CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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DISCOURS DE MGR. LOUIS PORTELLA-MBUYU

samedi 4 juillet 2020

SOMMAIRE


Très-Saint Père,

1. Nous voici heureux d’être réunis auprès de Votre Sainteté, Évêques et Ordinaires de L’Église qui est au Congo-Brazzaville. Même si je m’exprime au nom de mes confrères ici présents, je puis vous affirmer, Très Saint-Père, que c’est tout le Peuple de Dieu qui est au Congo-Brazzaville, qui attendait cette visite avec impatience. Le lien qui nous unit à Votre Sainteté dans l’ordre apostolique a aussi, en effet, une dimension affective très forte.

2. Au début de ce troisième Millénaire, après que le Pape Jean-Paul II, de Vénérable mémoire, nous ait invités à « repartir du Christ », pour avancer au large « Duc in aitum » (Luc 5,4), vous ne cessez de tracer pour l’Église et devant le monde un chemin de fidélité et de courage éclairé par la certitude de foi que « Deus Caritas est » et que « celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1 Jn 4, 16).

Édifiés par ces paroles qui constituent le message de votre première Lettre Encyclique, Deus Caritas est, nous sommes venus en pèlerinage « ad Pétri Sedem », vous parler de notre mission et de la manière dont nous nous efforçons de l’accomplir, en vous exprimant, Très Saint-Père, toute notre gratitude et notre affection filiale.

3. Notre pays a connu trois conflits armés, dans l’espace d’une décennie, allant de 1990 à 1999. Dans le cadre de la reconstruction du pays et de l’édification des consciences, éclairée par l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa, notre Conférence Épiscopale s’est livrée à une analyse de la situation dans notre pays, si riche par son patrimoine religieux, avec environ 45% de chrétiens catholiques sur une population de 3.000.000 d’habitants.

4. Cette prise de conscience s’est manifestée avec une particulière évidence, au cours de ce dernier quinquennat, dans le choix des thèmes et le contenu des Messages au Peuple de Dieu, à l’occasion de nos Assemblées Plénières Annuelles, sur « La gestions des biens temporels dans l’Église » en 2001, « La Femme dans la Société et dans l ’Église », en 2002, (« L’Homme, partenaire de la Femme, dans la Société et dans l’Église » ->art422], en 2003, « L’Enfance et la Jeunesse dans la Société et dans l’Église », en 2004, « La Mission de l’Église au Congo : Dimension sociale de l’Évangile Vous serez mes témoins (Ac 1, 8) », en avril et mai 2005, en pleine transition au Vatican et « La Question sociale au Congo : lutte contre la pauvreté », en 2007.

5. Le sujet sur lequel nous avons choisi de vous confier plus particulièrement nos réflexions est celui de « La Formation des Prêtres dans nos Séminaires Diocésains et Nationaux », thème de notre Plénière en 2006.

Face à la prolifération des sectes religieuses, l’Église au Congo se doit de s’atteler à une formation de qualité des prêtres, « de manière à être des prêtres spirituellement solides et disponibles, dévoués à la cause de L’Évangile, capables de gérer avec tempérance les biens de l’Église, et de mener une vie simple en conformité avec leur milieu » (ElA, N° 95).

6. Vu la floraison des vocations dans la situation complexe actuelle, ce thème s’inscrivait aussi dans le cadre d’une réflexion sur le « discernement évangélique » auquel nous exhorte le Pape Jean-Paul II, de vénérable mémoire, dans Pastores Dabo Vobis, pour voir « comment former des prêtres qui soient vraiment à la hauteur des circonstances actuelles, capables d’évangéliser le monde d’aujourd’hui » (PDV, n. 10).

7. Pour poursuivre cet effort de réflexion engagée depuis le début de ce Millénaire, notre Église s’apprête à organiser un mini synode sur « le prêtre congolais dans l’Église et dans la société », autour de la prochaine Plénière de 2008. L’objectif est d’éveiller les prêtres congolais eux-mêmes à une conscience toujours plus vive des défis actuels de la mission et surtout des exigences de fidélité à leurs propres engagements et donc des exigences de sainteté, condition sine qua non d’une véritable fécondité pastorale.

8. D’autres préoccupations majeures nous hantent, et je me permets d’en faire part à Votre Sainteté :

a/. D’abord, nous avons la joie de voir un certain nombre de jeunes couples participer à la vie de nos paroisses et communautés ecclésiales vivantes (cf. EIA, n. 89). Cependant nous constatons, non sans inquiétude, que les indicateurs traditionnels de la vie ecclésiale concernant les demandes du Sacrement de mariage continuent à baisser, malgré le nombre croissant des demandes de Baptême. C’est précisément à la lumière de la relation intrinsèque entre mariage, famille et Eucharistie évoquée dans votre Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis « sur l’Eucharistie Source et sommet de la vie et de la Mission de l’Église » (n. 28), que nous avons à considérer ce phénomène comme une crise du sacrement de mariage.

b/. Ensuite, la présence encore trop peu marquée des chrétiens dans les lieux de décision engageant l’avenir de notre pays : le monde socio-politique et socio-économique. Ils y sont certes, mais en tant que simples citoyens, sans aucune influence. Une formation spécifique pour ce type d’engagement s’impose et attend d’être organisée à grande échelle. D’autre part, l’adhésion massive de la plupart des cadres et dirigeants de notre pays à des mouvements ésotériques, révèle un certain déficit dans la formation doctrinale et spirituelle de cette catégorie sociale qui, de ce fait, est vite récupérée par ces courants religieux.

c/. Enfin, la décision controversée de l’Union Africaine de faire adopter, de légaliser et de libéraliser la pratique de l’avortement en Afrique, sous prétexte d’apporter une solution efficace et durable au problème de la réduction de la pauvreté nous inquiète énormément.

Face au « Plan d’action de Maputo », nous vous savons gré de vos exhortations au Congrès de l’Académie Pontificale pour la Vie en septembre 2006, sur « l’éthique qui postule le respect de l’être humain à tous les stades de son existence », en nous amenant à l’Encyclique Evangelium vitae qui affirme avec force « la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu’à son terme » (n. 2) et constitue pour nous une force de mobilisation « pour faire face aux multiples attaques auxquelles est exposé le droit à la vie ».

9. Forts de cet engagement, nous vous renouvelons, Très Saint-Père, au nom de tous mes confrères participants à cette Visite Ad Limina Apostolorum, Évêques et Ordinaires du Congo-Brazzaville, l’expression de notre profonde communion et vous exprimons notre joie de recevoir Votre Paternelle Bénédiction Apostolique.

 

 


 
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