CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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ABBÉ ISIDORE MALONGA : TÉMOIGNAGE

mercredi 27 avril 2022

Hommage à l’Abbé Isidore Malonga Vouvouka : un père et un repère

« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7). Notre existence terrestre est marquée par le passage de plusieurs personnes très chères, à la destinée glorieuse et dont les souvenirs sont dignes d’être conservés précieusement dans des livres. Nous connaîtrons mieux notre propre histoire si les souvenirs des anciens qui nous ont précédés ont été consignés par écrit, ou du moins transmis oralement de génération en génération, et ce, sans rupture jusqu’au temps présent.

C’est à ce devoir de mémoire que je voudrais me livrer ici, en brossant, dans leurs grands traits, les axes marquants de la vie de l’abbé Isidore Malonga Vouvouka.

Abbé Isidore Malonga

Tâta Malonga est né vers 1935 à Dzoulou, village de Kindamba, dans le clan Kahounga, district de Mayama. Fils de feu Basile Mahoungou et de feue Jeanne Ntensekela (l’abbé Isidore a eu l’insigne honneur de baptiser ses parents comme diacre), il était le benjamin d’une fratrie de trois enfants (une fille ainée et deux garçons). Et c’est auprès de sa sœur ainée qu’il débuta son cursus scolaire à un âge relativement avancé.

Tâta Malonga a fait ses études primaires à l’école Saint Vincent de Poto-poto. Après son Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE), il a demandé à être enseignant. Il entre donc à l’École normale, en cycle court.

C’est en deuxième année qu’il discerne l’appel du Seigneur qui voulait faire de lui un prêtre, « Alter Christus » (Un autre Christ), ou plus concrètement, à la messe, « Ise Christus » (le Christ lui-même). Voici son récit : « Le 13 mai 1954, vers 12h, élève moniteur à Chaminade, j’entends une voix qui me dit : - Au lieu d’enseigner 36 élèves pour un peu d’argent, ne veux-tu pas enseigner tous les enfants du monde ? - Mais, si  » ! Après cet appel explicite, Il ira directe- ment voir le père Gerbet pour solliciter son admission au Petit séminaire de Mbamou. C’est finalement, en 1955 qu’il fera son entrée en quatrième au Petit séminaire de Mbamou, alors qu’il a vingt ans.

En 1960, il fut admis au Grand séminaire Libermann. Ordonné diacre en 1965, il prit comme Parole de vie : « Si tu savais le Don de Dieu » (Jn 4, 10). Son ordination presbytérale intervint le 3 juillet 1966 à Sainte-Anne du Congo, et il ajouta à sa première Parole de vie, celle-ci : « Fiat ! Qu’il me soit fait selon ta parole ». (Lc 1, 38). Tâta Malonga fera de ces deux paroles de vie les axes constitutifs et structurants de sa vie de prêtre : la foi et l’obéissance.

Il sera vicaire à Notre-Dame du Rosaire de 1966 à 1968.

Puis directeur de l’Apostolat de l’Archidiocèse de Brazzaville et directeur des Junioristes des frères de Saint Joseph de 1968 à 1973. En 1974, il fut envoyé aux études à Rome par le Cardinal Émile Biayenda. Il étudia les Saintes Écritures à l’Institut biblique pontifical (Biblicum) jusqu’à l’obtention de la Licence. Il prit une inscription en thèse avec comme sujet de recherches : « Pourquoi Dieu s’est-il dit saint ? La sainteté de Dieu ». Mais pour des raisons de santé, il ne soutint pas cette thèse.

Rentré au pays en 1982, il fut nommé responsable de la Pastorale d’ensemble de l’Archidiocèse de Brazzaville en 1983. La même année, il assure l’intérim à la paroisse Saint Esprit de Moungali en remplacement de l’abbé Louis Badila, malade, évacué sanitaire en France. L’intérim est resté définitif, puisqu’il restera à Moungali jusqu’en 1993.

Notons que l’abbé Isidore a été pendant très longtemps l’exorciste de l’Archidiocèse de Brazzaville.

Quelque temps après la tragédie de Saint Pierre Claver en août 1994, Tâta Malonga séjournera à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Revenu au pays, il est envoyé à Notre-Dame des Apôtres de Sangolo, en 2001. Ce sera la dernière paroisse qu’il aura servi comme prêtre. Il la quittera en mai 2015, à la suite d’un profond malaise.

Tâta Malonga a tiré sa révérence à l’âge de 87 ans, le mercredi 16 février 2022 à Évreux en France.

Mais hélas ! Ce n’est pas avec autant de concision que nous pouvons entreprendre de parler de l’abbé Isidore Malonga Vouvouka. L’homme qu’il a été, son histoire, ses valeurs, son héritage sont une richesse infiniment dense que cela constituerait un crime de lèse-majesté de ne pas en parler amplement (ce sera donc un autre rendez-vous).

Cependant, nous pouvons retenir brièvement que comme son Saint Patron, Saint Isidore, docteur d’excellence, l’abbé Isidore Malonga Vouvouka a été un excellent prêtre et un prêtre excellent. Homme de foi et de prière, grand dévot de la Bienheureuse Vierge Marie, bon pasteur, éminent prédicateur, valeureux guide ayant forgé plusieurs esprits, exorciste et thaumaturge, musicien-compositeur avec à son actif plus de vingt chants connus et exécutés, grand défenseur de la pastorale du mariage et de la famille ainsi que de la place des laïcs dans l’Église, … (Ces aspects sont largement développés dans un travail en cours).

Bref, l’abbé Isidore Malonga Vouvouka peut maintenant s’exclamer comme saint Pau l : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7).

Et nous, nous pouvons lui dire avec grande satisfaction : « Va Vers Toi ».

Va vers toi, Révérend Père ! Va vers toi, c’est la traduction talmudique de l’appel de Dieu à Abraham.Va vers toi et découvre-toi dans la perfection du Royaume des cieux ; Car ce bas-monde ne peut te lier.

« Tu es venu, tu as vécu, tu as vaincu », maintenant tu as besoin de repos. Va vers toi, chez toi, aux côtés de notre Maître et de nos ancêtres et doyens dans la foi. Va vers toi, dans ce repos éternel. Quoique séparé de nous physiquement.

Abbé Newman Suijès Samba Dia Mbemba

Tu demeures au fond de nous comme une conscience intérieure qui nous rappelle les exigences de la mission. Et nous exhorte à continuer la marche sur la voie de Dieu que tu nous as montrée. Ta voix qui continue de retentir dans nos cœurs est la preuve de la continuité de tes œuvres. Repose-toi, car tu as semé, et le grain a largement poussé. Tu as posé les fondations, tes héritiers poseront la pierre de faîte.

Va vers toi, vers ta récompense divine. Paix éternelle à toi, Pépé Isis !

Abbé Newman Suijès SAMBA DIA MBEMBA
Prêtre de l’Archidiocèse de Brazzaville en mission de Dieu et de l’Église en France.
L’un des nombreux fils de l’école du pain (Sangolo, sangolo na Nzambia ku).

 

 


 
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