PREMIER CONGRES PANAFRICAIN DES ACTEURS DE SANTÉ (II)
vendredi 3 juillet 2020
DISCOURS DE CLÔTURE DE MGR. LOUIS PORTELLA-MBUYU
LE 03 DÉCEMBRE 2007, AU PALAIS DU PARLEMENT DE BRAZZAVILLE
- Excellence, Madame Émilienne RAOUL,
Ministre de la Santé, des Affaires Sociales et de la Famille ; - Excellence, Mgr. Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville ;
- Honorable Jean-Pierre FOUCHET,
Membre de la Conférence Internationale des Ordres des Pharmaciens francophones ; - Mgr. Johanis, Secrétaire de Nonciature, représentant le Nonce Apostolique,
- Distingués Délégués et Invités ;
- Mesdames et Messieurs, frères et sœurs,
Ouvert samedi dernier, en présence de Madame Émilienne RAOUL, Ministre de la Santé, des Affaires Sociales et de la Famille, ce premier Congrès Panafricain des Acteurs de Santé a été un haut-lieu et un moment privilégié d’échanges et de témoignages, mais aussi de joie et de peine, conformément au thème choisi, c’est-à-dire : « Le Professionnel de la Santé au Service du Malade : partage d’expériences des acteurs de santé en Afrique ».
Ainsi, durant trois jours, venus de tous les horizons, nous nous sommes réunis pour parler de la lutte contre le VIH/SIDA dont la Journée Mondiale a été célébrée le jour-même de l’ouverture de nos assises, le 1er Décembre dernier. Vingt ans après le début de cette pandémie, il reste encore un long combat à mener, pour vaincre - oui tel est notre espérance - pour vaincre l’une des plus grandes menaces auxquelles l’humanité ait eu à faire face, et certainement la plus grande depuis la fin des grandes guerres du siècle dernier.
Le fait de prononcer le discours de clôture de ce Congrès qui, stricto sensu, a traité des questions de vie et de mort représente pour moi, croyez-moi, une lourde tâche en raison de la gravité de la responsabilité qui m’incombe.
La parole est presque impuissante à exprimer les sentiments de profonde gratitude que j’éprouve, devant cette manifestation grandiose, à l’égard de vous tous qui n’avez ménagé, ni votre temps ni aucun effort, et qui avez totalement investi votre génie et votre énergie, afin que se réalise, enfin, ce premier Congrès Panafricain des Acteurs de Santé, dont nous avons tous rêvé.
Je tiens à vous remercier, tous et chacun, et particulièrement, la coordination nationale en matière de santé, sous l’appellation : « Action Médico-Sociale Catholique du Congo », en sigle : AMSCC, tous les partenaires et acteurs qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de ce Congrès, notamment le CP/CNLS et les différents intervenants.
La qualité technique de vos exposés faites avec beaucoup de professionnalisme et le haut niveau des débats nous ont, à coup sûr, édifiés dans la problématique actuelle de la lutte contre le VIH/SIDA et renforcé les capacités de tous les participants œuvrant dans ce domaine de lutte contre le VIH/SIDA.
Je vous remercie tous et chacun, participants, délégués de nos différents pays, organisations et associations de lutte contre le VIH/SIDA qui avez pris part à ce Congrès et qui, j’en suis sûr, repartez plus éveillés et décidés à promouvoir les Droits de l’Homme autour des questions de vulnérabilité, de discrimination et de stigmatisation des personnes malades. Dans une approche participative à tous égards, oblative et captive, grâce à votre participation, notre Congrès a pu atteindre ses objectifs sans désemparer. Puisse notre Congrès permettre désormais élaboration des plans d’actions pour le suivi des travaux au niveau local.
J’ai pu apprécier personnellement la présentation des expériences des pays sur le VIH/SIDA et les communications sur la prise en charge des personnes infectées et affectées avec comme grandes lignes : La prise en charge thérapeutique par rapport aux Droits de l’Homme, la prise en charge sociale par rapport aux Droits de l’Homme, et la prise en charge des personnes infectées par rapport aux Droits proclamés. J’ai pu apprécier, dis-je, suivant les indications techniques des modérateurs, que chaque communication ait pu lancer des débats, permettant ainsi aux participants de s’approprier les sujets exposés. J’ai pu apprécier enfin, le lien, on ne peut plus intrinsèque, entre prévention et lutte contre le VIH/SIDA et les Droits de l’Homme avec, comme points essentiels :
- Le droit au respect de la dignité des malades ;
- Le droit aux informations ;
- Le droit à la vie normale en société.
Les techniques de communication interpersonnelles en rapport avec le VIH/SIDA dans le cadre de l’annonce de la séropositivité présentées hier par nos éminents orateurs psychologues concourent, de toute évidence, au respect des Droits de l’Homme et nous permettent de comprendre que la communication est un art qui exige un minimum de capacité dans le cadre du droit du malade à l’information. Les derniers exposés sur les questions de société et de culture en lien avec le VIH/SIDA nous permettent, ainsi, de déterminer l’influence maléfique de certaines pratiques socioculturelles, la sorcellerie par exemple, ainsi que la nécessité de les éliminer dans la lutte contre cette pandémie, en faisant prévaloir les Droits de l’Homme.
Face à la grave menace que constitue le VIH/SIDA, nous devons dépasser nos différences, comme l’a, dit ce matin le délégué du Fonds Mondial et mettre nos efforts en commun pour sauver nos populations. L’Histoire nous jugera avec sévérité si nous n’y parvenons pas maintenant et immédiatement. Ne tergiversons pas car le constat est très accablant et il faut le reconnaître : une tragédie aux proportions sans précédent est en train de se dérouler en Afrique. Le Sida en Afrique, aujourd’hui, fait plus de morts que toutes les guerres, les famines, les inondations, et les maladies aussi ravageuses que le paludisme prises ensemble. Il est en train de détruire des familles et des villages, de dépasser et d’accabler les services de santé, et de voler aux écoles à la fois leurs élèves et leurs professeurs. Les entreprises ont subi ou vont subir des pertes en personnel, en productivité et en profits.
La croissance économique est sapée et de rares ressources de développement doivent être détournées pour faire face aux conséquences de la pandémie au niveau des familles en particulier et de la société en général. Le VIH/Sida a un impact dramatique sur les familles, les communautés, les sociétés et les économies. Des dizaines d’années ont été supprimées de l’espérance de vie et on s’attend à un doublement de la mortalité des jeunes enfants dans les pays les plus touchés d’Afrique.
Le Sida est manifestement un désastre qui balaie avec une grande efficacité les acquis du développement des décennies passées et qui est en train de saboter l’avenir. Quelque chose doit donc être fait avec la plus grande urgence. Après deux décennies de travail sur cette pandémie, nous avons certainement, aujourd’hui, une certaine expérience de ce qui est efficace.
L’expérience d’un certain nombre de pays nous a appris que l’infection au HIV peut être prévenue grâce à l’investissement dans l’information et l’éducation. S’assurer que les gens, en particulier les jeunes, aient accès à des services où ils peuvent obtenir en toute confidentialité des conseils sur le VIH/SIDA et mettre en œuvre des mesures pour réduire la transmission de la mère à l’enfant se sont avéré être des éléments essentiels dans la lutte contre cette pandémie. Nous avons reconnu l’importance de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, et de fournir aux personnes infectées par le VIH/SIDA un environnement sûr. Il est possible de prévenir de nouvelles infections. Et la capacité des familles et des communautés d’apporter leurs soins aux malades du Sida peut être améliorée. Nous devons briser le silence, bannir la stigmatisation et la discrimination et assurer un engagement total dans la lutte contre le Sida. Ceux qui sont infectés par cette terrible maladie ne veulent pas être stigmatisés, ils ont besoin d’amour.
Nous avons besoin d’initiatives audacieuses pour prévenir de nouvelles infections parmi la jeunesse et d’actions, à grande échelle, pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant. En même temps, nous devons poursuivre l’effort international de recherche de vaccins appropriés. Nous devons aussi traiter de manière agressive les infections opportunistes.
Nous devons également travailler avec les familles et les communautés pour prendre soin des enfants et des jeunes, afin de les protéger de la violence et des injustices et faire en sorte qu’ils puissent se développer dans un environnement sûr et qui leur procure le soutien dont ils ont besoin. L’important est que nous avons tous le devoir de donner notre soutien et notre amour à tous ceux qui, bien souvent, ne sont pas devenus séropositifs à cause d’un mauvais comportement, en particulier les enfants.
Nous avons besoin, toujours plus de preuves nous en sont données, d’une détermination africaine dans cette guerre. Les autres ne nous sauveront pas si nous ne commençons pas par nous engager. Pourtant, ne sous-estimons pas les ressources nécessaires pour mener la bataille.
Le partenariat avec la communauté internationale comme, par exemple le Fonds Mondial est nécessaire. C’est pour cela qu’il doit y avoir un partenariat entre les entreprises et la société - sans quoi cette bataille ne pourra pas être gagnée - et également la possibilité d’utiliser les compétences, l’expérience et la recherche qui a été conduite partout dans le monde, afin d’éclairer notre peuple sur la façon de lutter contre cette tragédie.
Mettons nos efforts en commun afin d’assurer un avenir à nos enfants. Ce n’est ni plus ni moins notre défi. C’est dans cette espérance que je déclare clos, tout en vous remerciant encore une fois, le premier Congrès Panafricain des Acteurs de Santé.
Je vous remercie !