CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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DES CORPS ET DES ÂMES

lundi 4 janvier 2021

ÉDITORIAL DE LA SEMAINE AFRICAINE N° 4029

LES ÉVÊQUES DU CONGO

Les mesures édictées par le Gouvernement pour freiner l’expansion de la pandémie du coronavirus interrogent. Moins pour les objectifs visés que dans la manière de les énoncer et l’incohérence apparente qui finit par pénaliser les chrétiens. Noël est une fête centrale dans la vie des chrétiens. Depuis toujours, de par le monde, cette période de l’année marque la joie d’accueillir la venue sur terre de Jésus, Fils de Dieu. La tradition a toujours associé la joie et la fête à la célébration de cet événement fondateur de la chrétienté.

Nous savons aussi, de l’expérience des autres, que les rassemblements et les attroupements sont des lieux propices à la transmission du virus. L’Église catholique s’est scrupuleusement pliée aux mesures préconisées pour éviter ou retarder la transmission de la pandémie à grande échelle à partir des paroisses. Suivant les capacités de nos chapelles, pas plus de 50 fidèles ont été jusqu’ici admis à la messe. Les messes elles-mêmes ont été démultipliées pour, justement, fractionner les proportions des chrétiens à la prière. La distanciation physique est observée. L’Eucharistie n’est plus déposée sur la langue mais sur la main. Des sceaux de solutions hygiéniques sont disponibles dans toutes les paroisses.

Aussi n’est-ce pas sur les mesures que les Évêques catholiques ont réagi dans la lettre adressée le 23 décembre au Premier ministre. En mars, lorsque le virus a fait son irruption dans notre pays et que des mesures assez traumatisantes ont déjà été annoncées, notamment le confinement général et des contrôles stricts, les responsables des communautés de croyants avaient été conviés à une concertation sur cette pandémie. Les Églises avaient marqué leur acceptation à prendre part à la lutte. Les messes et les cultes avaient été suspendus.

La décision de ne pas célébrer Noël, notamment, est tombée comme un couperet qui n’a pas donné même la possibilité de proposer des solutions palliatives. Les Évêques catholiques l’ont mal vécu ; des chrétiens s’en sont émus. Leur protestation voulait inviter à trouver des voies médianes efficaces et cohérentes, pour lutter ensemble contre un mal qui emporte des croyants et des non-croyants, sans discrimination. Interdire aux chrétiens de célébrer Noël le 25 décembre, c’est laisser supposer que le 26 on peut faire ce qu’on veut. Le virus était-il plus virulent au jour de naissance du Christ, alors que nous avons dû nous plier de bonne grâce à vivre Pâques dans la rigueur sanitaire ?

Et puis, pourquoi limiter la lutte aux seuls lieux d’affluence des croyants ? Qu’est ce qui justifie le spectacle ahurissant de ces bus publics archibondés, pris d’assaut par une population désespérée de ne pouvoir trouver un moyen de transport, et faisant même fi du port du masque protecteur ? Non, rappelle Mgr Bienvenu MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU, Archevêque coadjuteur de Brazzaville, l’Église n’incite pas les chrétiens à soigner leur âme et à négliger leur corps : les deux sont liés. Aucune paroisse catholique du Congo ne se limite à célébrer des messes. Soigner des enfants, les vacciner, les admettre à l’école, donner à manger aux pauvres, conforter les veufs et les orphelins : l’Église catholique l’a toujours fait. Virus ou pas. Parce qu’elle ne sait pas s’occuper des âmes sans s’occuper des corps.

 

Albert S. MIANZOUKOUTA

 

 


 
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