CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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HOMÉLIE DE LA MESSE DE CLÔTURE DE LA SESSION PLÉNIÈRE DE LA C.E.C (DIMANCHE 11 MAI 2014)

vendredi 23 mai 2014

« Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ » (Ac 2, 36).

Cette déclaration de l’Apôtre Pierre fait partie de son discours de la Pentecôte où il annonce et proclame la résurrection de Jésus, sa victoire sur la Mort.

En effet, la mort, pour Jésus, a été le lieu et le moment par excellence où s’est déployée, où s’est manifestée de manière décisive et éclatante sa puissance de vie, qui n’est autre que la puissance de son amour, car, comme il l’avait dit « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

Ainsi, comme l’a affirmé Pierre, « il n’était pas possible qu’il fut retenu dans le pouvoir de la mort » (cf. Ac 2, 24).

Jésus, engagé dans la logique de l’amour vécu jusqu’à l’extrême, ne pouvait que vaincre le pouvoir de la Mort. C’est donc là, que se manifestent sa divinité et sa messianité (son caractère de Messie) :

« Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Ac 2, 36). Et lui-même l’avait déjà annoncé en ces termes : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme, alors vous saurez que Moi, je suis et que je ne fais rien de moi-même, mais je dis ce que le père m’a enseigné » (Jn 8, 28).

C’est donc avec cette autorité divine et messianique qu’il va envoyer ses disciples, témoins de sa résurrection, pour annoncer la Bonne Nouvelle de la victoire de vie sur la mort, de la victoire de l’amour sur la puissance du mal sous toutes ses formes. « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ! » (Mc 16, 15).

Et les disciples, revêtus désormais de la même force, celle de l’Esprit-Saint, qui est, comme le dit l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Romains, « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts » (Rm 8, 11), vont se mettre à annoncer cette Bonne Nouvelle avec assurance, dans le même élan d’amour que leur maître, en aimant jusqu’à l’extrême, c’est-à-dire, jusqu’au don total d’eux-mêmes, jusqu’à l’effusion de leur sang.

En ce 4ème dimanche de Pâques, dit Dimanche du Bon Pasteur, et qui est aussi la journée mondiale de prière pour les vocations, nous sommes tous invités à laisser retentir en nous cet appel et cet envoie que Jésus Ressuscité nous adresse, dans les mêmes termes : « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15).

Et surtout à prendre conscience que nous sommes revêtus de la même force, celle de l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (Rm 8, 11).

La scène évoquée par l’évangéliste Matthieu reste toujours d’actualité :

« A la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger. Alors il dit à ses disciples : la Moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux, priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Mt 9, 36-38).

Il est vrai que, spontanément, lorsqu’on évoque le problème des vocations, on pense plutôt aux vocations sacerdotales et religieuses. Une telle conception de la vocation dans l’Église est bel et bien incomplète. Car, comme le déclare le Saint Pape Jean-Paul II, dans l’exhortation « Christi fideles laïci » (n°2) :

« L’appel ne s’adresse pas seulement aux Pasteurs, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses ; il s’étend à tous les fidèles laïcs ; eux aussi sont appelés personnellement par le Seigneur, de qui ils reçoivent une mission pour l’Église et pour le monde ».

Et le Pape François de renchérir en déclarant dans son exhortation Apostolique « Evangelii gaudium » (la joie de l’Évangile) n° 120 :

« En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction, est un sujet actif de l’évangélisation, et, ajoute-t-il, il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions ».

Le Saint Concile Vatican II l’avait rappelé en ces termes (LG 33, 4) :

« A tous les Laïcs, par conséquent, incombe la noble charge de travailler à ce que le dessein divin de salut parvienne de plus en plus à tous les hommes de tous les temps et de toute la terre ».

Oui, chers frères et sœurs laïcs, fidèles du Christ, il est urgent d’avoir une haute idée de votre vocation et de votre mission dans l’Église et dans le monde.

« C’est à vous qu’il revient d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles aux quelles vous êtes étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ … » (cf. LG 27).

Cela exigera de votre part, une vie de prière toujours plus intense, une formation toujours plus profonde, une audace et une assurance toujours plus grande, si vous voulez être à la hauteur de votre vocation et de votre mission.

Dans tous les domaines où vous vivez, où vous travaillez, où vous évoluez, développer une conscience toujours plus vive de votre haute responsabilité.

Déjà le Pape Pie XII, en 1946, déclarait :

« Les fidèles laïcs se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l’Église ; par eux l’Église est le principe vital de la société » (cf. CL 9).

C’est par vous que la vie politique peut être évangélisée. C’est par vous que la vie économique peut être évangélisée. C’est par vous que la vie familiale peut être évangélisée, et ce, dans la mesure où « évangéliser, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’Humanité », et par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même » (EN 18).

Mais s’il ya un domaine de la vie qui appelle aujourd’hui une grande attention, une grande conversion, un grand engagement, c’est bien celui de la Famille.

En effet, comme l’a dit ce Concile, dans (GS 47), « La santé de la personne et de la société tant humaine chrétienne est étroitement liée à la prospérité de la communauté conjugale, et familiale ».

Et comme le dit le Saint Pape Jean Paul II, « Dans le dessein du Dieu Créateur et rédempteur, la famille découvre non seulement son identité, ce qu’elle est, mais aussi sa mission, ce qu’elle peut et doit faire ».

Oui, nous en appelons à un sursaut, à une conversion profonde de la part des familles. En effet les antivaleurs qui minent la famille aujourd’hui menacent fortement son équilibre. Beaucoup de maux vont être signalés dans le message. Mais je voulais attirer votre attention sur la dégradation morale qui est en cours dans notre société, et particulièrement les phénomènes du libertinage sexuel, de l’inceste, de l’homosexualité et d’autres encore, qui osent s’afficher de plus en plus comme une norme sociale, tout cela appuyé par des idéologies douteuses et dangereuses.

C’est face à ces pratiques que les familles chrétiennes ont à porter un témoignage de grande valeur, par la fidélité conjugale, par une cohésion familiale plus forte et plus visible : il est rare, par exemple de voir les membres d’une famille aller ensemble à la célébration eucharistique (Messe) ; on accorde tellement d’importance au mouvement dont on fait partie.

… Témoignage de grande valeur par des temps de prière en famille, par les repas en famille, surtout le soir, par des moments de convivialité, de dialogue en famille (Père, mère et enfants).

… Témoignage de grande valeur par une attention soutenue à l’éducation des enfants, au fur et, à mesure de leur croissance physique, affective, intellectuelle, morale et spirituelle.

Tout cela exige une grande mobilisation pour la formation. Le rôle primordial des parents dans l’éducation de leurs enfants exige de leur part un effort pour s’informer et se former pour pouvoir guider l’enfant de manière appropriée dans son cheminement. Nous sommes désormais dans un monde qui connait tant de bouleversements culturels et moraux qui appellent un discernement lucide et perspicace.

Quant à nous pasteurs, ministres ordonnés, consacrés, il nous revient, et c’est une grave responsabilité, de soutenir ce sursaut spirituel et moral des familles chrétiennes, par le témoignage de notre fidélité à nos propres engagements, par leur accompagnement pastoral et spirituel éclairé, et, bien sûr, par la prière.

Tous, nous resterons attentifs et disponibles aux consignes pastorales qui seront données au sein de notre Église-Famille de Dieu qui est au Congo. C’est son avenir et l’avenir de la société qui est en jeu.

Il est sûr qu’un tel sursaut moral et spirituel, s’il est pleinement vécu, ne peut pas ne pas entrainer incompréhensions, critiques, pressions et même menaces souterraines.

Mais n’est-ce pas notre sort, à la suite de Jésus ?

L’essentiel pour nous est que l’Évangile soit annoncé et transforme du dedans notre vie sociale, et souvenons-nous de cette parole de l’Apôtre Pierre que nous venons d’entendre :

« Si on supporte la souffrance en ayant fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. C’est bien à cela que vous avez été appelés, puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a jamais commis de péché, ni proféré de mensonge » (1P 2, 20-22).

Monseigneur Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala,
Président de la Conférence Épiscopale du Congo

 


 
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