CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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HOMÉLIE À LA MESSE D’INTRONISATION DE SON EXCELLENCE MGR ERNEST KOMBO

vendredi 5 juin 2020

1ÈRE SESSION POST-CENTENAIRE EN FÉVRIER 1984

HOMÉLIE À LA MESSE D’INTRONISATION DE SON EXCELLENCE MGR ERNEST KOMBO NOUVEL ÉVÊQUE DU NOUVEAU DIOCÈSE DE NKAYI.

Par MGR GODEFROY-ÉMILE MPWATI,
A NKAYI LE 25 MARS 1984

- Excellence, Monseigneur le Pro-Nonce Apostolique, représentant le Saint-Siège,
- Excellences, Chers Collègues, Évêques du Congo,
- Messieurs les Commissaires Politiques de la Bouenza, du Niari et de la Lékoumou,
- Monsieur (’Administrateur Maire de Nkayi,
- Chers Confrères, Membres du Clergé Séculier et Régulier,
- Révérends Frères et Sœurs, consacrés dans la vie religieuse,
- Messieurs les Pasteurs et Frères des Églises sœurs,
- Chers frères et sœurs, fils de l’Église locale de Nkayi,
- Chers frères et sœurs, militants de l’Église Catholique,
- Et Vous tous, Chers frères et sœurs croyants, et âmes de bonne foi et de bonne volonté,
- À Vous tous et à chacun de vous, bonjour et bonne fête !

1. Après avoir accompli pour l’humanité déchue, l’œuvre de réconciliation avec Dieu le Père, le Christ, Vainqueur du péché et de la mort, entre dans sa Gloire, au matin même de sa Résurrection d’entre les morts. Mais c’est quarante jours plus tard, qu’il entendait le faire manifestement devant ses Apôtres, qu’il avait donc choisis et éduqués, pour continuer son œuvre à travers les temps et les espaces.
Cette fois-ci, il semble que le temps presse, et que son ascension, vers le Père est imminente ; ce n’est plus le temps des discours, comme autrefois sur la montagne des Béatitudes, ou pour leur proposer le Pain de Vie, comme à Capharnaüm.

Mais il faut leur laisser un mot ; le dernier mot de sa vie terrestre, le mot qui soit le programme même de la vie missionnaire de ses Apôtres ; oui, celui-là même que les disciples attendaient dans leur anxiété. Ce mot, le voici donc, il clôture le Saint Évangile selon Matthieu : « Tout pouvoir, leur dit-il, m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 18b - 20a).

2. Et les Apôtres, une fois investis de la puissance du Saint-Esprit à la Pentecôte, sont tous transformés, au grand étonnement de tous. De lâches et de peureux qu’ils étaient, les voilà doctrinaires intrépides, bravant les puissances du monde qui voulaient les entraver. « Non ! Nous ne pouvons pas ne pas parler », déclaraient-ils, publiquement et sans crainte. « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Les intimidations, les tortures, les emprisonnements, les naufrages, les longues distances ne les effraient pas.

Ils annoncent partout la Parole de Dieu ; partout ils proclament Jésus crucifié et ressuscité des morts : à Rome, à Corinthe, à Éphèse, en Galatie, à Philippe, à Thessalonique, à Colosse, à travers le bassin de la Méditerranée ; enfin, à travers le monde connu d’alors. Car, pour eux, « la Parole de Dieu n’est pas enchaînée ». Et cette Parole, adressée aux enfants comme aux adultes, aux femmes comme aux hommes, à tout être humain, sans distinction de classe ni de rang, cette Parole donc, transforme la personne du dedans, la moule à l’image du Christ, comme le levain dans la pâte. Puis, peu à peu et grâce à son assimilation, voilà l’homme nouveau, tout régénéré dans le Christ.

3. Finalement c’est toute une culture, c’est toute une société humaine, c’est tout un pays que la pénétration intime de cette Parole transforme et régénère à l’image du Christ, du même Christ qui est Un pour chacun et pour tous et en qui tous sont Un dans leur diversité complémentaire. Ainsi donc, grâce à cette vie infusée par une seule Foi, une seule Espérance et une seule Charité, conférée par un seul Baptême, les hommes s’unifient dans le Corps du Christ Jésus, où il n’y a plus ni Juif, ni grec, ni homme libre, ni esclave.

La condition sine qua non, cependant, c’est d’être de bonne Foi et de «  bonne volonté  ». Cet ordre du jour de l’Ascension ne laissait pas de répit aux Apôtres ; car, fidèles à leur Maître, il leur brûlait de «  rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés  » par le péché (cf. Jean 11, 52b). Ils mourront pour cette cause et pour cette mission fondamentale.

4. À chaque découverte d’un continent, l’Esprit-Saint, à qui revient cette œuvre de continuer à mener l’Église jusqu’à son achèvement, ne tarde pas à susciter les Apôtres qui conviennent. Dans notre pays après les deux échecs d’Évangélisation au 17ème et au 18ème siècles, c’est la troisième Évangélisation, conduite par les Pères de la Congrégation du Saint-Esprit qui a pu se maintenir et porter le fruit qui se laisse apprécier aujourd’hui. En 1883, Loango et Linzolo les deux premières Missions du Congo étaient fondées.

5. Déjà, après trois années seulement d’Évangélisation, un Vicaire Apostolique était nommé en 1886, en la personne du Père Antoine Marie Hippolyte CARRIE, ordonné Évêque à Paris, le 24 octobre de la même année. Il porta la charge de tout le Congo Français, et son Vicariat comprenait tout le territoire du Congo actuel et se prolongeait dans le versant occidental du sud du Gabon, pour couvrir la Province administrative de la Nianga et’ la partie Sud de l’Ogoué Maritime. Il était Vicaire Apostolique du Congo Français, avec pour siège Loango.

Quatre ans plus tard, c’est à Mgr Prosper AUGOUARD, ordonné Évêque en 1890 qu’était confié le Vicariat Apostolique du Haut-Congo, avec pour siège Brazzaville. Le Congo comptait alors deux Vicariats Apostoliques jusqu’à l’avènement de Mgr Émile VERHILE qui se vit confie, en 1951, le Vicariat Apostolique de Fort-Rousset (aujourd’hui Owando), au Nord du pays, Vicariat issu de la scission de celui de Brazzaville.

6. En 1955, les Églises deviennent autonomes grâce à l’institution des Diocèses et des Évêques diocésains. Trois ans plus tard, en 1958 le nouveau Diocèse de Mouila récupéra nos anciennes Missions de la Nianga ; le territoire Sud de l’Ogoué Maritime fut rattaché à l’Archidiocèse de Libreville, et Pointe-Noire annexa le district de Zanaga qui était congolais, mais desservi jusque-là par l’Archidiocèse de Libreville.

Le Diocèse de Pointe-Noire ne gardait plus désormais que ses territoires du Congo avec les quatre régions administratives du Kouilou, du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou, mais conservait encore, dans la région administrative actuelle du Pool un lopin de terrain assez important qui se prolongeait jusqu’au niveau de Dechavannes (aujourd’hui Loulombo) et atteignait la frontière avec le Congo Belge (Bas-Zaïre).

Ce lopin de terrain devait être cédé peu après à l’Archidiocèse de Brazzaville, qui vit le domaine de juridiction spirituelle épouser harmonieusement la superficie officielle de la région du Pool. Déjà en 1949 le siège épiscopal de Loango était transféré à Pointe-Noire.

Jusqu’en 1983, l’année dernière donc, nos trois Diocèses restaient tels quels, dans ces dernières dimensions, avec un Évêque à la tête de chacun d’eux. Mais devant les perspectives pastorales d’aujourd’hui, ces territoires s’avéraient trop vastes et défiaient nos capacités humaines.

7. Ainsi, au Nord, le Diocèse d’Owando couvrait 255.000 Km avec les quatre régions administratives des Plateaux, de la Cuvette, de la Sangha et de la Likouala. Au Sud, celui de Pointe-Noire comptait 90.000 Km2 avec les régions déjà nommées plus haut, le Kouilou donc, le Niari, la Bouenza et la Lékoumou. Il nous fallait des Diocèses à taille humaine. Nos propositions étant acceptées auprès du Saint-Siège, nous avons vu, à l’occasion du Centenaire, se créer, au Nord, le Diocèse de Ouesso, confié à son Excellence Mgr. Hervé ITOUA que voici, ordonné Évêque au cours de la Messe de clôture de ce grand Événement historique. Ce Diocèse, issu de celui d’Owando, comprend les régions de la Sangha et de la Likouala.

  • Mgr. ITOUA, ce peuple rassemblé, devant vous est désireux de mieux vous voir ; voudriez-vous vous présenter Excellence, pour nous permettre de vous saluer...

8. Le 16 décembre 1983, je recevais de la Nonciature Apostolique un télégramme ainsi libellé : « Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II nomme Père Ernest KOMBO Jésuite, premier Évêque du nouveau Diocèse Nkayi. Salutations ». Voilà ratifié, par cette nomination, la création de l’Église locale de Nkayi. Désormais, le Diocèse de Pointe- Noire ne comprend plus que la région administrative du Kouilou, pour laisser à la nouvelle circonscription, les régions du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou.

Grâce à ces nouvelles restructurations, l’Église du Congo s’est vue enrichie ; car, au lieu de trois Diocèses, elle en compte aujourd’hui cinq ; et d’autres dispositions, concernant l’ensemble du pays, sont envisagées pour l’avenir. Et nous voici rassemblés ici, au centre du Diocèse de Nkayi, pour introniser Mgr. Ernest KOMBO, son Chef et Son Pasteur, sur son Siège Épiscopal.

  • Mgr. KOMBO, daigne le Seigneur exaucer pour vous, cette prière que nous Lui adressons avec le Psalmiste (Ps 20,2-5) : « Qu’il te donne selon ton cœur et tous tes desseins, qu’il les seconde » !

Les Pasteurs de nos Églises locales, Chers frères, les voilà devant vous : « Qu’il te réponde, Yahvé, au jour d’angoisse, qu’il te protège, le nom du Dieu de Jacob ! Qu’il t’envoie du sanctuaire un secours, et de Sion qu’il te soutienne ! Qu’Use rappelle toutes tes offrandes, ton holocauste, qu’il le trouve savoureux » ;

1- Son Excellence Mgr. Barthélémy BATANTU, Archevêque de Brazzaville.

3- Son Excellence Mgr. Hervé ITOUA, Évêque de Ouesso.

4- Son Excellence Mgr. Ernest KOMBO, Évêque de Nkayi, ordonné Évêque par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, en la Fête de l’Épiphanie, le 6 janvier 1984.

5- Enfin le cinquième, qui se présente à vous comme « l’avorton » et « le moindre des Apôtres », c’est l’Évêque de Pointe-Noire, en ma personne.

6- Cinq Évêques Diocésains et un Évêque Auxiliaire pour l’Archidiocèse de Brazzaville, Son Excellence Mgr. Anatole MILANDOU, ordonné avec Mgr. ITOUA, au cours de la Messe de clôture du Centenaire.

  • Mgr. MILANDOU, donnez-nous le plaisir de vous saluer ! Voudriez-vous vous lever, s’il vous plaît ?
  • A la tête de l’Église du Congo, six (6) Évêques, tous Congolais, c’est beau !

9. Chers frères, soyons heureux et reconnaissants de la bienveillance du Seigneur à notre égard ! Dans vos prières souvenez-vous toujours de vos Évêques, afin qu’ils accomplissent leur tâche selon la volonté même de Dieu.

- Chers Confrères Prêtres, permettez-moi de vous rappeler ici, ces recommandations du Saint Concile Vatican II à votre adresse : « Quant aux Prêtres, ils savent que les Évêques sont revêtus de la plénitude du Sacrement de l’ordre ; ils doivent donc respecter en eux l’autorité du Christ Pasteur suprême. Qu’ils aient pour leur Évêque un attachement sincère, dans la charité et l’obéissance. Ce qui fonde cette obéissance sacerdotale imprégnée d’esprit de coopération, c’est la participation même au ministère épiscopal que les prêtres reçoivent par le Sacrement de l’ordre et la mission canonique. Aucun prêtre n’est donc en mesure d’accomplir toute sa mission isolément et comme individuellement ; il ne peut se passer d’unir ses forces à celles des autres prêtres sous la conduite des chefs de l’Église ». Écoutons-le s’adresser aux Missionnaires :

- Le Missionnaire doit être persuadé que l’obéissance est la vertu particulière du ministre du Christ, qui a racheté le genre humain par son obéissance. C’est ainsi que, obéissant à la volonté du Père avec le Christ, il continuera la mission du Christ sous l’autorité hiérarchique de l’Église, et collaborera au mystère du salut. Aux Séminaristes ;

- Les Séminaristes doivent être pénétrés du mystère de l’Église, de telle manière qu’ils soient liés par un amour humble et filial au Vicaire du Christ, et que, devenus prêtres, ils adhèrent à leur Évêque comme de fidèles coopérateurs et travaillent en commun avec leurs frères, donnant ainsi le témoignage de cette unité qui attire les hommes au Christ. Enfin les Laïcs :

- Les Laïcs, réunis dans le peuple de Dieu et organisés dans l’unique Corps du Christ sous une seule tête, sont appelés, quels qu’ils soient, à coopérer comme des membres vivants au progrès de l’Église et à sa sanctification permanente, en y appliquant toutes les forces qu’ils ont reçues par le bienfait du Créateur et par la grâce du Rédempteur.

10. En tant qu’ancien Pasteur de tout le grand Diocèse de Pointe-Noire avant la scission, je tiens à dire fraternellement merci, à tous ceux avec qui j’ai pu œuvrer pour l’avancement du Royaume de Dieu dans cette portion de l’ancien Diocèse. Merci aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs. Merci aux uns et aux autres, en particulier à tous ceux que j’ai pu contacter et qui m’ont fait du bien d’une manière ou d’une autre. Sachez que Sainte Thérèse de Nkengué, située dans la Bouenza est le premier poste où je me suis initié au ministère pastoral. De ce début de ma vie de prêtre, je reste marqué par bien de souvenirs profonds et inoubliables. Soyez assurés que je n’oublie personne dans ma prière ; je les porte en offrant à Dieu les soucis et les vœux de tous.

Que le Seigneur nous bénisse tous et confirme tant de belles choses qu’il a commencées chez nous pour sa grande Gloire et le Salut du monde. Amen.

 

 


 
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