PREMIER CONGRES PANAFRICAIN DES ACTEURS DE SANTÉ (I)
mercredi 21 mars 2012
PREMIER CONGRES PANAFRICAIN DES ACTEURS DE SANTÉ
(À Brazzaville, du 1ER AU 03 décembre 2007)
« LE PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ AU SERVICE DU MALADE : PARTAGE D’EXPÉRIENCE DES ACTEURS DE SANTÉ EN AFRIQUE »
DISCOURS D’OUVERTURE DE MGR. LOUIS PORTELLA-MBUYU LE 1ER DÉCEMBRE 2007, AU PALAIS DU PARLEMENT DE BRAZZAVILLE
- Madame la Ministre de la Santé, des Affaires Sociales et de la Famille ;
- Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement de la République ;
- Honorables Députés et Vénérables Sénateurs ;
- Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions Diplomatiques ;
- Distingués délégués, Mesdames et Messieurs ;
- Chers frères et sœurs, bien-aimés de Dieu.
Aujourd’hui est un jour mémorable pour l’Afrique en général et le Congo en particulier, car il s’ouvre dans notre ville capitale, le premier Congrès Panafricain des Acteurs de Santé qui prendra fin lundi prochain 3 décembre, au terme de trois jours de réflexion et de partage d’expérience. Le thème, en effet, est « Le Professionnel de la Santé au Service du Malade : partage d’expérience des acteurs de santé en Afrique ».
Ce jour est donc historique pour la grande famille des acteurs de santé en Afrique et vous avez bien voulu accepter de l’honorer par une participation considérable et massive à ce congrès qui, nous l’espérons marquera l’avenir de la santé en Afrique.
Dans ce contexte, nous ne perdons pas de vue que nous célébrons ce jour, « La Journée Mondiale de Lutte contre le Sida », sujet qui d’ailleurs sera au centre de nos débats et qui constitue aussi l’attente majeure de nos assises. Le Congo et Brazzaville vous accueillent avec joie et espérance. Je vous y souhaite la plus cordiale bienvenue et un agréable séjour.
Je me réjouis de la présence parmi nous de Madame la Ministre de la Santé, des Affaires Sociales et de la Famille à qui j’adresse mes salutations distinguées ainsi que l’hommage de notre reconnaissance pour son engagement constant en faveur de nos frères et sœurs en détresse.
La question de la santé est au cœur même du ministère public de Jésus. Dans les « Béatitudes » (Mt 5,1-12) qui introduisent au « sermon sur la montagne », Jésus proclame : « Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5,5).
L’Évangéliste Matthieu nous présente ce Jésus entouré dès le début de son ministère par une foule de « malades, des infirmes, des gens qui souffrent de toutes sortes de tourments... » (Mt 4,23).
On contemple Jésus si humain, saisi de compassion pour tous ceux-là qui n’en peuvent plus, toute cette humanité au bord du désespoir. C’est vraiment comme l’appelle le Pape, le Bon Samaritain de l’humanité. D’où la nécessité pour nous, Église-Famille de Dieu, de mettre en œuvre une pastorale conséquente de la Santé, pastorale de la proximité de Dieu dans la maladie et la souffrance, en ayant toujours l’attitude de Jésus qui « regarde » avec amour les malades.
Le thème de cette « Journée Mondiale » dite de « Lutte contre le Sida » est pertinent. L’Église, comme « communauté de croyants », fait partie de cette société aujourd’hui victime du Sida. Elle est solidaire de cette société et agit aux côtés des autres confessions religieuses et de toutes les institutions qui œuvrent pour réduire l’extension du Sida et son impact sur les hommes.
Partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps », l’Église a un message d’espérance à donner à notre monde. Oui, avec l’aide de Dieu, l’homme peut vaincre la menace qui pèse sur lui aujourd’hui. Le Sida n’est ni une fatalité, ni une malédiction, encore moins un châtiment ; il appartient à l’homme de relever le défi, de gagner le pari de l’amour et de la vie.
Poussés par les sentiments de solidarité humaine et assisté par la grâce de Dieu, les hommes, par leur intelligence et leurs efforts, sont appelés à vaincre ce mal comme ils ont vaincu tant d’autres maux au cours des âges, tels que la lèpre, la tuberculose, la peste, etc... Et pour ne pas que cette espérance ne soit une simple vue de l’esprit, deux attitudes s’imposent :
1. D’abord, la lucidité qui consiste à dire la vérité sur l’homme comme valeur sacré et sur la sexualité. L’homme atteint de Sida n’est pas une chose, mais il demeure un être sacré parce que crée à l’image de Dieu. Même malade, l’homme est une manifestation de Dieu, un signe visible de sa présence, une trace de sa gloire. Il a de la valeur devant Dieu et de ce fait il mérite respect, attention, compassion et soin.
2. Ensuite, le sursaut moral qui consiste à prendre conscience du danger et à changer de comportement, pour lutter efficacement contre le Sida. Le Sida nous interpelle dans notre comportement sexuel. La sexualité voulue par Dieu est un don qui doit être géré d’une manière responsable et ordonnée.
La gravité de cette maladie vient de l’extension rapide de l’infection, de l’absence quasi-totale de médicaments efficaces pour la traiter. Il n’existe pas de traitement ou de vaccin capable de guérir du Sida. Il ne reste alors que la prévention pour freiner la maladie et lutter contre elle. Cette prévention doit s’appuyer sur l’information correcte du public et sur l’éducation de tous.
Distingués délégués, Mesdames et Messieurs,
Sous l’égide de l’Union Africaine et en partenariat étroit avec l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’ONUSIDA, nos Chefs d’État africains avaient adopté en 2000 et en 2001, deux déclarations en matière de santé assorties de plans d’action et de cadres de mise en œuvre, notamment sur le paludisme et sur le Sida, la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et les autres maladies infectieuses connexes.
La lutte contre ces pathologies est, à nos yeux, la priorité majeure qui exige l’implication effective de tous les acteurs de santé en Afrique et de toutes nos ressources humaines et institutionnelles, je citerais : les communautés nationales, nos États d’Afrique, les Institutions sous régionales, régionales et internationales.
L’Église, quant à elle, consciente de sa mission, s’est toujours engagée de diverses manières dans cette lutte contre le VIH/SIDA. En mai 2003, la Conférence Épiscopale du Congo a publié une « Déclaration d’Engagement » à ce sujet, réitérant ainsi l’engagement pris à Libreville en mai 2001, aux côtés des autres Évêques de Association des Conférences Épiscopales d’Afrique Centrale (ACERAC).
C’est dans cette perspective qu’elle a mis en place une coordination nationale en matière de santé, sous l’appellation : « Action Médicosociale Catholique du Congo », en sigle AMSCC.
Le thème retenu est pertinent, c’est-à-dire : « le professionnel de la santé au service du malade : partage d’expériences des acteurs de santé en Afrique ». Il est indispensable que notre région Afrique dispose de systèmes de santé performants. Et pour cela, un partenariat et une mobilisation sociale plus accrue dans la lutte contre le VIH/SIDA s’imposent.
Il faut que le secteur de la santé joue davantage un rôle majeur dans la réduction de la pauvreté, car beaucoup désespèrent de l’Afrique non pas seulement à cause du sous-développement économique, mais aussi et surtout, à cause de toutes ces pandémies qui la submergent et la menace dans son existence même.
Madame la Ministre,
Distingués délégués,
Mesdames et Messieurs,
L’Afrique attend beaucoup de vos assises. Sois-y œuvre studieuse et utile, afin d’inscrire résolument notre Région Afrique dans la dynamique du combat pour la santé et la vie et qui nécessite la mobilisation de toutes vos énergies, en tant qu’acteurs de santé, à savoir : le combat pour la vie et la santé au service du développement durable de l’Afrique.
Ainsi notre prière pour chaque personne infectée ou affectée et pour chacun de nous sera toujours pleine d’espérance.
En souhaitant de tout cœur, pleins succès à vos travaux, je déclare ouvert, le 1er Congrès Panafricain des Acteurs de Santé en Afrique.
Je vous remercie !