HOMÉLIE DU TRÈS RÉVÉREND PÈRE JEAN GARDIN PRÉFET APOSTOLIQUE DE LA LIKOUALA A LA MESSE DE CLÔTURE - JUIN 2000
lundi 3 août 2020
PAROLES D’ÉVÊQUE n° 15
28ème Assemblée Plénière à Pointe-Noire, 01-07 juin 2000
Frères et Sœurs
Entre la fête de Pâques et la Pentecôte, c’est le temps de l’Église, c’est ce temps de l’Esprit, le temps de l’espérance, c’est le temps que les Évêques et Ordinaires du Congo ont choisi pour se retrouver, réfléchir et prier ensemble, dans le cadre de leur Assemblée Plénière annuelle. Cette basilique Sainte-Anne, fierté des Congolais, porte encore les stigmates des combats et des guerres qui ont endeuillé notre pays. Ce n’est sans signification que nous nous retrouvons ici, ce matin. Les chants qui la font vibrer prouvent que la vie est plus forte que la mort ; n’est-ce pas le message de Pâques ! « Christ a vaincu la mort, Il est vivant » !
Vous l’avez sûrement entendu dans les médias, notre réflexion, durant six (6) jours, a été centrée sur la recherche des chemins de Paix véritable par « le Dialogue, le Pardon et la Réconciliation ». Vous serez attentifs, tout à l’heure, à la fin de la messe lorsque vous sera lu le Message final de cette 28ème Assemblée Plénière.
Ce Message qui se veut être, pour tous, comme le balisage pour nos vies (tous ceux qui ont voyagé sur le fleuve connaissent le balisage). Ces planches repères fixées sur les rives avec, aux passages difficiles, des bouées noires et rouges qui guident la navigation et permettent d’éviter la catastrophe sur des rochers cachés et afin d’arriver sans encombre). Comme Paul et Barnabé, notre mission d’apôtres est bien d’affermir le courage des disciples de Jésus que nous sommes, d’exhorter la foi de tous, au cœur des épreuves et éviter les écueils.
En écoutant le passage des Actes des Apôtres, avez-vous remarqué que Paul et Barnabé sont présents dans chaque communauté où l’Église désigne des Anciens pour guider et affermir la foi des Chrétiens ? Sans doute pour signifier que dans la sagesse donnée par Dieu aux Anciens, à ceux qui maintiennent et transmettent les richesses de la culture, il y a un chemin de vérité et de sainteté. Il est étonnant de voir, au début de la vie de l’Église, que la nouveauté de l’Évangile s’allie à la sagesse des Anciens. Jésus ne dit-il pas dans Mathieu, je cite : « Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir ! » ? ou encore que « L’homme sage est celui qui tire de son trésor de l’ancien et du nouveau » ?
Il en est de même pour nous, aujourd’hui : la modernité ne doit pas nous faire rejeter la sagesse de nos traditions africaines, bien au contraire, elle est la semence qui ne peut se passer de la terre pour germer et porter du fruit de Paix, de Pardon et de Réconciliation. L’Évangile qui nous permet de faire confiance au Seigneur vient éclairer, accomplir nos traditions et faire germer les fruits de l’Esprit ; fruits de patience, de pardon, d’amour et de vérité.
« Je vous donne un commandement nouveau », dit Jésus à ses disciples, « c’est de vous aimer les uns les autres ». Il suffit de feuilleter les Évangiles pour découvrir comment Jésus aime : Il regarde chacun sans préjugé, mais avec respect, le respect de la personne telle qu’elle est, avec ses handicaps, ses limites et ses péchés.
Il accueille sans juger et recommander. Il parle, écoute, interroge (souvenez-vous de l’épisode avec Nicodème, de la Samaritaine) et de tant d’autres qui sont repartis guéris, pardonnés, réconciliés avec Dieu et avec les autres. Jésus aime jusqu’au don de sa vie.
Le texte de l’Apocalypse nous rapporte la vision de Saint Jean : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle... J’ai vu la nouvelle Jérusalem descendre d’auprès de Dieu, la cité Sainte de Jérusalem nouvelle » Une vision ou un rêve !
J’ai fait un rêve, disait Martin Luther King, apôtre de la non-violence au cœur d’une grave période de crise aux États-Unis. Le rêve d’un monde où l’on se parle, où l’on dialogue ; un monde où le Pardon mutuel rend possible la Réconciliation, la vie. Il me vient aussi à l’esprit cette chanson qui dit : « Oui j’ai rêvé, j’ai rêvé souvent d’une cité où le soleil brillerait toujours et les gens s ’aimeraient vraiment ».
Ne rêvons-nous pas nous aussi d’une cité nouvelle, reconstruite et rénovée ? Ne rêvons-nous pas de voir cette Église refaite et embellie. Ne rêvons-nous pas de nouvelles relations entre nous et d’une nouvelle façon de nous rencontrer, de nous aimer, de construire la Paix dans la diversité de nos ethnies ?
Eh bien, cela n’est pas un rêve, c’est un don du Christ ressuscité. Saurons-nous accueillir ce message comme un don de Dieu dans la confiance et l’espérance ? L’Eucharistie que nous célébrons est déjà le signe de cette cité nouvelle. Dans la mesure où nous acceptons d’être son peuple, Dieu Lui-même vient demeurer chez nous.
Dieu Lui-même sera avec eux, Il essuiera les larmes de leurs yeux et la mort n’existera plus, il n’y aura plus de pleurs, de cris de tristesse car la première création (celle de la haine de mensonge) aura disparu.
Frères et Sœurs, en nous donnant son Fils, Dieu nous donne un chemin de vérité, de vie ; un chemin de Pardon et de Réconciliation. Il nous donne d’aimer comme II aime et aussi, avec Lui, nous pourrons déclarer : voici que je fais toute chose nouvelle... Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour (l’Écoute, le Dialogue, le Pardon) que vous aurez les uns pour les autres ! Amen !