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PRÉSENCES MISSIONNAIRES

samedi 28 août 2021

Père François Lebec, 52 ans au service de la mission du Christ en terre congolaise

« Comme je suis envoyé pour la retraite en France, je célébrerai solennellement la messe d’action de grâce des 60 ans de vie religieuse et des 52 ans de présence missionnaire en terre congolaise le dimanche 5 septembre 2021 à la Paroisse Saint André Kaggwa de Mbota à Pointe-Noire ».

En séjour à Brazzaville pour assister ses jeunes confrères aux vœux perpétuels à la paroisse Notre-Dame des Victoires de Ouenzé et aux ordinations diaconales à la paroisse Saint Kisito de Makélékélé, le père François Lebec s’est livré à un entretien dans lequel il parle de ses 60 ans de vie religieuse et la mission vécue en terre congolaise.

Le père François Le Bec et Aubin Banzouzi

* Bonjour Père François, comment est née votre vocation de prêtre et de missionnaire  ?

** Le désir de devenir prêtre remonte depuis l’enfance. Mais je n’ai pas connu l’école catholique pour être facilement orienté à cette époque. Tout en gardant cette flamme, j’ai appris le bâtiment et servi dans la marine nationale, avec les contextes de la guerre mondiale. Après la guerre, j’ai commencé au séminaire spiritain d’aînés. Je ne connaissais rien de la spiritualité et du charisme spiritain. C’était en 1960 où je fais mon entrée au noviciat… la vie de prière, la préparation intérieure et à la vie communautaire, le silence qui y régnait, la spiritualité m’ont poussé à me questionner sur le sacerdoce et la vie religieuse. L’année d’après, j’ai poursuivi ma formation en philo.

* Parlez-nous un peu de votre parcours de formation  ?

** Les études de philosophie terminée, je fus envoyé au Benin à Ouidah pour la formation scolaire et catéchétique des enfants dans les camps militaires. C’était ma première expérience avec l’Afrique. Puis, j’ai suivi régulièrement les quatre années de théologie en France. On nous ordonnait dès la troisième année. Bien que prêtre déjà, on repartait au séminaire pour achever la quatrième année, tout en répondant à la pastorale paroissiale. On n’avait pas de projet à soi, on était préparé à aller partout où on vous envoyait, quand et où, à chaque occasion j’ai accueilli ce qu’on m’a proposé au nom du serment et des vœux d’obéissance, de chasteté et de pauvreté. La grande crise est celle de 1968 où nombreux se sont appropriés le slogan « il est interdit d’interdire », il fallait faire preuve d’intériorité pour y faire face afin de ne pas se laisser porter par ce courant libertin et antireligieux.

* 52 ans de service sacerdotal et missionnaire au Congo-Brazzaville, comment les avez-vous vécus  ?

** En novembre 1969, nous sommes envoyés au Congo moi et le père Joseph Miermier. Moi à Mossendjo et le père Miermier à Kibouende. J’ai appris le munukutuba et servi pendant sept ans là-bas en terre babembé. La mission, c’est d’abord de répondre aux attentes des gens, indistinctement, il ne s’agit pas de transmettre des connaissances, mais quelqu’un, le Christ. L’évangélisation est beaucoup plus une question de disponibilité, de présence et un peu d’adaptation dans la pratique. Nous avions à Mossendjo, 40 communautés à animer correspondant à 90 Km de rayon, pour une équipe de deux prêtres. J’avais comme curé, le père Jean Besson. On vivait du travail de nos mains, de surcroit à cette époque on ne parlait pas de chômage, tout le monde avait du travail. Les catéchistes étaient très actifs et bien formés pour préparer aux sacrements et faire des célébrations de la parole sans prêtre. Après ce bout de chemin, je fus envoyé en mission en Bretagne en France pour 3 ans en vue d’échanger sur les différentes expériences de mission, car on donne certes, mais on apprend plus avec le Christ. Au retour, je fus affecté à Notre-Dame de Fatima, à Dolisie, où j’ai trouvé une jeunesse très vivante et engagée dans la catéchèse. En 1992, je fus envoyé à la Procure de Brazzaville, structure d’Église au service des paroisses et des acteurs pastoraux pour les finances, la péréquation, faciliter les voyages de mission.

Quelques années après, je fus envoyé à Saint Kisito de Makélékélé où j’ai passé 17 ans comme curé, avant d’être envoyé comme vicaire à Saint André Kagwa de Mbota à Pointe-Noire en 2017. La grande souffrance fut celle de la guerre, beaucoup de paroisses furent profanées…nous avons essayé d’être présents, de partager ces moments difficiles et douloureux avec le peuple de Dieu.

* Du noviciat à ce jour, cela fait 60 ans déjà de vie religieuse, quel message par rapport aux réalités actuelles ? N’allez-vous pas célébrer l’événement  ?

** Après 60 ans d’intenses activités effectivement, le poids de l’âge et la santé ne permettent guère de mieux répondre à certains enjeux pastoraux. Il faut ralentir le rythme, car il ne s’agit pas de rien faire mais de faire moins, être témoins du Christ autrement. Comme je suis envoyé pour la retraite en France, je célébrerai solennellement la messe d’action de grâce des 60 ans de vie religieuse et des 52 ans de présence missionnaire en terre congolaise le dimanche 5 septembre 2021 à la paroisse Saint-André Kaggwa de Mbota à Pointe-Noire.

Au sujet de la vie religieuse, avec beaucoup d’humilité, on peut dire qu’elle est encore indispensable pour assurer la mission. A côté des trois vœux, il convient de cultiver tout le temps la vie communautaire, la fraternité, le vivre-ensemble, surtout la prière personnelle et communautaire pour sentir en fin de comptes que cette mission n’est pas la nôtre mais celle du Christ. Si nous avons conscience de nos imperfections, le Seigneur continuera à faire beaucoup à travers notre présence. La prière et la vie en communauté demeurent urgentes pour l’annonce de la Parole.

Propos recueillis par
Aubin BANZOUZI

 

 


 
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