CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


Accueil > PUBLICATIONS > PAROLE D’ÉVÊQUE > LE CHRÉTIEN MESSAGER DE LA PAIX

LE CHRÉTIEN MESSAGER DE LA PAIX

samedi 25 avril 2020

PAROLES D’ÉVÊQUE N° 1
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CEC, À LOUBOMO (DOLISIE), DU 14 AU 20 AVRIL 1986

Jésus-Christ, Fondement de la Paix

Frères et Sœurs,

1. Jésus-Christ est passé dans notre monde et, depuis sa résurrection, Il demeure présent dans notre histoire de génération en génération, comme le message de la paix de Dieu : « je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie » (Jn 14,27).

2. Ayant achevé son ministère terrestre, Jésus a envoyé dans le monde entier les disciples qu’il avait choisis comme des messagers de paix : « En quelque ville ou village que vous entriez, faites-vous indiquer quelqu’un d’honorable et demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez. En entrant dans la maison, saluez-la : si cette maison en est digne, que votre paix descende sur elle » (Mt 10,11-13).

3. Le peuple de la Nouvelle Alliance que les disciples de Jésus, assistés par l’Esprit- Saint, rassemblent depuis vingt siècles à travers le monde, est appelé dans la paix et l’unité, pour la paix et l’unité du genre humain : « L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du Salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, Il en a fait l’Église pour qu’elle soit, aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité. Destinée à s’étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit, en même temps, transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l’espace » (Lumen Gentium, n° 2).

4. C’est donc par fidélité à Jésus-Christ, l’unique Pasteur, que nous qui sommes son Église au Congo, devons avoir à cœur de prendre notre place dans l’histoire de notre pays, de notre continent et du monde, comme des artisans sincères et visiblement efficaces de la paix.

5. En cette année internationale de la paix, nous Évêques du Congo, en communion avec l’Évêque de Rome, le Pape Jean-Paul II et nos Frères les Évêques du monde entier, nous nous adressons d’abord à vous chrétiennes et chrétiens du Congo, mais aussi à vous hommes et femmes de bonne volonté, nationaux ou étrangers, vivant dans notre pays.

Frères et sœurs, que la paix soit avec vous, qu’elle soit en vous ! Puissions-nous nous aider les uns les autres à découvrir ensemble les chemins de la paix et à nous y engager, personnellement, en famille, en Église, en peuple.

6. C’est dans le contexte très concret de notre histoire nationale et internationale que nous voulons proclamer, aujourd’hui, les exigences de notre espérance chrétienne. Dans nos cœurs de disciples de Jésus, retentissent les paroles du prophète Isaïe annonçant à l’humanité le projet de Dieu de restaurer la paix par le ministère du Christ, quand les temps seraient accomplis : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de paix pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin... » (Is 9,5-6).

Cette espérance que nous partageons avec tous les hommes de bonne volonté, constamment exprimée par les voix les plus autorisées de la communauté internationale, nous presse de nous engager, en toute responsabilité, au service de la paix qui exige de nous, dans le contexte de nos réalités propres, une pratique renouvelée, intelligente, dynamique et généreuse de la justice, du dialogue et de la solidarité.

« Et les foules l’interrogeaient en disant : « que nous faut-il donc faire ? » Il leur répondit : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en n’a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même ». Des publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que nous faut-il faire ? » Il leur dit : « N’exigez rien au- delà de ce qui vous est prescrit ». Des soldats aussi l’interrogeaient en disant : « Et nous, que nous faut-il faire ? » Il leur dit : « Ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde » (Le 10,11-14).

Pour Jean Baptiste, il n’est d’union à Dieu que dans la justice, source de paix avec le prochain ! On va à Dieu avec deux jambes : la prière et la pratique de son message d’amour !

«  Amour et vérité se rencontrent,
Justice et paix s’embrassent,
Vérité germera de la terre,
Et des deux se penchera la justice
 » (Ps 85,11 -12).

 
7. Nous n’ignorons pas, frères et sœurs, le contexte international troublé dans lequel chacun de nous, chacune de nos familles et chacun de nos peuples joue sa destinée. Nous connaissons l’affrontement des grandes puissances, le jeu des intérêts, le désordre établi dans les systèmes de production et d’échanges de biens matériels, les grandes fractures culturelles, religieuses, idéologiques, économiques et raciales. Tous ces phénomènes, avec leurs effets de domination, d’exploitation et de révolte, engendrent l’injustice, la guerre et la misère, et mobilisent pour la destruction et la violence, les moyens humains et matériels dont nous aurions tant besoin pour construire la paix.

Notre situation par rapport à la paix

8. Nous n’avons pas la prétention d’être compétents sur chacune de ces grandes questions planétaires. Cependant, nous voudrions vous inviter, en conformité avec l’Évangile et avec l’enseignement du Pape, des Évêques et du Saint-Concile Vatican II, à prendre courageusement et lucidement, là où nous sommes, notre part de problèmes qui concernent directement l’instauration de la paix dans nos familles, dans notre pays, sur notre continent et dans le monde.

9. Nous nous adressons à la conscience des chrétiens et des hommes de bonne volonté, nous voudrions, tout d’abord, attirer l’attention de tous sur un certain nombre de problèmes vitaux pour notre avenir. A savoir l’instauration d’un véritable état de droit dans notre pays, les tâches les plus urgentes de notre développement et l’intégration régionale.

Il est juste que chacun conserve son entière liberté de jugement sur des questions actuelles qui appellent le débat, la recherche, la critique, l’évaluation permanente des choix opérés et des conduites suivies. Mais il est inadmissible d’ignorer, de minimiser ou de traiter à la légère des problèmes qui conditionnent, évidemment, l’avenir de notre société.

Pour le progrès de l’État de Droit

10. En tout premier lieu, nous voulons évoquer la structuration progressive au Congo d’un état de droit, authentique enraciné dans notre conscience nationale, effectivement illustré par nos pratiques sociales quotidiennes, et garanti par les structures politiques, administratives et judiciaires de notre pays. L’état de droit suppose l’élaboration de lois et de dispositions précises et reconnues, définissant les droits et les devoirs des individus et des groupes à l’intérieur de notre société. Nous vivons une profonde mutation sociale et culturelle.

11. Dans ce domaine essentiel à l’établissement dans notre pays de la justice et de la paix, nous vivons une mutation difficile et semée d’embûches entre nos coutumes traditionnelles et la nouvelle société que nous édifions, conformément à nos aspirations et aux exigences du monde actuel.

12. Dans cette période de remise en question et d’incertitudes, il nous faut échapper à un triple arbitraire :

a) - L’arbitraire d’une coutume évoluant sous la pression de modes anarchiques et se référant à des croyances ancestrales qui dégénèrent en superstitions avilissantes.

b) - L’arbitraire des structures reproduisant, hélas encore trop souvent le modèle colonial et ramenant au niveau de faveurs autrefois réservées à certaines catégories d’individus, les droits élémentaires et imprescriptibles des citoyens que nous sommes.

c) - L’arbitraire de tous ces actes incontrôlés qui minent notre vie sociale et qui échappent encore, soit à la réglementation, soit au contrôle, soit à la sanction : violences et meurtres trop souvent impunis, abus de pouvoir, pratique de l’usure, spéculation foncière, réduction en servitude de travailleurs domestiques, délinquance sexuelle et avortement, abandons d’enfants et de vieillards, dégradation de l’environnement.

13. Pour lutter contre ces trois arbitraires qui sont les trois obstacles principaux au progrès dans notre société de l’état de droit, nous rappelons aux chrétiens trois grands principes.

14. Premier principe : un chrétien ne peut se dispenser de confronter en permanence, sa manière de pratiquer la coutume en famille et dans la société, avec les exigences de l’Évangile : « si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans te Royaume des deux » (Mt 5,20).

Ce principe s’applique à la conscience personnelle de chacun. Un chrétien doit être en mesure d’assumer la pleine responsabilité de ses actes à la lumière de Jésus-Christ, en conformité avec les engagements pris le jour de son Baptême. Mais il s’applique aussi à chacune de nos familles et de nos communautés. Un grand travail communautaire de réflexion et de discernement s’impose à nous.

Une confrontation positive et généreuse entre nos valeurs traditionnelles et l’Évangile, peut assurer le renouveau de notre culture, de notre vie familiale et sociale. C’est dans ce sens, que le Pape Jean-Paul II et le récent synode des Évêques, parlent de l’enracinement de l’Évangile dans la pratique familiale et sociale de chaque peuple : l’inculturation.

15. Deuxième principe : sauf contradiction explicite avec l’ordre moral, la loi civile qui émane de l’exercice légitime des pouvoirs de l’État, oblige en conscience. Le chrétien, en tant que citoyen conscient a, vis-à-vis de la loi civile, un double devoir : observer la loi et la faire respecter, non seulement en exigeant le respect de ses propres droits et ceux de sa famille, mais aussi en militant pour le respect des droits fondamentaux de l’homme dans son propre pays.

16. Troisième principe : pour nous, chrétiens : l’état de droit peut et doit toujours être amélioré. La charité nous pousse à travailler sans cesse au progrès de la justice.

Cette exigence de la charité nous oblige à aller plus loin que la loi coutumière ou civile en vigueur dans notre société. Ainsi sommes-nous appelés à nous interdire parfois à nous -mêmes ce que la loi autorise ou tolère, c’est le cas du divorce, de la polygamie et de l’avortement, de certaines pratiques coutumières comme la malédiction et le recours aux féticheurs. Mais nous avons aussi le devoir d’anticiper sur certains progrès de l’État de droit, afin de promouvoir sans cesse, autour de nous la justice et le respect des personnes.

17. Chrétiennes, chrétiens, hommes de bonne volonté, soyons bien conscients que c’est sur la base d’un état de droit, fidèlement respecté et constamment amélioré que s’édifie une société moderne, authentiquement démocratique et bénéficiant, pour son développement, de l’engagement et de l’initiative de tous ses citoyens.

Nous saisissons cette occasion qui nous est offerte de nous adresser à la conscience des chrétiens et de tous nos concitoyens, pour souligner plus particulièrement trois plaies graves de notre vie sociale.

1. La violence

18. On nous rapporte, de toute part, les récits d’actes de violence qui se multiplient de manière inquiétante et restent très largement impunis. Sur simple accusation de sorcellerie, on met à mort un homme avec une cruauté inimaginable. Dans une ville de l’intérieur, on a pu citer sept meurtres de cette nature, en quelques mois. Il suffit de crier « au voleur ! » pour que la foule s’empare d’un inconnu, souvent un jeune homme, et le massacre sans jugement et sans pitié.

Des familles et des individus se croient autorisés à se faire justice à eux-mêmes. Récemment, dans un quartier de Brazzaville, on a mis à mort un jeune homme de 18 ans parce qu’il fréquentait une jeune fille de son quartier. Ne pouvait-on pas trouver d’autre solution... ? Il n’est pas rare d’entendre des chrétiens justifier ces actes de violence et même de les voir y participer, pour la plus grande honte de notre Église.

Nous rappelons qu’il est interdit de se faire justice à soi-même et à plus forte raison de tuer. Nous devons crier à nos frères, comme le Christ l’a fait à Pierre : « Rengaine ton glaive... » (Mt 26,52). Accuser quelqu’un de sorcellerie à cause de maladie, mort ou accident, n’est pas chrétien et l’auteur de ces accusations est complice des violences qu’elle entraîne.

Les chrétiens doivent s’opposer de toutes leurs forces à ces actes de barbarie indignes de l’homme et les condamner publiquement et à haute voix. Ils doivent travailler à réaliser en eux et autour d’eux, le programme du Christ : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9).

2. La corruption

19. Une deuxième plaie ouverte au flanc de notre société, est celle de la corruption. De nombreux Évêques, en Afrique, ont déjà eu l’occasion d’élever la voix pour réveiller dans leur propre pays, la conscience de leurs concitoyens. Des milliers de francs de pourboire pour une autorisation administrative, autant pour obtenir une pièce d’état civil, cadeaux en argent ou en faveurs sexuelles pour obtenir tel ou tel emploi.

- Corruption, séduction, favoritisme pour passer dans une classe supérieure ou obtenir un diplôme et que dire de la comédie des cartes de visites, des billets et des recommandations, lors des épreuves orales des examens, véritables attentats perpétrés contre notre jeunesse.

- Nous n’en finirons pas d’énumérer les pratiques frauduleuses qui sont devenues notre réalité quotidienne.

- Nous rappelons aux chrétiens que rien ne saurait les excuser de se laisser aller à ces pratiques qui démoralisent notre peuple et notre jeunesse, pourrissent nos administrations et ruinent notre économie.

3. La magie et les sectes.

20. Le troisième malheur qui frappe notre société et sur lequel nous attirons l’attention de tous, est la recrudescence chez nous, de la pratique de la magie, du fétichisme, des malédictions et le recours aux sectes qui s’accompagnent de la démission coupable des chrétiens et des non-chrétiens, devant les problèmes de la sorcellerie, de la maladie et de la mort.

21. Bien loin de nous livrer à tous ces excès, nous devrions avoir à cœur de participer, en toute conscience et responsabilité, aux progrès qu’accomplit notre pays dans la structuration de l’état de droit.

22. En particulier, nous invitons les chrétiens à utiliser pleinement les structures judiciaires de notre pays qui sont aptes, aujourd’hui, à rendre la justice pour peu qu’on ait le courage de porter devant les juridictions étatiques légitimes, les causes qui nécessitent une décision de justice dépassant la compétence ecclésiale ou coutumière. Nos structures judiciaires ne progresseront que dans la mesure où nous saurons nous montrer exigeants et tenaces vis-à-vis d’elles, dans notre volonté de faire respecter le droit et la justice, en évitant toute pression morale par la corruption et par d’autres moyens.

23. Nous voulons également relever le progrès que constitue, en lui-même, le Code de la Famille, en dépit des imperfections qui ont pu être imputées et sans vouloir entrer dans les débats qu’il suscite. Tel qu’il est, ce Code établit un nouvel état de droit, en ce qui concerne notamment les droits et les devoirs réciproques des époux, leur responsabilité à l’égard des enfants.

En outre, il préserve les foyers contre l’ingérence des familles, les exigences abusives concernant la dot, et élabore en matière d’héritage, des dispositions susceptibles d’éviter des injustices flagrantes déjà dénoncées par Mgr. Théophile MBEMBA, dans sa lettre sur le veuvage et la succession.

Les chrétiens se feront un devoir de prendre connaissance des dispositions nouvelles du Code de la Famille et de contribuer à sa mise en pratique, quitte à formuler à son propos, toutes les critiques constructives qui pourraient contribuer à son amélioration éventuelle.

L’article 18 de la Constitution du Congo donne à toute personne le droit de pratiquer sa foi dans tous les domaines. Concernant les progrès de l’état de droit dans notre pays, tout citoyen peut légitimement exprimer ses propres aspirations. C’est pourquoi, dans ces domaines, les chrétiens à leur niveau, ont beaucoup de progrès à faire, d’une part, pour instaurer, à l’intérieur de l’Église, ce climat de communion, de recherche, de critique et de débats, d’autre part, en développant des moyens de communication sociale propres à faire bénéficier le pays de son dynamisme culturel, social, intellectuel et spirituel.

24. Nous regrettons que, dans certaines écoles, dans certaines parties du pays, les chrétiens subissent des tracasseries, des brimades, à cause de leur foi. Que le Christ leur donne la force de rester fidèles.

Notre contribution à la paix

25. Le Pape Paul VI disait du développement économique, qu’il était désormais le nouveau nom de la paix. Nous qui sommes les citoyens d’un pays en voie de développement, nous devons réveiller en nous la conscience de nos responsabilités dans la voie économique de notre pays. En effet, le développement ne consiste pas seulement dans la mise en œuvre de moyens matériels pour la production de biens matériels.

La croissance économique et le progrès social engagent l’homme tout entier et ne saurait résulter que du développement intégral et harmonieux de tout l’homme et de tous les hommes participants, en concourant ensemble à la vie du corps social tout entier. Aussi, voulons-nous attirer l’attention des chrétiens et des hommes de bonne volonté sur des problèmes qui requièrent de notre part un engagement moral et spirituel tout particulier.

26. Le travail : en premier lieu ! Notre pays traverse une crise de démoralisation, par rapport au travail, d’une extrême gravité, qui appelle, de la part de tous un véritable sursaut. A tous les niveaux des administrations et des entreprises, on peut, hélas, faire des constats les plus alarmants : absentéisme, oisiveté, négligence, passivité, corruption, irresponsabilité ; autant de maux qui nous réduisent à l’impuissance quand au contraire, notre pays aurait besoin de mobilisation de toutes nos énergies pour émerger de la crise économique qu’il est en train de traverser.

Le moment est venu d’insister sur la spiritualité du travail et de réactualiser l’enseignement de Paul : « Nous ne nous sommes faits donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous : non pas que nous n’en avions le pouvoir, mais nous entendions vous proposer en nous un modèle à imiter. Et puis, quand nous étions près de vous, nous vous donnions cette règle : - Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus - » (2Th 3,8-10).

Il faut que les chrétiens, de plus en plus nombreux à vouloir progresser dans les voies de la prière, apprennent que dans la spiritualité chrétienne, la qualité et la régularité du travail quotidien sont absolument indispensables à tout progrès spirituel et social.

27. Le cadre des communautés chrétiennes, surtout en milieu rural, est particulièrement favorable à cette découverte fondamentale de la vérité évangélique. Le Christ a travaillé de ses mains et fait du travail un moyen indispensable de sanctification et de salut.

28. Nous voulons également sensibiliser la conscience des chrétiens par rapport aux exigences du développement rural qui est, sans aucun doute, une des tâches les plus urgentes de notre développement.

Nos paroisses et nos communautés rurales sont des structures d’animation spirituelle, culturelle et sociale qui doivent contribuer efficacement au développement rural. Nous ne saurions trop encourager et promouvoir tout ce qui favorise l’évolution harmonieuse de nos milieux traditionnels et leur adaptation aux tâches du développement. En particulier, il faut favoriser le dialogue entre les jeunes et les adultes et soutenir, de toute manière, les jeunes qui décident de s’installer à la compagne et d’y gagner leur vie.

29. Nous pensons tout spécialement aux cadres de l’administration, de l’agriculture, de l’enseignement et de la santé affectés en zones rurales. Nous n’aurons jamais de cesse d’encourager les chrétiens à répondre, de tout leur cœur, à ces missions qui leur sont confiées et à se considérer comme des pionniers du développement national, prêts à se dévouer même dans des conditions difficiles à leurs tâches.

Il n’y aura jamais de développement des campagnes dans notre pays sans une véritable conservation d’une part de nos élites à la vie rurale avec ses valeurs et ses exigences. Il est prévu, dans le programme de l’État, la création de villages centres : nous invitons les chrétiens à prendre cela à cœur et, dans la mesure du possible, à y participer activement pour freiner l’exode rural et développer efficacement le pays.

30. Partout en Afrique et dans le tiers monde, la crise économique mondiale a mis en évidence la nécessité d’une réforme profonde des structures administratives et économiques, ce que l’on appelle les « plans d’ajustements structurels ». Notre pays s’est, à son tour, engagé sur cette voie exigeante et nécessaire. Nous n’avons ni autorité, ni compétence pour nous prononcer sur la validité de telle ou telle décision prise en la matière par les responsables qualifiés. Mais aucun citoyen conscient ne peut ignorer que la mise en œuvre de ces plans d’ajustements structurels constitue une étape capitale dans les processus du développement et de construction de nos pays.

31. Ces programmes de réforme seront l’œuvre d’une génération. Ils exigent la diffusion d’informations précises et honnêtes sur les données réelles de notre économie, l’instauration de débats ouverts sur tous les problèmes de fond de notre développement et une ouverture de la conscience des jeunes aux réalités concrètes sur la base desquelles ils doivent envisager de bâtir leur avenir.

Outre la lucidité et la compétence des responsables, cette étape décisive de notre histoire nationale exige de tous les citoyens conscients, la pratique du dialogue, de la justice et de la solidarité. L’enrichissement des uns et l’extrême misère des autres, dans ce contexte, pourrait constituer un terrible danger pour la paix sociale de nos pays et pour l’unité nationale.

32. Le plus grand traumatisme social subi par notre pays depuis les dernières années de colonisation est dû à l’exode et à l’extravagante croissance de nos villes : immenses quartiers insalubres, activité économique insuffisante pour assurer l’embauche de la main-d’œuvre disponible, structures familiales ébranlées dans leur fondement, débordées par une jeunesse très largement majoritaire, déracinée et prise au pièce de ces villes qui ne parviennent à leur assurer, ni les structures scolaires, ni l’avenir professionnel, ni le niveau de vie, ni les loisirs auxquels elle aspire. Ainsi s’accumulent des réserves de frustration qui pourraient, un jour, dégénérer en violences extrêmes.

33. L’Église, par toutes ses paroisses, ses communautés et ses fraternités de jeunes et d’adultes, est en contact permanent avec tous les problèmes familiaux, sociaux, spirituels et culturels de nos grandes villes. Chaque paroisse est, non seulement un lieu de prière, mais aussi un lieu d’accueil, de réflexion, d’éducation populaire, d’animation culturelle, d’action familiale et sociale.

Certes, nous ne pouvons pas tout. Mais en vertu de notre mission spirituelle spécifique et sur la base de nos moyens propres, il est évident que nous pouvons quelque chose. C’est un urgent devoir, pour nous, de réfléchir d’une manière toujours plus concrète à l’ « efficacité de nos moyens propres », selon l’expression maintes fois reprises par le Pape Jean Paul II. Ici, nous voudrions souligner tout particulièrement trois aspects de la Pastorale qui nous paraissent constituer des apports spécifiques précieux de l’Église au développement de notre société.

  • La pastorale familiale ;
  • L’accueil et l’éducation de la jeunesse ;
  • Les initiatives sociales en faveur des plus pauvres.

34. En ce qui concerne la pastorale familiale, nous renvoyons à la lettre pastorale sur l’avenir de la Famille, publié par Monseigneur BATANTU à l’issue de l’Année de la Famille. Elle constitue un cadre de réflexion, de doctrine et d’action pastorale propre à orienter chacune de nos communautés chrétiennes dans une action dynamique et vigoureuse en faveur de la famille. Il s’agit, pour nous, de travailler inlassablement à la stabilité des foyers, au renouveau de la solidarité familiale traditionnelle, à l’élimination des pratiques de malédiction et de soutien spirituel, pour les aider dans leur rôle d’éducateurs et de premiers encadreurs de notre jeunesse.

Qui ne voit pas que ces objectifs qui découlent tout naturellement de la mise en pratique de l’Évangile, sont de nature à favoriser la paix et le progrès dans notre société ?

35. L’accueil et l’éducation des jeunes sont, pour nous, des tâches qui découlent tout naturellement de notre pastorale familiale. Les familles chrétiennes orientent leurs enfants vers nos paroisses pour qu’ils y reçoivent une initiation chrétienne et qu’ils trouvent un milieu sain et enrichissant sur lequel ils puissent prendre appui pour grandir et se développer spirituellement, moralement et culturellement.

36. La situation scolaire est entrain de devenir un véritable drame national. Nous en appelons à la conscience de tous, enseignants, élèves et parents d’élèves, afin de tout mettre en œuvre pour restaurer le moral et la moralité des uns et des autres, au sein de nos institutions scolaires.

37. Les parents d’élèves doivent absolument s’abstenir d’exercer des pressions financières ou autres, pour faire admettre leurs enfants à l’école, en dehors des normes établies. Le premier service à rendre à nos écoles est en effet, d’alléger leur effectif de tous les élèves qui, ayant dépassé la limite d’âge et n’ayant, de toute façon le niveau requis, encombrent les salles de classe surchargées, sans aucun profit pour eux-mêmes et au détriment de l’ensemble.

38. Les parents doivent en outre, veiller attentivement à ce que les enfants accomplissent, à la maison, le travail indispensable à la poursuite régulière de leurs études. Nous félicitons et encourageons hautement les communautés paroissiales qui mettent à la disposition des élèves de leur paroisse, des bibliothèques équipées d’une documentation scolaire adaptée et animées par des répétiteurs bénévoles, capables d’assister les jeunes dans leur travail personnel.

En effet, beaucoup de familles sont trop pauvres pour fournir à leurs enfants les livres scolaires, l’espace convenable et les conseils compétents dont ils ont besoin pour étudier, alors que les familles aisées sont en mesure de payer des répétiteurs pour faire travailler leurs enfants à la maison.

39. Mais les élèves eux-mêmes, doivent prendre conscience de la nécessité de militer pour l’assainissement moral du milieu scolaire. L’immoralité, les jeux sexuels précoces, la tricherie, la drogue, l’ivrognerie, l’indiscipline, la détérioration des locaux sont des tares qui minent le milieu scolaire et l’avilissent. Les élèves les plus conscients peuvent engager victorieusement le combat contre ces maladies de leurs écoles, pour peu qu’ils aient des motivations assez profondes pour s’y décider ensemble. Il faut initier les jeunes chrétiens à la révision de vie, pour les engager à exercer sur leur milieu une influence salutaire.

40. Quant aux enseignants, ceux qui se sont engagés par vocation dans la carrière, ont besoin, aujourd’hui, d’être entourés et soutenus de toutes sortes de manières pour ne pas sombrer dans le découragement. Ils ont à lutter à la fois, contre les forces délétères qui minent leur propre milieu d’enseignants, contre l’indiscipline, l’extrême passivité des élèves et contre la baisse généralisée du niveau des connaissances, et cela, dans des conditions de travail le plus souvent extrêmement précaires et dans un environnement détérioré. Nous attirons également l’attention des enseignants sur leur conscience professionnelle. Qu’ils sachent que de leur travail d’éducateurs, dépend l’avenir de notre jeunesse.

41. C’est à partir du contact quotidien que nous avons avec les plus déshérités, au sein de nos communautés chrétiennes, que nos initiatives seront amenées à prendre corps. En ce temps de crise, l’extension des grandes villes favorise l’apparition, dans nos sociétés, d’une nouvelle catégorie de miséreux, rejetés ou abandonnés par leur famille et qui ne peuvent plus compter sur la solidarité traditionnelle.

Ces personnes de tous âges tombent dans une pauvreté extrême que seule la charité chrétienne peut venir à leur secours. Leur venir en aide doit être une tâche primordiale de l’Église, aujourd’hui. Il en a été ainsi depuis l’origine et c’est le signe le plus évident de notre appartenance à Jésus-Christ qui est venu dans notre monde pour sauver ce qui était perdu. Nos communautés et notre Église doivent se donner l’organisation et les moyens indispensables à l’exercice d’une solidarité efficace avec les plus pauvres.

Mères des familles abandonnées avec des enfants qu’elles n’arrivent plus ni à nourrir, ni à éduquer, enfants rejetés par leur famille et errants dans la ville, dormant dans les « matanga », vivant de rapines, vieillards et grands malades abandonnés, malades mentaux, immigrés en période de difficulté extrême. Toutes ces situations appellent, de notre part, en premier lieu une pratique communautaire de la solidarité et de la charité chrétienne.

Dans un deuxième temps, il y a des initiatives compétentes et spécialisées à prendre, mais toujours en lien avec nos communautés et sur la base de la charité du peuple chrétien lui-même et des hommes de bonne volonté de notre pays. N’allons pas nous contenter de recourir à la charité des autres pour financer nos œuvres de bienfaisance en faveur de tous ceux que notre société abandonne ou rejette. C’est l’une des tâches propres de l’Église de Jésus-Christ que d’amener la société toute entière à assumer et à réintégrer pour la joie et le bénéfice de tous les membres malades et perdus de notre corps social.

42. L’Église a, dans l’histoire de l’humanité, joué un rôle primordial dans la naissance et le développement des services de santé. L’hospitalisation destinée aux malades, ce que nous appelons aujourd’hui les hôpitaux, est d’origine chrétienne. Les hôpitaux ont été créés, entretenus et animés pendant de nombreux siècles par des congrégations religieuses d’hommes et de femmes (les frères de Saint-Jean de Dieu, les Petites Sœurs des Pauvres, les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul).

Le développement des services de santé dans notre pays, se heurte à des problèmes humains, moraux et culturels qui appellent, de notre part, un sursaut de nos consciences et un effort tout particulier de lucidité spirituelle.

43. Aujourd’hui, la santé publique exige la mise en œuvre de moyens humains, scientifiques et financiers si importants qu’elle est nécessairement à la charge de l’État. Cependant, nos Églises chrétiennes, ont face à la maladie et à la mort, plusieurs devoirs qui découlent directement de la pratique de l’Évangile et de la mission de salut que le Christ nous a confiée.

Nous devons assurer le service spirituel des malades et de leurs familles. La tradition africaine connaît bien la nécessité de soigner les âmes pour guérir les corps. Nous devons, en même temps, répondre à ce besoin spirituel fondamental et purifier notre culture de toutes ses superstitions qui tendent aujourd’hui, à diviser les familles, dès que la maladie ou la mort les visitent, au lieu de les rassembler et de les réconcilier comme le voudrait une saine intelligence de la coutume.

Nous devons aussi, dans la ligne des anciens missionnaires, prendre, dans la limite de nos moyens, les initiatives nécessaires à assurer les soins de santé et la fourniture de médicaments dans les secteurs les plus reculés et aux personnes les moins favorisées.

Nous devons enfin, nous attacher de manière toute particulière, à l’animation spirituelle des chrétiens travaillant dans les services de santé, médecins, infirmiers et employés. C’est à cette fin qu’ont été constitués les « Groupes Évangile et Santé » (GES). Nous souhaitons que de nombreux chrétiens adhèrent à ces groupes et nous recommandons instamment aux prêtres, religieux et religieuses de nos diocèses de leur accorder toute la sollicitude pastorale requise.

L’implantation paroissiale de ces Groupes doit leur permettre, en outre, de diffuser dans les communautés de base, les fraternités de jeunes et d’adultes, une bonne vulgarisation sur les problèmes de santé les plus fondamentaux qui affectent la vie des familles, la croissance et l’équilibre des jeunes.

44. Ainsi, frères et sœurs, au terme de ce long développement au sujet des tâches les plus urgentes de notre développement économique et social - nouveau nom de la paix - avec leurs exigences morales et spirituelles, il apparaît que notre Église et nous-mêmes, en tant que chrétiens, ne pensons pas devoir réclamer ni pouvoir, ni privilèges particuliers.

Notre seule ambition doit être de prendre peu à peu, dans la mesure de nos moyens, de notre générosité et de notre compétence, une place d’humble service, tout particulièrement aux côtés des familles, des jeunes et des plus pauvres, au sein de nos communautés villageoises et de nos grands quartiers urbains. Il y a plus de pauvres parmi nous que de riches et d’intellectuels, c’est bien ainsi que Saint Paul faisait la constatation dans l’Église primitive : « aussi bien, frères, considérez votre appel : Il n’y a pas beaucoup de sages, selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés... » (1 Co 1,26-31 ).

45. S’agissant de la paix et de notre engagement historique dans la constitution de la paix, nous voudrions encore, frères et sœurs, éveiller nos propres consciences et celles de nos concitoyens à la grande œuvre de la construction d’ensembles régionaux sur le continent africain, pour la réalisation en commun, d’un développement autocentré.

46. Nous, Évêques, devons être les premiers à nous engager dans cette opération. La pratique de la collégialité épiscopale, remise en honneur par le Concile Vatican II, nous fait, en effet, une obligation de vivre en étroite communion d’esprit et de cœur les uns avec les autres et de favoriser par tous les moyens en notre pouvoir la communication et la communion entre nos Diocèses à l’échelle nationale, régionale et continentale.

47. Il est donc certain que nous avons, en tant qu’Église et par la présence agissante de chrétiens conscients dans le corps social tout entier, une contribution spécifique et précieuse à apporter à l’œuvre de l’intégration régionale. Il nous apparaît aujourd’hui, dans le contexte international troublé que nous connaissons, qu’il s’agit là d’une œuvre de paix par l’excellence.

En effet, l’intégration régionale consiste en ce que les États d’une même région, procèdent par voie de concertation et de négociation à l’intégration progressive de leurs intérêts fondamentaux et multiplient les relations entre leurs économies, leurs structures administratives, leurs systèmes d’enseignement et de communication, leur vie spirituelle et sociale au point que toute guerre entre eux devienne pratiquement impossible.

48. Pour l’heure, notre continent est encore meurtri par de sanglants conflits, principalement au Tchad, en Angola et en Afrique du Sud. Sur place, nos Églises sœurs se trouvent, évidemment, cruellement impliquées, cherchant à servir de leur mieux, dans ce contexte de violence, sans faire de discrimination entre les belligérants, au risque de recevoir des coups de toutes parts.

Avons-nous assez partagé entre nos Diocèses, ces souffrances, ces pénuries, ces famines, ces déplacements de populations ? Avons-nous assez pris notre part des efforts entrepris en vue de la réconciliation ? Avons-nous assez porté dans la prière la cause de la paix sur notre propre terre ?

49. Frères et Sœurs, ce long parcours que nous venons d’effectuer ensemble à travers l’immense chantier de la paix et de la construction d’une société juste et solidaire peut avoir de quoi nous effrayer et nous décourager. Nos limites, nos insuffisances et nos impuissances apparaissent au grand jour dès lors que nous osons confronter le peu que nous sommes et le peu que nous réalisons aux immenses besoins de nos frères et sœurs et de notre peuple.

Pouvons-nous encore nous dire les disciples du Christ Sauveur, nous qui faisons si peu pour le salut de nos frères ? Pouvons-nous encore nous dire des disciples des Jésus, Prince de la Paix, nous qui faisons si peu pour construire la paix en nous- mêmes, dans nos familles, dans notre société et sur notre continent, l’Afrique ?

Plutôt que de nous décourager, le moment est venu de nous mettre à l’œuvre. Nul ne peut entreprendre ce qu’il ne conçoit pas et ce qui n’est pas encore monté à la lumière de sa propre conscience. Ce que nous devons acquérir, c’est l’intelligence et le dynamisme de la charité. Il faut un double effort, en même temps et indissolublement, effort de l’intelligence et du cœur pour acquérir au service de nos frères, compétences et générosité.

50. Ainsi donc, nous recommandons aux agents pastoraux, un grand effort à faire pour nourrir leurs prédications, enrichir leur catéchèse et informer les responsables laïcs de la doctrine sociale de l’Église et plus encore de sa spiritualité sociale. Mais nous devons aussi nous souvenir que la paix est un don de l’Esprit. Aussi, devons-nous appuyer nos initiatives culturelles et sociales sur le dynamisme propre de la vie sacramentelle de nos communautés chrétiennes.

C’est dans la pratique des sacrements que l’Esprit-Saint promis par le Christ, se répand dans le corps de l’Église pour le vivifier. C’est cet esprit qui fait fleurir parmi nous, l’abondance de ces dons, dont chacun est une forme particulière et précieuse de la charité répandue dans nos cœurs, pour le salut et la paix de nos frères : « A chacun la manifestation de l’Esprit est donné en vue du bien commun » (1Co 12,7).

Puisse le courant de spiritualité qui anime, aujourd’hui, notre Église, vous aide à être les messagers authentiques de la Bonne Nouvelle de la paix dans notre pays et dans le monde entier, pour chanter partout et toujours, de concert avec les anges, à la naissance du Christ : « Gloire à Dieu et Paix sur la terre... » (Le 2,14).

 

LES évêques DU CONGO

1. Mgr. Barthélémy BATANTU, Archevêque de Brazzaville, nouveau Président de la CEC ;
2. Mgr. Godefroy-Émile MPWATI, Évêque de Pointe-Noire ;
3. Mgr. Georges-Firmin SINGHA, Évêque d’Owando ;
4. Mgr. Ernest KOMBO, Évêque de Nkayi ;
5. Mgr. Hervé ITOUA, Évêque de Ouesso ;
6. Mgr. Anatole MILANDOU, Évêque Auxiliaire de Brazzaville.

 


 
Haut de page