CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


Accueil > PUBLICATIONS > ACTES-ÉPISCOPAT DE LA CEC > 1971 > I. « INILLO TEMPORE.. » - LA SESSION DE 1971

I. « INILLO TEMPORE.. » - LA SESSION DE 1971

lundi 3 août 2020

GENÈSE ET ACTIVITÉS DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO

Du lundi 8 au jeudi 11 février 1971, s’est tenue à l’Archevêché de Brazzaville, la Session Ordinaire de la Conférence Épiscopale du Congo, sous la présidence de Mgr. Théophile MBEMBA, Archevêque de Brazzaville, [1] et en présence de :

  • Mgr. Jean-Baptiste FAURET, Évêque de Pointe-Noire.
  • Mgr. Émile BIAYENDA, Archevêque Coadjuteur de Brazzaville.
  • L’Abbé Georges-Firmin SINGKA, Administrateur Apostolique de Fort-Rousset. [2]

Étaient présents à titre consultatif :

  • L’Abbé Louis BADILA, Vicaire Général de Brazzaville.
  • Le Père Joseph MORIZUR, Vicaire Général de Brazzaville.
  • Le Père Guy PANNIER, Vicaire Général de Pointe-Noire.
  • L’Abbé Paul MOPIAKO du Diocèse de Fort-Rousset.
  • Le Père Clément PIERS, Supérieur Principal des Spiritains.

Après l’étude des différentes questions inscrites à l’ordre du jour, des décisions ont été prises, des orientations ont été indiquées, dont voici l’essentiel :

LE CLERGÉ DIOCÉSAIN

1. Statut du Clergé Diocésain

La Conférence Épiscopale de 1969 avait nommé une Commission formée de prêtres séculiers et d’un religieux, pour élaborer un statut du clergé diocésain congolais. Cette commission devait se baser sur un document de travail que Mgr. Théophile MBEMBA avait envoyé à son Clergé, en 1968, et qui émanait du Congo-Kinshasa.

Mgr. MBEMBA fait, lui-même, remarquer que ce document n’avait obtenu que peu de résonnances dans son clergé.

Finalement, les Évêques décident de nommer une nouvelle Commission qui prendra appui sur le Grand séminaire. Mgr. BIAYENDA la présidera, assisté du Père André LOOS et de l’Abbé Jean-Pierre GALLET qui prépareront l’enquête à adresser à tous les prêtres diocésains. Sont membres de cette Commission, outre ceux qui viennent d’être nommés :

  • Les Abbés Barthélémy BATANTOU et Michel KOUAYA-KOMBO de Brazzaville ;
  • Les Abbés Godefroy-Émile MPWATI et David DAMBA de Pointe-Noire ;
  • Les Abbés Paul MOPIAKO et Émile OKOUMOU de Fort-Rousset.

2. Problèmes financiers du clergé séculier

Mgr. SINGHA expose la difficulté qu’il a trouvée dans le Diocèse de Fort-Rousset, concernant l’allocation de 10.000 Francs que le Diocèse verse aux missions qui ont un prêtre séculier. Il est dans l’impossibilité de verser cette somme, étant donné l’état de ses finances, et cela crée du mauvais esprit.

On rappelle que cela est pourtant nécessaire et les Évêques réaffirment la nécessité de ce versement mensuel de 10.000 Frs au budget commun de la mission (et non pas au prêtre lui-même), comme cela avait été prévu à la réunion de la Conférence Épiscopale de 1966.

Le Père MORIZUR attire alors l’attention des Évêques sur l’inquiétude que provoque chez les jeunes les conditions matérielles de la vie du prêtre. Nos séminaristes se posent la question et sont inquiets de leur situation future : la tendance est de préparer des examens pour pouvoir s’assurer un avenir matériel plus tard. Il ne faut pas traiter ce problème à la légère, il y a là, certainement, un obstacle aux vocations.

La discussion générale amène l’assemblée à demander aux prêtres de faire un effort spécial d’information auprès des Laïcs, pour qu’ils comprennent mieux leur devoir de prise en charge financière de leur paroisse, notamment en ce qui concerne la vie de leurs prêtres.

CLERGÉ RELIGIEUX

1. Contrats entre les Congrégations Missionnaires et les Diocèses

Le Père Clément PIERS, Supérieur Principal des Spiritains, expose l’état de la question :

Les contrats ou conventions sont recommandés par Rome, entre les Diocèses et les divers instituts séculiers ou réguliers ou laïcs, masculins ou féminins ; ceci pour la clarté des relations et une meilleure collaboration.

Au Congo, des contrats existent entre la Congrégation du Saint-Esprit et les Diocèses ; ils ont été signés en 1965. Des contrats existent aussi avec d’autres Congrégations. En janvier 1970, un projet de contrat suivant les projets établis au chapitre général CSSP a été envoyé aux Évêques, déterminant les points suivants :

  • Mandat (appel d’un Évêque : acceptation d’un Supérieur Général) ;
  • Pastorale (revient à l’Évêque, qui doit sauvegarder ce qui est spécifique à la Congrégation) ;
  • Personnel (fonctions, placement, mutations...) ;
  • Communautés et œuvres de la Société ;
  • Biens temporels et dispositions financières ;
  • Congés et départs ; rappels par la Société pour ses propres besoins ;
  • Engagement et durée du contrat (modification, résiliation).

2. Dispositions financières

Le contrat détermine ce qui appartient au Diocèse et ce qui appartient aux membres de la Société. Ce qui est dû par le Diocèse (plusieurs formulations possibles) :

  • Besoins tant personnels que pour le ministère : logement, vêtements, véhicules pour l’apostolat, construction et entretien des immeubles, frais de voyage pour les congés périodiques et dépenses nécessaires pour le temps de congé.
  • Frais de maladie : le Diocèse les prend en charge, soit directement, soit en versant la cotisation prévue à un organisme de sécurité sociale. Une Congrégation étant exclusivement missionnaire doit assurer, par le travail de ses membres, une aide minimum pour la formation des Missionnaires et pour une retraite convenable des membres âgés (contribution personnelle).

Ce que le Diocèse verse pour les Missionnaires doit être récupérable sur le budget des paroisses et des œuvres, si elles le peuvent. Sinon, cela reste à la charge du Diocèse. Dans un même pays, les conditions des Diocèses ne sont pas nécessairement les mêmes.

En Afrique Occidentale, la prise en charge des besoins des Missionnaires par les Évêques est beaucoup plus grande : subventions, frais de voyage, sans répercussion sur les budgets des paroisses et des œuvres.

Après cet exposé, le P. PIERS admet que ce sont surtout les dispositions financières qui font l’objet de difficultés. Les situations et les formules sont différentes, mais finalement équivalentes : que le Diocèse prenne à sa charge les voyage de congé directement, ou qu’il verse une somme fixe avec laquelle le religieux paiera le voyage, revient finalement au même.

La question, déjà discutée en 1969, revient encore de savoir si c’est la caisse du Diocèse (Évêché) qui paie directement le voyage, EMI, contribution personnelle, ou si cela peut être répercuté sur les caisses de missions. Tout le monde est d’accord pour admettre que la caisse des paroisses et missions appartient au Diocèse. En ce qui concerne la contribution personnelle et cotisation EMI, c’est la caisse même du diocèse qui supporte ces frais.

Dans la discussion, l’inégalité entre le traitement fait aux religieux et aux prêtres « fideï donum » apparaît : les premiers versent leurs honoraires de messe à la mission pour leur entretien, les seconds gardent ces honoraires et c’est la caisse du diocèse qui doit les entretenir.

De plus, alors que de très belles déclarations de principes sont faites sur l’aide des Églises "nanties" aux Églises pauvres, le contrat prévu pour les « Fidei donum » prévoit que l’EMI et les voyages sont supportés par les diocèses qui reçoivent les prêtres, et qui doivent, de plus, leur verser une allocation mensuelle. Tout cela semble un peu exagéré.

C’est pourquoi les Évêques demandent, que par l’intermédiaire du Saint-Siège l’Épiscopat français qui envoie des prêtres Fidei Donum soit informé des lourdes charges financières qui pèsent sur les Diocèses de mission, et que, en conséquence, ils examinent s’il ne leur serait pas possible de prendre une partie de ces charges (voyages, sécurité sociale) au compte du Diocèse qui envoie un de ses membres en mission... Qu’ils incluent dans le « don de la foi » une certaine prise en charge matérielle. Monseigneur le Délégué accepte d’entreprendre une telle démarche.

ENTRAIDE MISSIONS INSTITUTS (EMI)

Le Père Clément PIERS fait alors un exposé sur le fonctionnement de l’EMI et les possibilités qu’elle nous offre. L’EMI (Entraide Missions Instituts) propose aux membres du Clergé Africain, aux Religieux et Religieuses Africaines, aux membres des Congrégations Missionnaires ou Instituts, deux options :

Première Option (Option I) : Cotisation individuelle en 1970 : 260 FF ou 13.000 FCFA. Cette cotisation donne droit à des prestations (remboursements) en Europe et en Afrique. Les prestations sont variables et indiquées dans un guide édité chaque année par EMI. Des remboursements des assurés en Option I concernent : la chirurgie en clinique, hospitalisation médicale et chirurgicale, en hôpital.

De même que les maladies longues et couteuses (rayons, rééducation), les soins et repos en infirmerie, prothèses dentaires, lunettes, cures thermales etc. Depuis le 1er février 1970, l’EMI accorde une réduction de 50% pour l’Option I, aux prêtres incardinés dans les Diocèses d’Afrique et aux membres des Congrégations exclusivement missionnaires. La cotisation annuelle revient à 6.500 FCFA.

Deuxième Option (Option II) : Cotisation individuelle en 1970 : 88 FF ou 4.400 FCFA Cette option est une option d’attente, ne donnant droit à aucun remboursement, nulle part. Quand un assuré rentre en Europe, il est tenu de le signaler, et doit passer en option I (cotisation supérieure) pour pouvoir bénéficier de remboursements, en cas de soins, accidents, maladies...

Étant donné la réduction de prime en Option I pour les prêtres incardinés dans les Diocèses, et les avantages incontestables qui découlent de cette formule, les Évêques décident d’inscrire tous les prêtres diocésains congolais, les religieux et religieuses dépendant des Diocèses dans cette catégorie. Ils demandent au Père Clément PIERS de se charger des démarches.

LES RELATIONS ÉGLISE-ÉTAT

Les Évêques ont été reçus le mardi 09 février à 9 heures 30 minutes par Monsieur Claude Ernest NDALLA, premier Secrétaire du Comité Central du Parti Congolais du Travail. L’entretien a été cordial.

Les Évêques ont informé le premier Secrétaire de divers incidents survenus ces derniers temps : dissolution des Comités Chrétiens par le Chef de district de Sibiti (sur les instructions mêmes de M. NDALLA, mais il a prétendu qu’il n’en savait rien), occupation d’une salle de catéchisme sur la paroisse Sainte-Anne par l’UJSC (Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise), interdiction de célébrer la messe et de faire du catéchisme dans les camps militaires.

Monsieur NDALLA a promis de s’occuper de ces questions et de voir quelle solution leur donner. Il a regretté que les rapports entre l’Église et l’État paraissent tendus, notamment par la non-participation des représentants de l’Église aux manifestations publiques. Comme il lui a été répondu qu’il était très rare maintenant que circulaires et invitations arrivent jusqu’aux missions, il a déclaré qu’il donnerait des ordres pour remédier à cela.

Les Évêques devaient ensuite être reçus par le Commandant Marien NGOUABI. Chef de l’État, le jeudi 11 février 1971 à 18 heures. Mais NN.SS. TAGILIAFERRI et FAURET avaient déjà regagné Pointe-Noire.

Les principales orientations et décisions ont été publiées dans le journal « La Semaine Africaine » du 21 février 1971.

 

 

 


[1Sacré Archevêque Coadjuteur le 11 février 1962, il succède à Mgr. Michel Bernard comme Archevêque de Brazzaville en juin 1964. Il meurt le 14 juin 1971. À cette date, Mgr. Émile BIAYENDA, sacré Archevêque Coadjuteur de Brazzaville depuis le 17 mai 1970, devient Archevêque de Brazzaville.

[2Administrateur Apostolique de Fort-Rousset (Owando) depuis le 27 février 1970, il est sacré Évêque de ce même Diocèse le 06 août 1972.


 
Haut de page