ORAISON FUNÈBRE DE MGR ERNEST KOMBO AUX OBSÈQUES DE MGR BARTHÉLEMY BATANTU
jeudi 18 juin 2020
PAROLES D’ÉVÊQUE N° 21
32ÈME ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE À BRAZZAVILLE,
DU 26 AVRIL AU 02 MAI 2004
ORAISON FUNÈBRE DE MGR ERNEST KOMBO, PRÉSIDENT DE LA CEC,
AUX OBSÈQUES DE MGR BARTHÉLEMY BATANTU,
ARCHEVÊQUE ÉMÉRITE DE BRAZZAVILLE,
sur La Place Mariale de la Cathédrale
Les obsèques de Mgr Barthélémy BATANTU, décédé le 26 avril 2004 à 23 heures 25 minutes, à l’hôpital Central des Armées, Pierre MOBENGO, ont eu lieu le mardi 4 mai 2004, sur la Place Mariale de la Cathédrale Sacré Cœur de Brazzaville, en présence du Président de la République, des membres du Gouvernement de la République, du Corps diplomatique, des hautes Autorités politiques, administratives, civiles et militaires, des autres Confessions religieuses et du Peuple de Dieu en général. Une messe de requiem a été célébrée à cet effet, présidée par Mgr Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville, entouré de son Éminence le Cardinal Frédéric ETSOU-NZABI BAMUNGWABI, Archevêque de Kinshasa, de NNSS Mario Roberto CASSARI, Nonce Apostolique au Congo et au Gabon, Ernest KOMBO, Évêque d’Owando et Président de la Conférence Épiscopale du Congo ; Laurent MOSSENGWO-PASINYA, Archevêque de Kisangani ; Paulin POMODIMO, Archevêque de Bangui (RCA) ; Hervé ITOUA, Évêque de Ouesso et Vice-président de la Conférence Épiscopale du Congo, Jean Claude MAKAYA-LOEMBA, Évêque de Pointe-Noire, Daniel MIZONZO, Évêque de Nkayi, Jean GARDIN, Apostolique de la Likouala, Louis PORTELLA-MBUYU, Évêque de Kinkala ; Basile MVE, Archevêque de Libreville, Mathieu MADEGA, Évêque de Port-Gentil et six autres Évêques de la RDC.
1. À l’adresse du doyen BATANTU,
Alors à l’avance, je sollicite votre indulgence pour les lapsus éventuels qu’il pourrait y avoir. C’est loin d’une quelconque malveillance, c’en serait pas.
Excellence, Chers Confrères dans l’Épiscopat, Éminence,
2. Pour camper brièvement la personnalité et l’œuvre du Doyen Barthélémy BATANTU, je me permets de lire quelques extraits du discours du Président Fulbert YOULOU au sacre de Monseigneur Théophile MBEMBA, Premier Archevêque au Congo Brazzaville., je cite : « ... l’Église, en devenant indigène, nous donne à espérer des lendemains meilleurs. Elle peut, sans peine, inculquer ses impératifs de l’au-delà ... La religion apporte beaucoup aux civilisations dont elle s’efforce d’élever le regard au-dessus des contingences accidentelles. Aussi, doit-elle, davantage, s’adapter aux situations profanes pour mieux jouer son rôle de civilisateur et faire entendre son message.
C’est dans ce sens que le Cardinal SUHARD affirmait qu’il ne peut se faire de sérieux travail dans un milieu que par les hommes de ce milieu (...). La religion n’est pas une chose faite, une chose en soi, comme une cathédrale ou une pyramide d’Égypte ; c’est un rapport. Il y a la fixité dans ce rapport, mais il y a aussi de la variabilité. Dieu ne change pas plus que Lui-même. Mais sa vérité en nous a bien des manières d’être variable. Dans la mesure où nous progressons, elle progresse ... Nous ne pouvons continuer à aimer le Christ sans le découvrir toujours davantage ... ».
3. À cette ordination, l’Abbé Barthélémy BATANTU dirigeait les chants. L’inculturation était déjà la préoccupation de l’heure et la collaboration entre l’Église et l’État, un souci réel. En ce Doyen, s’achève une ère des pionniers, des fondateurs, des constructeurs, des créateurs. Aussi, pouvons-nous lui confier nos soucis, ne serait-ce que d’avoir sur ces différents fronts des héritiers.
4. Son Excellence Mgr Barthélémy BATANTU, notre Doyen, en 22 ans d’Épiscopat au Congo-Brazzaville, vous êtes le sixième à partir et le premier des six à avoir joui d’une retraite, signe de bénédiction, comme il arrive à tous les bons travailleurs. Oui, c’est une bénédiction dans votre profession, mais, vous êtes témoin qu’aujourd’hui les retraités sont maltraités et vous-même en avez fait l’expérience : au Congo, il n’y a pas de maison pour accueillir les Prêtres retraités ; il n’y a pas de maison de résidence pour les Évêques retraités. Ce qui fait que quand la retraite pointe à l’horizon, c’est l’angoisse ; on est aux abois. Vous en étiez et vous en êtes le témoin. Témoin de quatre décennies durant, nous sommes en droit, nous vos cadets, de vous considérer, maintenant, comme notre Messager.
5. Vous direz à Monseigneur Théophile MBEMBA que la vie religieuse au Congo demeure languissante, du côté masculin, et dans un brouillard étouffant, du côté féminin. Les communautés nouvelles, comme le pullulement des Vierges consacrées, ne sont pas encore une réponse satisfaisante aux besoins de l’Église et de la Nation. Lui-même nous a laissé dans cette situation et vous la connaissez, en tant que fondateur, mieux que nous vos cadets.
6. Dites à Son Éminence le Cardinal Émile BIAYENDA que le pays sombre toujours sous une nébuleuse de malédictions : après le sang du Christ Jésus, après son sacrifice, beaucoup d’autres victimes innocentes ont suivi, sans assouvir la soif du pouvoir, sans entamer une réconciliation profonde et conséquente.
7. Vous direz à Monseigneur Benoît NGASSONGO que, nous ses cadets, sommes incapables d’enseigner et de construire des écoles comme lui. Nous venons de parler des Enfants et des Jeunes, mais avec des baratins.
8. Dites à Monseigneur Godefroy-Émile MPWATI - sur le front de l’inculturation, vous avez œuvré ensemble - qu’il n’y a pas d’héritiers, malgré la technologie et les ordinateurs qui nous encombrent dans nos bureaux. Sur le front des vocations sacerdotales qui étaient son souci primordial, nous sommes loin d’avoir des équipes pastorales soudées et efficaces ; nous avons oublié que la sainteté du Prêtre passe par l’obéissance à son Ordinaire.
9. A Monseigneur Georges-Firmin SINGHA, dites, pour ses cadets que nous sommes, que l’Épiscopat n’est pas encore considéré comme un service, mais comme un honneur pour lequel, malheureusement, nous ne nous efforçons pas de nous qualifier.
10. Si au ciel, il y un quartier des Prélats, n’oubliez pas de saluer, de notre part, Nosseigneurs, les Aînés Roch Auguste NKOUNKOU, Denis MOUSSAVOU, Louis BADILA, Noël OGNIE ... Votre âge, votre expérience nous autorisent aussi de vous recommander le souci de la Nation congolaise. Ici, on aurait dû parler de trilogie déterminante, entendons par là : la coutume, l’État et la foi chrétienne. Et vous en êtes vraiment le témoin. Un pont s’écroule, mais soyez ce pont, Excellence Monseigneur Barthélémy BATANTU.
11. Transmettez nos excuses et nos repentirs au Président Fulbert YOULOU : la jeunesse aux abois ne sait plus respecter les parents, grands-parents, oncles et tantes. Certains ont même des mains salies par le sang. Aidez-nous à obtenir le pardon de Dieu et des Ancêtres. Monseigneur et Cher Yaya, faites tout pour exorciser le pays.
12. Aux Présidents défunts Marien NGOUABI, Alphonse MASSAMBA-DEBAT, dites que la violence demeure latente dans notre Nation. Est-ce que la concertation à notre niveau est possible, pour nous suggérer les voies et moyens de suivre la devise de cette Nation qui est de surcroît parfaitement évangélique : Unité - Travail - Progrès ? Nous comptons sur vous Yaya.
13. L’Église et la Nation congolaises ont soif d’amour, de paix, d’unité, comme Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, avec le Président Alfred RAOUL, nous n’allons pas vous dire : « allez et reposez en paix ! » (yenda kia mboté wa wuma /). Nous allons vous demander d’intercéder et d’obtenir pour nous, auprès de Jésus le Bon Pasteur, estime les uns des autres, l’ardeur à travailler comme vous nous avez laissé l’exemple.
14. Si les morts ne sont pas morts, comme l’attestent vos nombreuses créations, avec tous les Ancêtres ici mentionnés, pour nos enfants et nos jeunes, introduisez-nous dans le train de la Réconciliation totale et profonde. Bon, et courageux - on l’a dit - vous l’avez été et démontré un jour, en quittant votre lit de malade pour m’accompagner au tribunal : un piège que l’on me tendait, car le devoir de réserve qui me lie jusqu’à la mort m’aurait exposé à l’outrage aux magistrats.
15. Votre bonté, votre générosité, maintenant, n’auront plus de limite pour bénéficier, avec tous les Anciens et les victimes innocentes, pour plaider la santé de l’Église et de la Nation congolaises. C’est seulement en ce moment-là que nous dirons : « allez en paix, mais ne nous oubliez pas ». Le travail demeure sur tous les fronts. Amen !