CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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DÉCLARATION DE L’ÉPISCOPAT CONGOLAIS : AVRIL 2006

lundi 27 juillet 2020

PAROLES D’ÉVÊQUE N° 23
34ÈME ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE À BRAZZAVILLE
Du 24 AU 30 AVRIL 2006

 

DÉCLARATION DE L’ÉPISCOPAT CONGOLAIS
sur l’arrestation et l’incarcération arbitraire de Brice MAKOSSO et Christian MOUNZEO à la Maison d’Arrêt de Pointe-Noire

Réuni à Brazzaville, ce lundi 10 avril 2006, le Conseil Permanent de la Conférence des Évêques du Congo (CEC), a été informée, par Monsieur l’abbé Félicien MAVOUNGOU, Coordonnateur National de la Commission Épiscopale « Justice et Paix » que Brice MAKOSSO, Secrétaire permanent de la Commission « Justice et Paix  » et Christian MOUNZEO, Président de la « Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme » (RPDH) ont été arrêtés et incarcérés à la Maison d’arrêt de Pointe-Noire.

Interpellés et gardés à vue au Commissariat spécial du Port de Pointe-Noire, jeudi 6 avril 2006, en fin de matinée, ils ont été libérés le même jour à 20 heures, avec un nouveau rendez-vous pris le lendemain, avec le Colonel KILEBE, pour la signature des procès-verbaux. Ils ont dû subir simultanément une perquisition chez eux, de 16 heures 30 à 18 heures 40, par les éléments de la police judiciaire, accompagnés d’hommes en arme. Repris le lendemain 7 avril 2006, sur instruction du Procureur de la République, M. Charles LOEMBA, ils ont été écroués à la Maison d’Arrêt de Pointe-Noire, sans autre forme de procès, jusqu’à ce jour. Selon les informations reçues, ils seraient accusés de flagrant délit de « détournement d’un subside » de 3.000,00 Euros, alloué à la RPDH, membre de la coalition « Publiez ce que vous payez » avec « Justice et Paix  ».

La Conférence des Évêques du Congo observe avec étonnement et inquiétude l’opacité et de nombreuses irrégularités dans cette procédure judiciaire : ce qui laisse craindre que l’acte formel d’accusation ait d’autres connotations. En effet :

- Le plaignant M. William BOUAKA, ancien Secrétaire Général de la RPDH, qui est à la base de cette affaire, est porté disparu, ce qui ne permet pas l’ouverture de l’instruction et qui laisse entrevoir un problème de règlement de compte interne.

- Les donateurs du subside - une Fondation irlandaise et la Coalition internationale « Publiez ce que vous payez » - expriment leur étonnement et écartent toutes irrégularités dans l’utilisation du subside octroyé : le matériel acquis pour le travail de la RPDH est visible : groupe électrogène et ordinateur.

- Les documents saisis pendant la perquisition concernent curieusement le plaidoyer sur le pétrole et le bois : ce qui laisse entrevoir une sorte d’acharnement tardif sur une activité qui relève de la pastorale même de l’Église dans le monde de ce temps : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (GS n°1).

Au vu de ce constat, la Conférence des Évêques du Congo lance un appel pressant aux autorités judiciaires à Pointe-Noire et les invitent à un sursaut d’éthique professionnelle, qui consiste à :

► Garantir, en toutes circonstances, l’intégrité physique et psychologique de Brice MAKOSSO et Christian MOUNZEO, défenseurs des Droits de l’Homme, arrêtés et détenus arbitrairement à la Maison d’arrêt à Pointe-Noire.

► Procéder à leur libération immédiate et inconditionnelle en raison du caractère arbitraire de leur détention, étant donné que, d’après la loi, une personne accusée est présumée innocente tant qu’elle n’a pas été déclarée coupable par un juge : la mise en liberté étant la règle, alors que la détention, l’exception.

► Respecter les procédures judiciaires prévues pour un délit présumé de droit commun.

► Mettre un terme à toute forme de harcèlement et prévenir tout acte de représailles à leur encontre, individuellement ou en association avec d’autres défenseurs des Droits de l’Homme.

► Se conformer, en toutes circonstances, aux dispositions de la Déclaration universelle et des instruments internationaux relatifs aux Droits de l’Homme liant la République du Congo. Ainsi donc, que prévalent la Justice et le droit.

Fait à Brazzaville, le 10 avril 2006

 

Pour les Évêques du Congo présents au siège de la CEC le Conseil Permanent.

Mgr. Louis PORTELLA-MBUYU Évêque du Diocèse de Kinkala.
Mgr. Anatole MILANDOU Archevêque de Brazzaville.

 

 

 


 
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