Allocution de Mgr Daniel MIZONZO, président de la CEC lors de l’ouverture de la 44ème assemblée plénière
lundi 11 juillet 2016
|
Mes chers Frères Évêques Diocésains,
Mgr Chargé d’Affaires à la Nonciature Apostolique du Congo,
Aux Abbés Secrétaires Généraux de l’ACERAC et de la CEC, et Gestionnaire de la CEC,
Monsieur le Modérateur ou Coordonnateur du CNAL,
Aux Abbés Recteurs de nos Séminaires,
Chers Vicaires Généraux, et cher(e)s Supérieur(e)s Majeur(e)s,
Chers Prêtres, cher(e)s Religieux (ses),
Cher (e)s Expert(e)s et cher(e)s Invité(e)s.
Comme vous le constaterez, nous allons déclarer toute à l’heure l’ouverture de la 44ème Assemblée Plénière Annuelle Ordinaire de notre Conférence Épiscopale du Congo. Ceci est exceptionnel, chers Canonistes. De fait, les Évêques de notre Conférence Épiscopale ont initié une réflexion sur un projet de réforme quant aux moments de leurs Assemblées Plénière et Pastorale ; cela va nécessairement entrainer non pas un changement, mais une Révision des Nouveaux Statuts, de la CEC, particulièrement, une modification du moment où de la période de l’Assemblée plénière dont on lit en la finale de l’Article 09 :
Art.9 : « L’Assemblée plénière de la Conférence Épiscopale du Congo se réunit ordinairement une fois l’an : elle commence le lundi de la deuxième semaine de Pâques et s’achève par une messe de clôture le troisième dimanche de Pâques ».
Cette Révision, pourra permettre d’insérer dans nos Statuts surement le moment de l’Assemblée ou Session pastorale ; une bonne occasion également pour rédiger un Règlement Intérieur, s’il s’avère nécessaire.
Chers tous(tes), dans son Ouvrage, qui est une véritable Somme théologique, La Miséricorde, Notion fondamentale de l’Évangile, Clé de la vie chrétienne, (Avril 2015), au Premier Chapitre, « La miséricorde -un thème d’actualité, malheureusement tombé dans l’oubli », tout au début du paragraphe I intitulé « La soif de miséricorde », Walter, Cardinal KASPER écrit :
« Le XXème siècle qui vient de s’écouler fut à bien des égards vraiment horribles et le tout jeune XXIème siècle, qui a débuté le 11 septembre 2001 avec les attaques terroristes du Worl’Trade Center New York, coup de tonnerre de mauvais augure, ne présage rien de bon. Le XXème siècle a connu deux systèmes totalitaires d’une extrême brutalité, deux guerres mondiales avec cinquante à soixante millions de morts, rien que pour la deuxième, il a vu de multiples génocides et massacres, des camps de concentrations, des fours crématoires et des goulags. Le XXIème siècle est déjà marqué par la menace d’un terrorisme sans pitié, une injustice criante, des enfants violés et affamés, des millions de réfugiés, l’augmentation de la persécution des chrétiens, ainsi que des catastrophes naturelles dévastatrices sous formes de tremblements de terres, d’éruptions volcaniques, de tsunamis, d’inondations, de sécheresses. Tout cela et bien d’autres choses encore sont des ‘’signes des temps’’ ».
« Face à cette situation, beaucoup ont du mal à croire à un Dieu tout-puissant, juste et miséricordieux à la fois. Où était-Il et où est –Il quand tout cela est arrivé et arrive encore ? Pourquoi permet-Il cela, pourquoi n’intervient-Il pas ? Certains posent la question : est-ce que toute cette souffrance injuste n’est pas justement l’argument le plus percutant qui parle contre la toute-puissance et la miséricorde divines ? De fait, la souffrance des innocents des temps modernes est devenue pour beaucoup le fondement de l’athéisme (Georg Büchner) ; la seule excuse en faveur de Dieu serait- dit-on – qu’il n’existe pas (Stendhal). Ne doit-on pas - demande-t-on encore- au vu d’une explosion diabolique du Mal, nier Dieu pour la plus grande gloire de Dieu (Odo Marquard) ? » p.p.9-10
A la vérité l’absence apparente de Dieu dans les événements catastrophiques, tragiques, dramatiques de notre monde laisse apparaître que la miséricorde divine est une réalité tombée dans l’oubli, car le Dieu tout-puissant, juste et miséricordieux se montre phénoménalement absent et la tentation de l’homme qui souffre physiquement, physiologiquement, mentalement et psychiquement est de tomber dans l’indifférence religieuse et de crier la mort ou la non-existence de Dieu. Prennent place alors la résignation, le défaitisme, l’expérience de l’absurdité de la vie même chrétienne et pour les esprits faibles, pousse au suicide. Car on perçoit pour beaucoup ‘’ la mort de Dieu’’ (Friedrich Nietzche), le ‘’ manque de Dieu’’ (Martin Heidegger), l’ ‘’éclipse de Dieu’’ (Martin Buber), ‘’ la chute dans le désespoir (TheodorW. Adorno), cela témoigne qu’on a sonné le glas de la foi en Dieu (p.12).
Ce qui est en jeu ici, c’est la foi en un Dieu compatissant, « riche en miséricorde » (Eph.2, 4), qui console, afin que nous aussi nous puissions consoler les autres (2Cor1, 3-4), car face à ce cercle vicieux du Mal, nous ne pouvons espérer un renouveau que si nous mettons encore notre espérance en un Dieu bon, miséricordieux et en même temps tout-puissant » ; il est en effet le seul à pourvoir renouveler toute chose et nous donner le courage d’« espérer contre toute espérance » (Rm4,18) et la force nécessaire pour repartir. Il s’agit donc de croire en un Dieu vivant qui ressuscite les morts et qui, à la fin des temps essuiera les larmes de nos yeux et fera toute chose nouvelle (cf. Ap.21, 4-5) p13.
De fait, nous ferions mieux de nous taire si nous ne sommes pas à mesure d’apporter le message de la miséricorde divine aux hommes de notre temps qui se trouvent dans une telle détresse physique et spirituelle après toutes ces terribles expériences du XXème siècle et de ce début de XXIème siècle ; s’interroger sur la miséricorde de Dieu et des hommes est aujourd’hui plus urgent que jamais » p.14.
Au 2ème Paragraphe intitulé « La miséricorde, un thème fondamental pour le XXIème siècle », le Cardinal W. KASPER, après avoir mentionné leurs Encycliques remarque que :
« Trois Papes de la deuxième moitié du XXème siècle et du début du XXIème siècle, nous ont parlé de la divine miséricorde. Il s’agit :
- de Jean XXIII, saint - lors de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, en 1962, à propos des erreurs de l’Église, parle du « Remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de sévérité ».
- de Jean-Paul II, saint, en sus de ses multiples homélies et catéchèses, a écrit en 1980, sa deuxième Lettre Encyclique Dives in misericordia (Dieu est riche miséricorde, Eph.2,4) ; le 17 Avril 2002, suite à la canonisation et aux révélations mystiques de Sœur Faustina KOWALSKA morte en 1938, canonisée le 30 Avril 2000, il a institué le Dimanche après Pâques « Dimanche Blanc ou Dimanche de la Divine Miséricorde » ;
- de Benoît XVI, Pape Émérite, dans sa première Encyclique Deus Caritas est (Dieu est amour), il a parlé de l’« amour-miséricorde ».
Et telle une conclusion, le Cardinal W. KASPER dit : « Il ne s’agit absolument pas d’un thème secondaire, mais d’un thème fondamental de l’AT et du NT, un sujet essentiel pour le XXIème siècle en réponse à ces ‘’signes des temps’’ » p.17.
Pour sa part, le Pape François avait, comme nous le savons, décidé une Année Sainte du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde qui a débuté le Dimanche 8 Décembre 2015, en la Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, et se conclura le Dimanche 20 Novembre 2016, en la Solennité du Christ Roi de l’Univers ; et c’est le 11 Avril 2015 qu’il avait promulgué Misericordiae vultus (Jésus-Christ est le visage de la miséricorde), la Bulle d’indiction du jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Depuis lors, dans toutes ses homélies, messages, prises de paroles, il ne manque pas d’en faire allusion : par exemple : dans le traditionnel Message de Noël ‘’ Urbi et Orbi’’ adressé à la ville et au monde le 25 Décembre 2015, à midi, de la Loggia des bénédictions de la basilique vaticane, faisant une lecture des pages les plus dramatiques de l’année 2015, il dit :
« Seule la miséricorde de Dieu peut libérer l’humanité de nombreuses formes de mal, parfois monstrueux, que l’égoïsme engendre en elle » (O. R N°53 (3.411) du Jeudi 31 Décembre 2015 p.5).
De même dans son Message pour la Célébration de Journée Mondiale de la Paix le 1er Janvier 2016, message qui porte sur les Indifférences dont « L’indifférence à la miséricorde : la conversion du cœur » n.5, il dit :
« Seuls le pardon, l’amour, la miséricorde peuvent arrêter cette ‘’ Troisième guerre mondiale par morceaux’’ »
« La miséricorde est le cœur de Dieu, elle doit être aussi le cœur de tous ceux qui se reconnaissent membres de l’unique grande famille de ses enfants » n5. Voilà pourquoi il est déterminant pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde.
Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une « oasis de miséricorde » M. Vultus n.12 : en clair, il faut promouvoir « une culture de solidarité et de miséricorde » pour vaincre l’indifférence n.6, « car la paix, est fruit d’une culture de solidarité, de miséricorde et de compassion » n.7
« Dans cette même perspective, avec le jubilé de Miséricorde, je veux inviter l’Église à prier et à travailler pour que tout chrétien puisse mûrir un cœur humble compatissant, capable d’annoncer et de témoigner de la miséricorde de « pardonner et de donner », de s’ouvrir « à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a créées de façon dramatique » M.Vultus nn.14-15.
Il commence son Message pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés 17 Janvier 2016, « Migrants et Réfugiés nous interpellent. La réponse de l’Évangile de la miséricorde » en disant :
« Dans la Bulle d’Indiction du Jubilé extraordinaire de la miséricorde, j’ai rappelé qu’il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir, nous aussi, signes efficaces d’agir du Père (M.V.n.3), qui est « amour-miséricorde »
Plus que dans le passé, l’Évangile de la miséricorde secoue aujourd’hui la conscience, empêche que l’on s’habitue à la souffrance de l’autre et indique le chemin de réponse qui s’enracinent dans les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité en se déclinant en œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle.
Les Réfugiés de notre époque fuient ces crimes aberrants ; ils interpellent l’Église et la Communauté humaine afin qu’eux aussi dans la main tendue qui les accueille, puissent apercevoir le visage du Seigneur, « Le Père miséricordieux de qui vient tout réconfort » (2co1, 3) ; et il les interpelle en ces termes : « Ne vous laissez pas voler l’espérance et la joie de vivre qui jaillissent de l’expérience de la miséricorde de Dieu ».
Son message pour le 50ème Journée des communications (célébrée le 24 Janvier 2016, fête du Saint Patron des Journalistes, Saint François de Sales) porte sur « Communication et miséricorde : une rencontre féconde ». Puis nous venons de recevoir son Message pour la XXIVème Journée du Malade 2016 (célébrée le 11 Février 2016 à Nazareth) dont le thème est « Se confier à Jésus miséricordieux comme Marie : Tout ce qu’il vous dira, faites-le » Jn2, 5. Les paroles sur les cœurs de Jésus et de Marie compatissants, consolants débordants de miséricorde, traversent ce message.
Pour sa part, le Patriarche latin de Jérusalem dans son message « Paix, miséricorde et action » dit :
« L’Église et la communauté des croyants ont également une réponse à apporter à la situation actuelle. Cette réponse est celle du jubilé de la miséricorde inauguré le 8 Décembre par le Pape François. La miséricorde est le remède aux maux de notre temps. C’est par elle que nous rendons visibles au monde la tendresse et la proximité de Dieu.
La miséricorde ne se limite pas aux relations individuelles, mais devait embrasser la vie publique dans tous ses secteurs (politique, économique, culturel et social), à tous les niveaux (international, régional et local), et dans toutes les directions (entre États, peuples, ethnies, religions et confessions). Quand la miséricorde deviendra une composante de l’action publique, elle sera capable de transférer le monde de la sphère des intérêts égoïstes à celle de valeurs humaines.
La miséricorde est un acte politique par excellence, à condition de définir la politique dans son sens le plus noble, c’est-à-dire la prise en charge de la famille humaine à partir des valeurs éthiques, dont la miséricorde est une composante principale, qui s’opposent à la violence, l’oppression, l’injustice et l’esprit de domination » OR idem p.17.
Qu’est la miséricorde1 ? « C’est prendre sur soi le mal de l’autre parce qu’on l’aime plus que soi » Préface de Dives in Misericordia (sur la Miséricorde Divine) de Jean Paul II (1980) p.IX. La miséricorde c’est voir dans son cœur, la misère de l’autre, la souffrance de son peuple (Dieu, Moïse). La miséricorde est l’amour qui vit la misère de l’autre comme si c‘était la sienne.
La miséricorde est une disposition et une attitude intérieure (le père de la parabole de Luc 15, fut pris de pitié, il a sauvé l’humanité de son fils retrouvé, il avait le souci de la dignité de son fils.
La miséricorde consiste à se pencher, à revaloriser, à faire revenir à la vie le fils mort. Mais la dynamique de la miséricorde fait appel à la conversion.
Le mystère de la miséricorde se lit donc dans la Parabole de l’Enfant prodigue, Fils perdu mieux du Père plein de miséricorde (Luc 15, pitié, compassion, mystère de la miséricorde), on voit ici l’amour qui s’est transformée en miséricorde (DM.5), comme l’on peut lire en Ex. 34,6, et dans les Ps.103 (102) et 145(144).
« Dieu de tendresse et de grâce, lent à la colère et plein de miséricorde et de fidélité ».
Chers tous, je n’oublie pas que nous sommes en Afrique, et au Congo (Brazzaville) ; ces dernières années nous avions copieusement parlé de la famille. Et il est juste et bon de nous rappeler, qu’aussitôt après la clôture du Synode Ordinaire de l’Église universelle sur la famille, le Pape François lançait le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, en ouvrant les Portes de la Miséricorde, d’abord à Bangui (Capitale de la République Centrafricaine) pays marqué par la violence, comme de nombreux pays du notre Continent), puis à Rome le 08 Décembre 2015. Ce lien entre les deux événements montre l’importance de la miséricorde pour que la famille soit sans cesse ce lieu de tendresse, d’amour et de justice dont nous rêvons tous.
Il est important de nous rappeler que depuis le début de la nouvelle année liturgique C, nous lisons les écrits de Luc, particulièrement son Évangile, appelé l’Évangile des pauvres et aussi de la miséricorde. En effet, pour Luc, Jésus est celui qui est investi par l’Esprit de Dieu « Pour apporter le Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés » Lc4, 18. C’est ainsi que le troisième Évangile présente le discours-programme messianique de Jésus qu’il prononce dans la Synagogue de Nazareth.
Mais pour Luc, Jésus est également le témoin de la miséricorde de Dieu ; comme le montrent, par exemple, les trois Paraboles de la miséricorde de Dieu qu’il concentre au chapitre 15 (les Paraboles la pièce de monnaie égarée, de la brebis perdue, et du Fils parti).
Jésus nous montre ainsi le véritable visage de Dieu ; un père proche de ses enfants et de leurs soucis quotidiens ; d’où la confiance en la toute-puissance de son amour qui dépasse l’entendement humain. Le visage de Jésus est le visage du Dieu « Riche en miséricorde » (Ep.2, 4), « Père des miséricordes » (2Co1,3), Le Christ a révélé un Dieu « amour-miséricorde » D.M, nn.3.4 ( il y a une relation étroite entre amour et miséricorde.
Le Dieu de Jésus-Christ donne et pardonne sans mesure et sans discrimination : « Eh bien ! Moi je vous dis : aimer vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » Mt5, 44-45.
Personne dans l’Église ne peut être considérer comme définitivement perdu. L’Église, comme une mère éducatrice, secoue, réprimande fortement pour en appeler à la conversion, tout en respectant la liberté de chacun. Tout chrétien étant un débiteur gracié, ne peut se comporter comme le débiteur impitoyable de Mt18, 23-35. L’Église famille de Dieu est le témoin de la tendresse et la miséricorde infinies du Père symbolisé par le roi de la parabole.
De même nos familles, Églises domestiques, sont souvent traversées par des tensions suscitées par les injustices ou alimentées par des mensonges. La famille de Dieu doit être essentiellement un lieu de pardon. Pardonner c’est donner au-dessus. Le pardon est un don de Dieu qu’à notre tour nous communiquons aux autres. Le pardon n’est pas simple oubli ; il est un nouveau départ et un geste d’espérance. L’offense bloque et tue. Le pardon régénère. Il est le moteur de la vie familiale. C’est pour cela qu’on ne peut le limiter. Il doit être indéfini, à la dimension de l’amour infini de Dieu.
Alors Pierre s’avançant, lui dit : « Seigneur combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et moi devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois » (Mt18, 21-22).
C’est pourquoi nous devons développer une pastorale familiale de pardon et de miséricorde. Toute pastorale qui sème et cultive les suspicions et les tensions dans les familles doit être complétement prohibée. Elle ne vient pas de Dieu. En cette année de la miséricorde, que nos Mabundu, Bimvuka et Bisalusu et toutes nos familles investissent dans la spiritualité et la pastorale de la miséricorde ; car « Dieu fait miséricorde aux miséricordieux « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » Mt5,7.
Souvenons-nous du second Synode Africain sur la réconciliation, la justice et la paix. Le Pape, émérite, Benoît XVI soulignait que la famille doit être le lieu de la réconciliation, de la justice et de la paix, où chaque membre de la famille est respecté, où chaque membre doit s’épanouir. Mais la famille, disait-il est essentiellement le lieu où l’on apprend à se pardonner pour vivre vraiment dans la tendresse :
La famille est bien le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la culture du pardon, de la paix et de la réconciliation. « Dans une saine vie familiale, on fait l’expérience de certaines composantes fondamentales de la paix : la justice et l’amour entre frères et sœurs, la fonction d’autorité est manifestée par les parents, le service affectueux envers les membres les plus faibles parce que petits, malades ou âgés, l’aide mutuelle devant les nécessités de la vie, la disponibilité à accueillir l’autre et, si nécessaire, à lui pardonner. C’est pourquoi, la famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix » Africae Munus 43).
C’est Sœur Faustina Kowalska, mystique polonaise qui est partie plus loin que la théologie néoscolastique et la métaphysique sur les attributs de Dieu, s’inspirant de Saint Thomas d’Aquin, en définissant la miséricorde divine comme « l’attribut suprême de Dieu, la perfection divine par excellence » in Sœur Faustine Kowalska, Petit journal, Dialogue, Paris ,1977 . Même Le musulman égrenant son Chapelet des noms de Dieu, termine toujours par « Le Miséricordieux ».
Les paroles du Sermon sur la Montagne « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » Mt5, 7 et « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » les quelles indiquent l’amour-miséricorde, est une synthèse de toute la Bonne Nouvelle. Être miséricordieux est un don de Dieu et une possibilité du cœur humain. Avec Marie le prototype de la fidélité absolue, Mater misericordiae (Mère de miséricorde), chantons : « Misericordias Domini in aeternum cantabo (La miséricorde du Seigneur à jamais je la chanterai » Ps89(88), 2.
Sur ce, je déclare ouverte, la 44ème Assemblée plénière de notre Conférence Épiscopale du Congo, je vous remercie.
Monseigneur Daniel MIZONZO, Évêque diocésain de nkayi,
Président de la Conférence Épiscopale du Congo
Allocution d’ouverture de la 44ème assemblée plénière de la Conférence Épiscopale du Congo (CEC)
Lundi 1er Février 2016. Salle de Réunion de la CEC (CIO).