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REFLEXION : LA DÉVOTION AUX NEUF GROTTES EST-ELLE UNE SPIRITUALITÉ À ENCOURAGER ?

jeudi 11 mai 2023

Près de 10 ans déjà : nous avons fait le constat d’un groupe de personnes de plusieurs religions avec des foulards multi-couleurs allant de paroisse en paroisse voire dans certaines communautés religieuses, en quête de grottes pour réciter le chapelet pour la réalisation d’une cause donnée. Aussi, appelle-t-on cette spiritualité : neuf grottes. Afin de mieux cerner la vision de cette spiritualité, l’idéal serait de chercher la valeur symbolique du nombre neuf, par la suite montrer l’impact de cette spiritualité sur toute personne qui s’y intéresse et enfin réinventer une pastorale de celle-ci.

Dans sa portée symbolique, le chiffre neuf est riche de signification. Son utilisation est à replacer dans le contexte plus large de l’ancien Orient, qui aimait la symbolique des nombres. En Mésopotamie, où les mathématiques étaient relativement développées, rappellent les auteurs du Vocabulaire de théologie biblique (Éd. du Cerf), on attribuait aux dieux certains nombres sacrés. Chez les Grecs, le nombre 9 est la marque de la déesse Léto, maîtresse de Zeus qui enfante en neuf jours de souffrance. Le chiffre neuf est pour ainsi dire, le nombre de l’accomplissement final, de l’universel ; il permet d’ouvrir les horizons et d’élever les consciences. Ce nombre, est le début de quelque chose de nouveau, de « neuve » endurée dans la souffrance.

Dans la Bible, ce même chiffre revêt une valeur très significative. Il est écrit que Jésus-Christ, le fils de Dieu, est mort exactement à la 9ème heure du jour où il a été crucifié. La mort du Christ étant un symbole de la finalité de son dessein sur terre. Il est mort pour ouvrir la voie au salut. Le fait qu’il soit mort à la 9ème heure du jour indique la finalité de ce nombre. Ce nombre peut aussi être un symbole de sainteté. La preuve de ce nombre comme symbole de sainteté se trouve dans le livre de Lévitique 23,32. Ce livre nous dévoile les détails du « Jour des Expiations ». C’était le jour où le souverain sacrificateur se dépouillait de ses vêtements pontificaux pour ne se vêtir que d’une simple tunique blanche afin de confesser les péchés du peuple dont le but primordial était la réconciliation avec Dieu. Selon les Juifs, c’était le jour qu’ils considéraient comme le jour le plus saint de l’année. Et ce « jour des expiations » devait être marqué, à partir du soir du 9ème jour du septième mois. Ceci étant, nous pouvons dire que le nombre est ce chiffre, qui a pour but l’accomplissement de quelque chose de grande envergure par le truchement d’une démarche pénitentielle ou de souffrance.

Parlons de cette spiritualité et de son impact, nous disons par définition que la spiritualité des neuf grottes est une dévotion populaire qui a pour spécificité de faire le tour des neuf grottes en récitant le chapelet pour obtenir une cause donnée par le biais de la Vierge Marie. De ce fait, après consultation de certaines personnes qui tiennent à cette dévotion, nous pouvons dire que le soubassement de celle-ci n’est pas d’abord à vrai dire connaître Marie et Jésus de fond en comble mais trouver réponse à certains problèmes qui sévis notre société : Chômage, problème de mari, problème de conception, instabilité conjugale, échec scolaire, banditisme… S’arrêter à une telle idée de dévotion serait être à la marge de la connaissance de Dieu. Voilà pourquoi Saint Augustin aurait raison de dire dans son ouvrage Bonum difusivum sui : « Si nous sommes pauvres ce n’est pas la faute à Dieu car ce sont nos prédécesseurs qui ont voulu que nous soyons pauvres ».

Ainsi donc Dieu ne devrait pas d’abord avoir un titre fonctionnel sinon il se transformerait à un dieu bouche-trou selon l’expression athée des philosophes. Un dieu que l’on invoque dans le besoin et que l’on laisse lorsque le résultat est obtenu. Dieu attend de l’homme d’abord et avant tout honneur, gloire et louange quel que soit la périphérie existentielle qu’il traverse. Tel serait, le leitmotiv de toute personne à l’égard de Dieu. Nonobstant, dans toutes les religions, seul un cœur contrit, humble et pénitent a accès de rétablir le lien brisé par le péché entre Dieu et les hommes. C’est d’ailleurs ce que le Seigneur dira aux enfants d’Israël par le biais de Moïse : « Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se repente et qu’il vive ». Est-ce par rapport cette démarche pénitentielle que les dévots aux neuf grottes se donnent tant de peines pour atteindre leur but ? Si tel est le cas, nous comprenions mieux pourquoi ceux ou celles qui pratiquent cette spiritualité jeûnent toute la journée (ni manger ; ni boire ; marcher pieds nus etc.) pour que leur souhait trouve un écho favorable à l’égard de Dieu. Et surtout que cette dévotion, adresse particulièrement sa prière à l’intercession de la Vierge Marie. Femme par qui, grâce à sa fiat, a donné naissance à Jésus-Christ qui par son incarnation, sa mort et sa résurrection le monde fut sauvé. Mais aussi, Femme chargée de confier les intentions des chrétiens auprès du Père par le biais de son Fils Jésus-Christ.

C’est d’ailleurs ce que Saint Luois-Marie Grignion dira : « Ad Jesum per Mariam » (à Jésus par Marie). Pour le dire plus simple, Marie incarne la maternité, la tendresse maternelle. Elle est la plus indiquée pour adresser les requêtes des priants à son Fils Jésus-Christ. Sainte Thérèse de l’enfant Jésus donnait se conseil à sa cousine : « Ne crains pas d’aimer trop la Sainte Vierge, jamais tu ne l’aimeras assez et Jésus sera bien content puisque la Sainte Vierge est sa Mère ». Aussi dirions-nous que, toute personne qui pratique cette spiritualité accompagnée d’une démarche d’humilité et de sincérité de cœur, devrait obtenir des fruits attendus de la Vierge Marie. Cette spiritualité devrait être un motif d’encouragement pour nous chrétiens d’abord par le truchement de cette, la personne la fait, exalte la grandeur de la Vierge Marie. On voit en Marie une femme extraordinaire qui par son intercession des merveilles se réalisent. Ensuite parce que cette spiritualité, est pratiquée par les chrétiens et les non chrétiens surtout que la Vierge Marie est cause de plusieurs injures et abominations pour certaines religions. Enfin se donner à cette dévotion serait aussi un meilleur moyen de se rapprocher de Jésus, de l’aimer et de le servir dans l’ouverture de l’esprit et la connaissance de l’autre.

Étant donné que cette dévotion centralise sa spiritualité dans l’Église-Mère en exaltant la Grandeur de la Vierge Marie, l’idéal serait que l’Église Catholique officialise cette spiritualité en faisant partie des exercices de piété pour que les chrétiens la véhicule dans le monde entier ; définir une pastorale de proximité entre ces dévots et les dirigeants des paroisses afin de comprendre le but primordial du culte rendu à Marie mais enfin que cette dévotion culmine dans l’Eucharistie dans lequel, le Christ-Jésus notre Sauveur a répandu toutes les richesses de son divin amour pour les hommes.

Abbé Rameaux – Primes
Vicaire à la paroisse Saint Marc d’Odziba

 

 


 
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