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MESSAGE DE NOËL 2024 ET DE NOUVEL AN 2025 DE MGR BIENVENU MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU

jeudi 9 janvier 2025

MGR BIENVENU MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU

Espérance, foi et charité

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu‘Il aime » (Luc 2,14) Chers Ouvriers apostoliques,
Chers frères et sœurs en Christ,
Chères personnes de Bonne volonté,

1. Alors que nous nous apprêtons à célébrer les solennités de la Nativité de notre Seigneur, je vous adresse, en tant que votre premier serviteur et votre frère, un message d’espérance, de foi et de charité.

2. Comme vous le savez, Noël nous rappelle l’amour infini de Dieu, manifesté dans l’incarnation de son Fils. En prenant notre chair, le Fils s’est fait l’un de nous, communiant à nos joies et à nos peines.

3. Mais le plus grand, c’est qu’Il ne s’est pas contenté d’être notre semblable. Il a pris notre ressemblance afin que nous lui ressemblions à notre tour. De ce fait, Noël est un moment d’échange exceptionnel. Un échange où chacun donne ce qu’il a de plus précieux. Du Père, nous avons reçu son Unique Fils. Du Fils nous avons reçu l’amour qui est allé jusqu’au Sacrifice de sa propre vie. Et nous qu’offririons-nous à ce Dieu qui s’est dépouillé de tout pour notre salut ? Qu’offririons-nous à l’Enfant de la crèche qui s’est fait pauvre avec nous afin que nous devenions riches de son amour et de ses dons ?

4. Nous devons avouer qu’il nous est difficile d’offrir à Dieu à la mesure de Ses offrandes pour nous.

5. Pourtant, nous rapprocher de Lui, dans une relation de communion, en tout lieu et en toutes circonstances, est l’offrande la plus agréable qu’Il attend de nous, puisqu’ Il nous veut unis à Lui pour l’éternité.

6. Voilà pourquoi en cette solennité de la Nativité de notre Seigneur, fête de l’offrande, fête du don par le mystère de l’incarnation, j’ai voulu vous rappeler l’importance de la Foi et de l’Espérance. La Foi est le socle de notre vie chrétienne et l’espérance est la « boussole », l’indicateur de la direction qui nous mène à Dieu et au prochain.

7. En effet, La foi demeure la conviction qui structure notre identité chrétienne dans l’espace et le temps. Elle est, à partir du Baptême, le socle ou le soubassement qui soutient l’homme dans sa détermination pour le bien et pour les actes justes, malgré les incertitudes de la nuit du monde où Jésus nous rejoint,

8. - La Nuit où Jésus nous rejoint, est celle des disciples d’Emmaüs (Luc 24, 13-35) découragés, abattus, aveuglés à cause de l’espérance volées, disons dévalisées par l’événement odieux de la mort du Christ en qui ils voyaient le Libérateur d’Israël. Et c’est justement quand Jésus les rejoint que tout s’éclaire. Ses disciples qui marchaient dans la nuit ont vu se lever une grande lumière au cours de la fraction du pain. Ils prirent un nouveau départ.

- La nuit où Jésus nous rejoint est celle des souffrances physiques tous azimuts, à l’image du mendiant aveugle de la piscine de Siloé en Jean 9, 7-9 ; abandonné de tous, il est rejoint par le Christ ; cette visite de Jésus a retourné sa vie. Car cet aveugle qui vivait dans la nuit de l’indifférence, autour de la piscine de Siloé à laquelle il n’avait pas accès, a vu se lever une grande lumière.

- Notre nuit est aussi celle des 10 lépreux qui étaient repoussés de la société, à cause de leur condition physique et devaient se cacher au passage des biens portants. Mais ces laissés pour-compte ont vu se lever une grande lumière, parce que accueillis et réhabilités dans leur dignité par Jésus.

- La nuit où Jésus nous rejoint est aussi celle de la femme en Luc 8, 43-44, qui souffrait désespérément de pertes de sang depuis douze ans, sans trouver d’endroits adéquats pour se soigner, ni de médecin qui pouvait la guérir. Mais elle vit se lever une grande Lumière quand elle toucha le bord du vêtement de Jésus des résilients porteurs et transmetteurs.

- La nuit où le Christ nous rejoint est encore celle des nouvelles idéologies qui vont de plus en plus contre l’éthique, et se justifient aisément dans des opinions apologétiques qui se réclament de la liberté ; nuit des injustices sociales qui se mutent en archétypes de gouvernance, nuit de prodigalité des uns et de disette des autres, nuit d’idolâtrie et d’autisme provoqué par Mammon. C’est dans cette nuit lourde de désarrois que le Christ vient rallumer et ranimer notre foi chrétienne. Dynamo de la vie et du bien et Dynamite de la mort et du mal, en nous rejoignant dans notre nuit, le Christ vient nous relever la tête et fortifier le cœur pour faire de nous des collaborateurs du repoussement ou de la dissipation des ténèbres.

Avec la foi en Jésus, l’impossible devient possible, pourvu que nous gardions l’espérance, pourvu que nous acceptions, avec Lui, d’être des résilients porteurs et transmetteurs de la Vie et de la Lumière reçues.

Frères et sœurs,

9. Transmetteurs de la lumière ? Bien évidemment, cela consiste à porter notre part de croix, à ne pas reculer devant notre lourde et noble mission de baptisés.

10. Les nuits de ce monde sont souvent opaques. Elles combattent la foi chrétienne qui pour elles sont scandale et folie. Pourtant, oui pourtant, la venue de l’Emmanuel dans la nuit de Noël est le déploiement de la puissance de Dieu et de Sa sagesse en ceux qui ont foi en Lui.

11. En nous rejoignant dans les nuits de ce monde, Jésus vient nous remettre sur la route de l’Espérance pour être les vainqueurs des résignations qui inhibent notre maturité chrétienne.

12. La venue du Christ dans la nuit de notre temps vient nous remettre debout pour nous sortir des précarités dans lesquelles nous sommes englués volontairement ou indépendamment de notre volonté.

13. Le Christ, lumière du monde, s’est levé dans notre nuit de Noël pour nous « libérer de toutes espèces de servitude ». Il vient raviver notre devoir de chrétiens authentiques qui ne restent pas là à contempler le Ciel, mais à transformer la terre de l’intérieur, comme le levain dans la pâte. Il vient nous faire participer à l’avènement d’une société juste et fraternelle animée par I ‘évangile pour le passage du moins humain au plus humain, en suscitant autour de nous des automatismes d’autonomie, dans le respect des droits et des devoirs.

14. Voilà pourquoi, à chaque chrétien, dans les limites de ses compétences et de ses responsabilités, Le Christ, notre Seigneur et Sauveur, nous visite pour réactiver le bien qui faiblit, rappeler l’engagement social qui est éteint, remanier la justice qui se dissimule, ressusciter la charité qui se raréfie, redresser la droiture qui s’entortille. Noël c’est le temps du ressaisissement.

15. Frères et sœurs, n’oublions pas comme l’affirme Saint Paul VI que l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les Maîtres, ou s’il écoute les Maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. C’est dire qu’en accueillant et en vivant du Christ, notre conversion, notre changement qualitatif, même s’il est celui d’un petit nombre, est et sera source de motivation pour la conversion d’un plus grand nombre.

16. Dans cette dynamique, évitons surtout d’agir en manifestant des modèles voués au culte de personnalité. Agissons plutôt dans l’espoir de plaire au Seigneur. Arrimons-nous à la foi qui offre ce qui dure et que même le passage des siècles ne pourra effacer. Car pour nous chrétiens, tout ce que nous faisons à l’un de ces plus petits, c’est au Seigneur que nous le faisons, (Matthieu 25,40). 17. Noël, c’est la foi qui nous conduit à l’espérance et la consolide. L’espérance, à la suite de la foi, est guide dans notre manière de croire et dans notre façon de transformer le monde à la lumière du Christ. Elle nous empêche de céder au pessimiste, au mal et à ses corollaires disproportionnés qui avilissent l’homme.

18. Nous avons compris que Noël est le signe de la victoire de la lumière sur les ténèbres, l’annonce du triomphe du bien sur le mal, alors qu’elle suscite en nous tous des raisons d’espérer. Soyons donc des porteurs de foi, d’espérance et de charité qui règnent non seulement dans nos cœurs, mais aussi dans nos actions quotidiennes.

19. Frères et sœurs, en vivant la joie de Noël, je vous exhorte à accueillir la Lumière qui se lève dans notre nuit personnelle, ecclésiale et sociétale, pour faire de nous des témoins vivants de Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, justement dans notre Église et dans notre société congolaise qui ont plus que jamais, besoin de sortir des pesanteurs de nos nuits actuelles.

20. Je saisis cette occasion de Noël, pour inviter particulièrement les fidèles laïcs à jouer un rôle plus actif dans la mission de l’Église et dans la société pour les temps à venir. J’invite les membres du clergé, en tenant compte du Directoire Diocésain, à intégrer davantage nos fidèles laïcs compétents dans l’administration de nos paroisses de façon effective. N’oublions pas que nous sommes un même Corps, le Corps du Christ, l’Église vivante.

21. En cette année 2025, déclarée année sainte par le Pape François, soyons plus que jamais témoins efficaces du Christ dans le monde de l’éducation, de la santé, de la charité, etc.

C’est ici l’occasion de rendre un vibrant hommage aux petites sœurs des pauvres, aux missionnaires de la charité, aux auxiliatrices et autres consacrés qui sont à côté des personnes âgées et des plus démunies.

22. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à tous les prêtres et autres collaborateurs qui dans le ministère pastoral créent à nouveau l’enthousiasme et ouvrent des chemins de résurrection.

23. Malgré d’énormes soucis qui, hier étaient des difficultés mais qui, aujourd’hui, sont des défis que nous relevons progressivement grâce à notre marche synodale depuis I’ASOA, je suis heureux non seulement de votre compréhension, mais aussi de votre esprit d’abnégation dans le service qui se réalise avec dévouement. Avec Saint Augustin, n’oubliez jamais que l’histoire du monde est une lutte entre deux formes d’amour : l’amour pour soi-même, jusqu’à la destruction du monde ; et l’amour pour les autres, jusqu’au renoncement à soi-même. Ce dernier aspect est le message de Noël.

24. Quant à moi, je ne saurai recevoir cette Lumière du Christ avec vous et emprunter le pont qui mène vers la nouvelle année, sans vous demander pardon à tous, à cause de quelques-unes de mes paroles qui, à la fin de cette année 2024, ont été de trop et ont donc peiné plus d’un. Je vous demande pardon. Et Je sollicite humblement vos prières assidues, pour qu’ensemble nous soyons vainqueurs d’Amalek, comme dans le livre de l’Exode 17, 8-16.

Frères et sœurs, soyons fiers de notre foi.

25. Par l’intercession de Notre Dame de la Nativité, Notre Dame des missions, Notre-Dame du Congo, À vous tous, prêtres, consacrés religieux, religieuses, fidèles laïcs, hommes et femmes de bonne volonté, je souhaite une joyeuse fête de Noël et une belle et sainte année 2025, au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.

Amen !

Fait à Brazzaville, le 23 décembre 2024

 

Mgr Bienvenu MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU
Archevêque de Brazzaville

 

 


 
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