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ANNÉE JUBILAIRE MGR BARTHELEMY BATANTU

jeudi 1er octobre 2020

« Le Cardinal Émile Biayenda est vraiment un modèle à suivre »
(Un témoignage de Mgr Barthélemy Batantu)

Mgr Barthélemy Batantu

 

Cardinal Émile Biayenda

Toujours dans notre rubrique de l’Année Jubilaire Mgr Barthélemy, dans cette édition, nous vous proposons un des témoignages de Mgr Barthélemy Batantu fait à l’endroit de son prédécesseur le Cardinal Émile Biayenda. Il connaissait bien la personne pour avoir cheminé avec lui depuis le Petit séminaire jusqu’à sa mort le 22 mars 1977. En voici le récit de Mgr Batantu.

Comme témoignage des vécus avec le jeune Émile Biayenda qui deviendra plus tard prêtre, évêque puis Cardinal de la Sainte Église, je puis l’affirmer que Émile Cardinal Biayenda était vraiment pour nous, un modèle à suivre. Tenez ! Au Séminaire de Mbamou où nous étions dans les années 44-50, quatre faits parmi plusieurs m’ont marqué sur la personne d’Émile Biayenda.

Le premier fait : À Mbamou (Petit Séminaire), à l’époque, nous étions répartis par groupe.

Chaque groupe avait son jour pour aller puiser de l’eau à la source. Mais, un jour, le jeune Émile Biayenda par inadvertance, avait cassé la dame-jeanne d’eau pendant le transport. Le père directeur, pris de colère, l’avait prié de payer cette dame-jeanne. Le jeune Biayenda dût quitter le Petit Séminaire de Mbamou pour se rendre chez ses parents vivant à Vindza distant de près de 150 Km environ, pour aller chercher auprès de son frère aîné, de quoi s’acheter une autre dame-jeanne de substitution. Ce trajet, le jeune Émile l’a parcouru à pied ; aller comme retour et ce pendant 3 jours de marche. Il pouvait ne plus revenir. Mais, comme, il y avait en lui, cet appel du Maître : « Émile, viens-suis moi », il était revenu au Séminaire accompagné de son frère aîné Ngoma Sémo.

Deuxième fait : Toujours à notre époque au Séminaire de Mbamou, On était ensemble. On se suivait de la manière suivante : eux, avaient une année d’avance sur nous. Nous avons suivi la même éducation. S’il y a eu des déboires, on a tous subi les mêmes déboires. Alors lui, était un séminariste excellent, exemplaire. Pourquoi excellent, parce que dans les notes (je ne sais pas si on le fait encore dans les Séminaires), toutes les semaines, on venait nous lire les notes de conduite. Et ce qui était curieux chez le jeune Biayenda : il avait toujours 10 de conduite. Alors sur ce plan là, lui était irréprochable. Il était aimé des directeurs, et de nous tous parce qu’il était un bon frère et aussi un bon camarade.

Émile Biayenda était très obéissant. Ses confrères de classe, le trouvaient trop obéissant. Les directeurs que nous avions à cette époque étaient des Blancs. Nous l’appelions : « Mundélé alobi » ce qui veut dire « Le Blanc a dit ». Il exécutait à la lettre « tout ce que le Blanc disait ».

Troisième fait : Il nous était demandé, une fois le mois ou la semaine, je ne me rappelle plus, d’aller casser les pierres à la rivière située à 2 Km du séminaire de Mbamou où nous étions logés, pour la construction d’un nouveau dortoir. Ce jour-là les anciens nous demandèrent de ne pas emprunter le véhicule et de parcourir cette distance à pied ? Après une bonne distance, nous apercevons le véhicule qui nous dépasse et à son bord, le jeune Émile Biayenda. Tout le monde hue sur lui et le chauffeur le fit descendre. Antoine Letembet de lui dire : « toi vraiment tu as peur du blanc ? » Et lui de répondre : « Ah non ! Moi, je n’ai pas peur du blanc, mais de mon Seigneur qui voit tout ce que vous faites de mauvais ». Oui ! Émile Biayenda depuis son jeune âge avait toujours peur et était très juste avec son Dieu.

Quatrième fait : Pendant les grandes vacances quand nous étions en vacances, chaque séminariste était envoyé dans l’une des paroisses données. Moi, à Notre-Dame de Bacongo et lui à Saint François d’Assise. Un jour, au cours de nos échanges de vie en paroisse, Émile Biayenda me révéla qu’il avait vidé une fosse septique pleine d’immondice nauséabonde à l’aide d’un sceau. Vraiment à cette époque, il faut le faire.

Voilà les quatre faits parmi tant d’autres que je détiens et que j’ai voulu mettre à votre portée pour montrer la grandeur du cœur de l’homme qui le caractérisait depuis son jeune âge. Aujourd’hui, vu ce qu’il était et ce qu’il a fait et vécu sur cette terre, le moment est donc venu pour que nous le proposions comme modèle de foi pour notre Église locale et pourquoi pas pour l’Église Universelle.

En attendant l’aboutissement heureux de ce long et couteux processus, les chrétiens catholiques et aussi les hommes de bonne volonté doivent continuer à prier dans l’esprit des béatitudes dans lequel le Cardinal Émile Biayenda a personnellement vécu. Héros, l’homme l’était, eu égard aux vertus pratiquées sa vie durant. La véracité des signes et miracles qui sont en train de se produire sur l’intercession de ce grand pasteur, conduiront sans doute l’Église catholique à le déclarer «  Saint  ».

Texte transcrit par,
Grégoire YENGO DIATSANA
LA SEMAINE AFRICAINE

 

 


 
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