CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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Message des Évêques du Congo à la Communauté catholique d’Île-de-France : Mai 2015

lundi 18 mai 2020

L’Église-Famille qui est au Congo, par et en ses Pasteurs qui sont ici vous saluent fraternellement, vous tous qui êtes ses membres en Diaspora. Les évêques du Congo vous saluent tous frères et sœurs bien-aimés qui avez bien voulu vivre avec nous cette Eucharistie.

Chers tous, bien-aimés de Dieu, c’est un bonheur pour vos évêques, représentant tout le Congo d’être ici avec vous ; avec vous, nous revivons le sacrifice de la souffrance, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, sacrifice qui nous rachète et nous réconcilie avec Dieu. Jésus en qui nous croyons est le premier à nous attendre au tréfonds de notre cœur. Il nous parle et se donne à nous en nourriture qui sauve.

Par la bouche de Pierre, que nous dit le Christ aujourd’hui ? La première Pentecôte a déjà eu lieu. L’apôtre Pierre, bien timoré, craintif, n’osait pas affirmer sa foi. Lui qui auparavant pourtant avait dit au Maître : « Même si tous t’abandonnaient, moi je ne t’abandonnerai pas ». Pierre donc, animé par l’Esprit du Christ ressuscité, sans crainte, prenant les devants, est un autre Pierre qui défend les nouveaux convertis, non Juifs. On ne peut pas rencontrer le Christ ressuscité et demeurer le même…Jésus est le sauveur des Hommes, de tous les Hommes, des Juifs comme des non-Juifs qui accueillent sa Parole et se convertissent. A ceux-là, l’Esprit Saint est donné sans distinction. « Oui, toutes les nations chercheront le Seigneur ».

Mais, à ceux qui croient et se convertissent, il est demandé des exigences : c’est par exemple de fuir les souillures des idoles, les unions illégitimes… A nous aussi, aujourd’hui le Christ après nous avoir rassurés de l’amour de Dieu, nous laisse une exigence. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Jésus ne garde pas pour Lui, l’amour du Père ; il nous le donne et nous entraine dans le flux qui va du Père au Fils et nous fait entrer dans la paix de Dieu. Mais est-ce que nous permettons à l’Esprit-Saint de nous entrainer dans l’amour du Père et du Fils ? Si nous le faisons, nous serions un peuple vivant dans la joie, toujours dans la joie ! La joie qui donne le bonheur qui ne signifie point la richesse matérielle et financière. La joie qui procure la vraie paix.

Mais, Frères et sœurs, avons-nous rencontré le Christ ressuscité ? Si oui, nous vivons en disciples de Jésus Christ, en respectant ses exigences ! Ne sommes-nous pas au contraire pour la plupart dans les souillures des idoles que notre monde et nos sociétés nous offrent ? De sorte que le baptême ne serait qu’un vêtement que l’on enlève et remet ! Ainsi au lieu d’adopter notre vraie identité, nous sommes encore dans nos tombeaux enfermés par l’idole de l’argent, l’idole du pouvoir, recouvert des souillures de la tribu, les souillures du moi (l’égo – moi, ngaï), des doctrines nouvelles qui chassent Dieu. Et au lieu de la paix, on veut nous jeter dans un monde sans repaire où l’individualisme domine. Oui, parce que nous chassons Dieu le Créateur de nos vies, nous ouvrons la porte aux guerres, aux divisions, au malheur.

Église-Famille ! Nous sommes invités à retrouver nos valeurs : celles de la solidarité, de l’accueil, de l’accueil de la vie (don de Dieu), du respect de l’autre et des anciens. Membres de la même famille, nous sommes invités à rechercher l’unité et la paix. Ce n’est pas parce que vous êtes en diaspora que vous devez perdre vos valeurs.

Nous, vos Pasteurs sommes unis et désirons que vous viviez unis, que personne ne se projette en nous pour nous diviser. Nous vous prions de rechercher et de vivre dans l’unité. Priez pour nous comme nous l’a demandé le Pape François, que nous continuions « d’une seule voix » à dire des paroles fortes inspirées par l’Évangile pour vous orienter, vous éclairer sur tout aspect de la vie commune. Ces paroles fortes ne peuvent pas et ne doivent pas vous préparer à verser le sang, à vous diviser. Nos paroles fortes inspirées de l’Évangile ne peuvent que raffermir l’Église-Famille et permettre à chaque membre de prendre conscience qu’il (elle) est « Sel de la terre, lumière du monde ». Nos paroles fortes inspirées de l’Évangile doivent nous sortir des divisions, du mépris des autres ; elles devraient nous faire prendre conscience de la tristesse, du malheur d’être divisés, du besoin de la réconciliation. Église-Famille en Diaspora, aidez-nous à combattre les anti-valeurs qui minent gravement notre société déjà, alors qu’on veut nous en imposer d’autres.

Si vraiment nous avons été baptisés, si nous avons rencontré le Christ ressuscité, nous sommes donc aussi ressuscités. Quittons donc nos tombeaux. Rappelez-vous : « Si vous gardez mes commandements (exigences), vous demeurerez dans mon amour ». Ses commandements ! Ses exigences ! « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Est-ce cela que cherchent à faire les membres de l’Église-Famille du Congo qui est ici en Diaspora ? Alors nous pouvons vivre dans la joie- la paix – la paix. Si non, nos retrouvailles dans les églises, nos chants et nos alléluia ne sont que mensonge et ne concernent pas Jésus- Christ.

Alors qui est celui-là qui aimerait replonger ses mains dans le sang de son frère, de sa sœur ? Qui est celui-là qui veut être la racine, la source d’un malheur pour le Congo que l’Église-Famille veut Nation ? Une Nation qui n’a pas 200 ans ! Qui est cet homme, cette femme qui n’a aucune pitié de ces enfants innocents qu’il veut jeter dans la rue pour rejoindre les nombreuses mains tendues d’orphelins ? Qui est ce Congolais qui voudrait plonger encore une fois cette jeune nation dans les blessures qui guérissent déjà difficilement, très difficilement et pour gagner quoi ? Pour gagner quoi ? Pour quel prix ? Pour quelle médaille ? Quelle récompense ?

L’exigence de Jésus ressuscité : « Aimez-vous les uns les autres » me fait dire : « Allons au mbongui – Allons au kanza et en famille ». Dénonçons et exorcisons le mal en vue d’un Congo nouveau ! Je termine par ces mots de Pierre Guibert que vous pourrez méditer :

« Alors la paix viendra :
« Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme.
Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus fort que ce qui les divise.
Si tu crois qu’être différent est une richesse et non pas un danger.
Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour.
Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit sans la renvoyer et te défendre.
Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien.
Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas plutôt qu’à l’autre.
Si le regard d’un enfant parvient encore à désarmer ton cœur.
Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis.
Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance.
Si tu refuses de battre ta coulpe sur la poitrine des autres.
Si pour toi, l’autre est d’abord un frère.
Si tu refuses qu’après toi d=ce soit le déluge.
Si tu te ranges du côté du pauvre et de l’opprimé sans te prendre pour un héros.
Si tu crois que l’amour est la seule force de discussion.
Si tu crois que la paix est œuvre de justice.
Si tu crois que la paix est possible
. »

Alors, la paix viendra et que Marie Reine de la paix intercède pour nous et pour le Congo tout entier.

Saint-Yves de la Courneuve (France), le 7 mai 2015

Mgr Victor Abagna-Mossa , Évêque d’Owando
Vice Président de la Conférence épiscopale du Congo

 
Discours transmis par Gabriel SOUNGA-BOUKONO
Président de l’Association Cardinal Émile Biayenda-France.

 


 
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