MESSE CHRISMALE : HOMÉLIE DE MGR BIENVENU MANAMIKA
lundi 17 avril 2023
- Mgr Bienvenu MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU (pho. arch.)
« Le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ».
Frères et sœurs,
Nous avons entendu ces mots de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, extrait de l’Évangile de cette célébration. Lui, le Seigneur et le Maître affirme que Sa consécration a pour objectif le salut des pauvres. (Nous n’entrerons pas dans les définitions de la pauvreté qui vont bien au-delà de la pauvreté physique). Et si Lui, le Seigneur et le Maître est la Bonne Nouvelle pour notre humanité, au disciple il suffit d’être comme le Maître, nous rappelle Mt 10, 25. C’est dire que naturellement, les baptisés, C’est-à-dire ceux qui ont reçu l’onction, sont ou devraient être eux aussi, Bonne nouvelle dans leurs milieux.
L’onction que reçoit le baptisé a donc pour objectif de porter Dieu aux autres. Et parmi les baptisés, de façon spéciale, ceux qui sont revêtus du sacerdoce ministériel, sont appelés à prendre une plus grande part de responsabilité par rapport au témoignage et à la propagation de la Bonne Nouvelle, comme le relève si bien Lc 12, 39 à 48 : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ».
Chers frères prêtres et diacres,
À vous qui avez reçu l’onction de l’ordre ministériel, je voudrais humblement vous rappeler à la fois le relativisme et l’exigence d’un monde qui change continuellement et accéléré par la globalisation et le numérique, avec leurs revers.
Justement, pour ne pas se diluer en se laissant tracter par des vents contraires aux fondamentaux de l’Église, pour transmettre la Bonne Nouvelle avec tout son éclat, il nous faut nous souvenir que nous sommes et devons être des consacrés d’élite, ce dont l’Église et le monde ont besoin aujourd’hui et maintenant. Ils ont besoin de religieux et de religieuses, d’hommes et de femmes qui consacrent la totalité de leur vie à Dieu. Ils ont besoin de lumière pour maintenir la profondeur de la foi, pour transmettre l’authenticité de la Parole, protéger la beauté de la création, pour être aussi des guides, des « professionnels » de la louange, être des êtres de lumière qui empêchent les ténèbres de se répandre et d’obscurcir les cœurs.
En d’autres termes, avec l’onction et au regard des besoins du monde de ce temps, le prêtre doit ou devrait être un consacré de feu pour lutter contre les dépressions, il doit être un fou amoureux de Dieu pour encourager et soutenir les couples à tenir dans la fidélité, pour aider les travailleurs à retrouver le sens du travail bien fait. Car nous recevons l’onction pour manifester la grandeur de Dieu et contrer le Diviseur, lutter contre le Tentateur qui, insidieusement, se sert parfois de nous aussi pour disperser et ralentir l’avènement du Royaume par des contre-témoignages et des actes de dérives sectaires.
Le monde actuel et notre Église ont besoin de consacrés qui résistent aux pressions du temps, des consacrés qui coupent court à la circulation du Mal véhiculé trompeusement comme progrès ; ils ont besoin de consacrés qui mettent leur foi plus fortement en action sur le plan politique ; ils ont besoin d’oints de Dieu qui ne perdent pas Dieu du regard ; le monde et l’Église ont besoin de consacrés qui sont capables de dénoncer les nouvelles théories de complots savamment ourdis contre la famille instituée par Dieu, théories qui logiquement conduisent à des épilogues dramatiques au sein de nos familles. L’Église a besoin de consacrés qui extirpent les hommes englués dans les illusions d’un bonheur magico-religieux qui plongent dans de fausses espérances.
Frères,
Ministres ordonnés ou consacrés d’élite, nous sommes comme mis à part dans ce corps qu’est l’Église, non pas pour nous mettre au-dessus des autres ! mais pour être au milieu des autres comme la boussole qui indique le Chemin, la Vérité et la Vie qu’est Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur.
Pour cela, il nous faut nous-mêmes, nous convertir quotidiennement, en puisant continuellement notre force dans l’Eucharistie que nous célébrons ; en vivant les prières de l’Église accompagnées de ces huiles que je vais bénir et consacrer, pour fortifier le peuple chrétien de l’archidiocèse de Brazzaville au long de sa marche.
Par l’huile des malades, les fidèles en souffrance seront réconfortés. Je vous prie de rendre visite à ceux qui en ont besoin.
Par l’huile des catéchumènes, ceux qui la recevront livreront le combat de la foi, avec une énergie divine.
Et du Saint chrême seront marqués les confirmés qui font le choix de ratifier leur baptême et d’accueillir la consolidation par Dieu du don qu’il leur a fait.
Chers frères prêtres, alors que vous allez renouveler vos promesses sacerdotales, je voudrais vous redire ma profonde affection, vous redire ma confiance, dans le ministère apostolique auquel le Seigneur nous a donné part, dans votre fidélité personnelle au Christ et à l’amour qu’il porte envers ceux et celles auxquels il nous envoie, dans votre désir ardent de suivre le Christ. Je rends grâce pour votre ministère que plusieurs accomplissent avec courage et abnégation, dans des conditions souvent difficiles pour certains, au service du peuple de Dieu. Ici, j’en profite pour dire merci à un couple du Congo-Brazzaville, installé à Montargis, en France, qui a offert 3 tonnes de ciment pour contribuer à la construction du presbytère de Makana. Merci aussi au paroissien de Ste Anne qui a offert hier 330 chaises pour la Place Mariale.
Chers frères prêtres, Je ne vous demande pas une confiance aveugle à l’égard du pauvre évêque que je suis. Je sais très bien, en cette aventure qu’est la nôtre ensemble, quels souhaits doivent nous imposer l’intérêt ecclésial, l’intérêt de notre diocèse, en dehors de toute espèce d’affinité ou d’autres passions. Je vous demande simplement d’obéir au Christ, d’aimer notre diocèse, de vivre à fonds votre ministère, d’être fidèles au poste pour servir le Peuple de Dieu avec amour et vérité.
Par ailleurs, Je sais que vous vous posez des questions sur les résolutions de l’ASOA. Soyez encore patients. Un travail minutieux de relecture, de révision, est en cours. Dans peu de mois, ces résolutions seront une réalité. Leur application va entraîner la suppression des pratiques discriminatoires et restrictives. Mais il faut encore un peu de patience. Nous sommes déterminés à agir. L’ASOA a posé les fondations sur lesquelles nous pourrons construire un archidiocèse de Brazzaville vigoureux, pacifique, spirituel et certainement prospère. Croyez-moi, ce n’est pas de la théorie. Mais auparavant, il faut la patience, la confiance et surtout la prière ; prier pour l’archidiocèse, prier les uns pour les autres, priez les uns avec les autres, soyons unis. Car les écueils ne manquent pas et ne manqueront pas, parce qu’une réforme n’est pas du goût de tous.
Enfin, peut être égoïstement, mais bien humblement, je vous demande à tous, prêtres, consacrés et fidèles laïcs, de prier pour moi. Pour que moi aussi je renaisse. Pour que, comme Nicodème, je naisse une seconde fois. Que je sois fidèle au Christ et présent aux pauvres. Que je sois atteint par l’Évangile. Que je me convertisse.
Jour après jour, je prie Dieu qu’il transfigure chacun de nous et mène notre archidiocèse à la fidélité et à la paix.
Oints de Dieu, prêtres, consacrés et laïcs, soyez forts et tenez bon dans ce monde qui change. Soyez fiers de votre foi. Et demeurez la vraie boussole qui indique le Christ, chemin, vérité et vie.
Que Marie Mère de l’Église veille sur chacun de vous. Amen !
Mgr Bienvenu MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU,
ARCHEVÊQUE DE BRAZZAVILLE,
PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO