Église.

* Justement ! Ces assises ne font-elles pas peur à certaines personnes qui pourraient redouter la dynamique enclenchée par l’archevêque de Pointe-Noire ?

** Pas du tout ! Si dans certaines sociétés privées, les personnes ont peur des « États généraux » qu’elles redoutent même, cependant, pour nous, Archidiocèse de Pointe-Noire, qui visons l’efficacité, c’est une instance dont on a rien à craindre, mais plutôt à interpréter comme un « Kaïros », c’est-à-dire un « temps favorable » ou « moment de grâce », toujours souhaité depuis fort longtemps, et maintenant advenu, après une longue marche. En effet, loin d’être une inquisition, c’est un véritable « Kaïros », pour nous, que de nous asseoir, autour d’une « table ronde, en Église-Famille, en toute confiance et dans la cohésion des cœurs », afin d’évaluer où est-ce que nous sommes arrivés : qu’est-ce qui s’est fait et se fait maintenant ?

Comment cela s’est-il fait ou continue à se faire ? Qu’est-ce qui mérite d’être fait « à nouveau frais », pour plus d’efficacité de rentabilité à tous points vue ? C’est là aussi que l’on peut corriger les erreurs du passé, car l’œuvre humaine n’est toujours pas parfaite, surtout dans les tout débuts (« Ebandeli ya mosala, ezalaka se matata », avait chanté Kosmos Mountouari).

Voilà pourquoi nous ne nous sommes pas limités, pour « cette table ronde », qu’à des commissions couvrant habituellement les quelques réalités déjà existantes et connues de notre Église (dans la gestion des biens et des personnes), mais nous sommes allés jusqu’à inventorier d’autres réalités, non encore envisagées dans la vie de notre Église jusque-là ; d’où 17 commissions, telles que vous pouvez les découvrir, dont chacune de son domaine de définition. On peut citer, entre autres :

1. Commission Développements et Projets, 2. Commission Vie communautaire et Gestion des conflits, 3. Commission « Opus Securitatis » (Santé, Retraite, Vieillesse), 4. Commission Vie Consacrée, 5. Commission Pastorale universitaire et Bibliothèque diocésaine.

Sans que la liste ne soit exhaustive, notre volonté est d’avoir un éventail de possibilités, toujours plus large, à rejoindre et englober le plus grand nombre de réalités qu’on ne souhaiterait laisser en marge. Telle est notre ambition grandissime et telle aussi notre mission à maxima.

Mgr Abel Liluala, pasteur de l’Église diocésaine de Pointe-Noire

* Qu’en est-il des hésitations du début, quant à l’emploi du vocable ou terme « États généraux »

** Il est certes vrai que d’aucuns trouvent inopportun et inadéquat ou incommode le terme « États généraux », et nous les comprenons bien, vu l’origine de l’expression, et la dérive qu’elle avait prise, par la suite, en tant que rouage administratif, en temps de crise, soit pour demander des subsides soit aussi pour tenter d’exercer une sorte de contrôle du pouvoir monarchique dans le passé ; vu aussi aujourd’hui, dans certaines sociétés privées, le fait des accusations, jugements ou condamnations, qui en découlent. Cependant, il n’y a rien de tel pour Notre Église : c’est, comme je l’ai dit précédemment, une « table ronde en Église-Famille, et en toute confiance dans la cohésion des cœurs », pour éviter les erreurs du passé, s’il y en a eues, et pour être désormais, aujourd’hui et à l’avenir, plus avertis, et lucides ; plus pragmatiques et efficaces. Et cela suppose aussi un langage de vérité sans fards ni entretien de flou artistique : nous devons débattre, mais pas à triche cœur.

Ceci dit, en tout état de cause, pour ce qui est de la récupération des mots et, ici présentement, des « États généraux », l’Église en a l’habitude.

Tenez : 1) Vous savez que le verbe « dokudzô », en grec, pour traduire le « discernement », en français, dans les écrits pauliniens (ou écrits de Paul) est un verbe vulgairement connu et utilisé en domaine bancaire, dans le temps, pour l’opération qui consistait simultanément à trier la vraie monnaie, et à détecter la fausse monnaie. Aussi Paul va-t-il l’appliquer aux charismes, pour « discerner les charismes authentiques », car dans la vie chrétienne, et spécifiquement charismatique, on peut aussi être en face du vrai et du faux charisme. Pourtant, le charisme n’a rien à avoir avec la monnaie : il faut donc appréhender la réalité qu’on y met, sans verser dans le rigorisme des identifications.

Il y a aussi : 2) le cas de l’« Avent » qui est traduit à partir d’Adventus latin, et qui vient de la tradition gréco-romaine. En effet, on parlait d’Aventus (« Avent », quand il y avait l’arrivée (venue ou visite) de l’Empereur ou d’un autre personnage du pouvoir (donc païen) dans une ville ou localité, et qui, très souvent, apportait une bonne nouvelle pour les habitants concernés. Et, pour cette venue, il fallait changer le décor de la localité par une opération de salubrité (il faut dire, une salubrité manifestement extérieure à l’homme). Mais la réalité de l’« Avent » dans la liturgie ou la vie chrétienne, est beaucoup plus intérieure, avec un personnage vraiment homme et vraiment Dieu, « Le Fils de Dieu » qui nous a apporté la « Vraie Bonne Nouvelle » : Dieu est Notre Père, il veut faire de tous les hommes et de toutes les femmes ses enfants !

* Quelles sont les étapes des « États Généraux » ?

** En 1ère phase ou étape, et qui est déjà en cours depuis le 3 avril dernier, les présidents avec leurs membres, dans chaque commission, proposent « une grille ou canevas opératoire » des réalités, de façon à en faire un « instrumentum laboris » bien préparé, revu et/ou corrigé par le Secrétariat général, en vue de la 2e phase ou étape : celle-ci n’est autre que le temps des assemblées plénières, et qui connaîtra et concernera un cercle beaucoup plus large de participants (fidèles laïcs comme membres du clergé), pour de grands échanges et débats constructifs. Cette deuxième phase a commencé le 4 mai dernier.

Des décisions et résultats des débats, sortira un ensemble de « modus vivendi » ou feuille de route dans des communautés de vie et des groupements, mais aussi un ensemble de reflexes dans la manière de travailler (« opus habitum ») à spécifier selon chaque structure ou secteur, même le schéma de chaque travail où évoluent les agents pastoraux (« Via opus ») : en qualité de laïcs fidèles ou membres du clergé. Et ce sera la 3e étape et l’étape finale, pour finaliser cette sorte de tableau de bord programmé dans l’archidiocèse, pour éviter la navigation à vue et des initiatives, à la fois, maladroitement et personnellement improvisées !

N.B. Il est possible de préciser les canevas ou contenus de certaines commissions de façon à préparer le large public aux débats des assemblées générales.

Propos recueillis par Séverin MOUCE

 

 


 
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