CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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ÉGLISE-FAMILLE ET DÉVELOPPEMENT - II

vendredi 16 mars 2012

ÉGLISE-FAMILLE ET DÉVELOPPEMENT
« DONNEZ-LEUR VOUS-MÊMES À MANGER »

Paroles d’Évêque N° 12

À L’ISSUE DE LA 24ÈME SESSION PLÉNIÈRE TENUE À POINTE-NOIRE, DU 21 AU 28 AVRIL 1996, LES ÉVÊQUES DU CONGO ONT ADRESSÉ LE PRÉSENT MESSAGE AU PEUPLE DE DIEU :

« Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » (Mt 14,16)

Chers frères et sœurs,

1. En méditant sur la vie de l’Église, nous, vos Évêques, avons trouvé, dans cet ordre de Jésus, repris par notre Pape Jean-Paul II dans son Message de Carême, une heureuse orientation pour ce que nous désirons vous dire cette année. Jésus, en effet, éprouvait une vive compassion pour ceux qui souffraient de la faim, pour tous ceux qui étaient en difficulté. Ressuscité, Il est toujours vivant en ceux qui souffrent de violence, de maladies, de faim. Il nous donne encore aujourd’hui, cet ordre : «  Donnez-leur vous-mêmes à manger  » :

  • En étant des artisans de paix ;
  • En soulageant les malades et en les guérissant ;
  • En donnant à manger à ceux qui ont faim.

2. Dans l’épisode de la multiplication des pains (Mt, 14,13-21), Jésus demande aux disciples de collaborer à son œuvre, en apportant les cinq pains et les deux poissons pour qu’ils les distribuent eux-mêmes à la foule. Il nous montre ainsi qu’il a besoin des hommes pour construire son Royaume.

3. Aujourd’hui au Congo, à cause de la crise économique, financière et sociale que connaît notre pays en particulier, et l’Afrique en général, beaucoup d’entre vous ont faim. Faim de la Parole de Dieu pour orienter votre existence quotidienne, faim de la paix que Lui seul peut donner, mais aussi faim de sécurité, d’unité et de nourriture pour votre corps. « Le développement humain intégral, développement de tout homme et de tout l’homme, spécialement des plus pauvres et des plus déshérités de la communauté se situe au cœur même de l’Évangélisation » (EIA, § 68).

4. Voilà pourquoi, une fois de plus, en continuité avec notre Message de l’an dernier, nous voulons vous adresser quelques recommandations sur le développement. Membres d’une même Église-Famille, celle de Dieu, nous ne pouvons pas ne pas nous intéresser à la situation matérielle et humaine de notre pays. Nous ne pouvons ne pas contribuer au mieux-être des populations les plus défavorisées.

5. Pour ce faire, nous attirons votre attention sur deux valeurs inestimables que nous pensons préalables au développement : la paix et la santé. Une population qui ne vit pas dans la paix et la sécurité, qui s’enfonce dans le gouffre de maladies mortelles, ne pourra jamais s’atteler à la mise en œuvre de son développement harmonieux.

I. LA PAIX, CONDITION DU DÉVELOPPEMENT

6. Depuis plusieurs années, nous cherchons à être des éducateurs pour que s’enracine dans nos cœurs, dans nos familles, dans notre pays tout entier, une paix authentique et solide.

Pour nous vos Évêques, « donner-leur aujourd’hui à manger », c’est éveiller nos consciences à travailler concrètement pour la paix : « il est préférable et aussi plus facile de prévenir les guerres que d’essayer de les arrêter après qu’elles ont éclaté. Il est temps que les peuples brisent leurs épées pour en faire dés socs et leurs lances pour en faire des serpes (cf Is 2, 4). J’invite aussi… à prendre des engagements concrets pour promouvoir dans le continent des conditions de plus grande justice sociale et d’exercice plus équilibré du pouvoir pour préparer ainsi les conditions de la paix » « Si vous voulez la paix, œuvrez pour la justice », (El A, n°117).

7. Nous faisons nôtre cette pensée du Pape, dans Ecdesia in Africa (EIA), en affirmant qu’elle se vérifie dans notre pays. Pour bâtir la paix, la toute première condition est l’élimination des causes de discorde entre les hommes, à commencer par l’injustice. Certaines proviennent d’excessives inégalités d’ordre économique. D’autres naissent de l’esprit de domination, du mépris des personnes, de la méfiance, de l’orgueil, de l’intolérance et de la surestimation de soi et de son groupe social.

8. Voilà pourquoi nous devons tous travailler pour la justice. Le bonheur de la grande famille congolaise ne sera pas seulement le fruit du travail des gestionnaires et des experts, mais il exige, avant tout, une purification de tout ce qui endurcit nos cœurs : égoïsme, cupidité, jalousie, tribalisme. Nous ne pourrons vaincre la violence qu’avec l’aide du Christ qui seul a enlevé le péché du monde.

9. Il faut que nous le comprenions : la paix au Congo est l’affaire de chacun et chacune d’entre nous. La paix ne sera pas au Congo sans la conversion véritable de chaque citoyen. Nous sommes tous concernés, sans aucune exception. Personne n’est dispensé de prier pour la paix ; personne n’est dispensé de faire le bien, pas seulement pour ses amis, mais aussi pour ses ennemis ; personne n’est dispensé de faire un pas pour la réconciliation avec celui que l’on a haï, souvent sans raison valable. La paix dépend aussi de la manière dont nous nous regardons, dont nous nous saluons, dont nous parlons des autres, de nos responsables, de notre pays.

10. Si nous voulons le développement et la prospérité, recherchons tous la paix. Que réconciliation et amour se rencontrent et s’embrassent dans notre pays, et d’abord dans chacune de nos familles (cf Ps 84). Sans engagement concret pour la justice et la paix, c’est en vain que nous proclamons que Jésus-Christ est l’Unique Sauveur du monde, hier, aujourd’hui et demain.

11. Aussi, proposons-nous à chacun et à chacune d’entre vous ainsi qu’à chaque famille et communauté chrétienne, (paroisse, groupe d’apostolat, communauté ecclésiale de base), de s’engager devant Dieu à mettre effectivement en pratique une ou plusieurs conditions de la paix.

Un tel s’engagera, par exemple, à se débarrasser de toutes les armées qu’il a chez lui ; telle famille s’organisera pour rendre à autrui les produits de pillage ; tel groupe cotisera pour la construction d’une maison détruite ; telle communauté invitera une famille à revenir là où elle habitait jadis. Tout le monde priera chaque jour pour les responsables politiques quels qu’ils soient.

12. Des engagements seront pris en conscience, pour ne pas voter même pour des gens de son ethnie, s’ils ont tué, volé, menti manifestement. Un tel s’engagera à restituer des biens mal acquis. Faisons des actions qui engagent et qui construisent la paix et la justice, pour montrer ainsi la conversion de nos cœurs.

Si la volonté générale est pour la paix, si elle se manifeste dans des actions de ce genre, alors la victoire est certaine.

13. Nous savons tous que le Congo est un pays suffisamment riche pour nourrir largement ses enfants. Toutes nos forces vives doivent s’engager dans la construction d’une économie saine et bien gérée, apte à assurer à chacun une vie décente. Notre problème n’est pas un manque de biens, mais un manque d’esprit de famille, de solidarité. A tous les niveaux de la société, il nous faut de bons pères de familles qui distribuent à chacun sa juste part de nourriture.

14. Arrêtons le commerce ruineux des armes et consacrons l’argent à l’éducation, à la santé, aux routes. L’accumulation d’armes n’est pas le bon moyen d’assurer une paix authentique et stable. Respectons la dignité et les droits de la personne humaine. Nous avons des lois : respectons-les ! au niveau de l’État, des partis politiques, des syndicats, des régions, au niveau de la justice, au niveau du travail, au niveau de la famille, des communautés locales de nos paroisses, nos mouvements d’action catholique. Ne confondons pas Démocratie et anarchie, ce qui semble trop souvent le cas.

Crions fort que la Démocratie, c’est le respect total de la loi !

15. Prions et agissons pour que nous ayons de « saints hommes politiques » (cf. EIA, n°111), qui aiment leur peuple, qui, au lieu de se servir, servent, cultivent la fraternité et les valeurs démocratiques, qui assurent à chacun l’exercice de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine.

16. Laïcs Chrétiens, une fois de plus, nous vous invitons à œuvrer dans le monde politique, dans les partis, dans les structures de l’État. C’est à vous d’y prendre des responsabilités, au nom de votre foi, pour faire triompher les décisions qui construisent la paix. Hommes politiques chrétiens, de diverses tendances, rencontrez-vous, unissez-vous pour que triomphent la paix et la justice. Quant à nous, il est de notre devoir de Pasteurs d’éveiller les consciences pour que chacun soit plus responsable de la vie de notre pays.

II. LA SANTÉ, ROUTE VERS UNE VIE MEILLEURE.

17. Un homme malade rend sa famille malheureuse car il souffre lui-même et ne peut travailler. Jésus a pris en compte, durant son ministère, les souffrances des hommes, les infirmités humaines. Aussi, notre Église particulièrement du Congo, se doit, par vocation, de travailler toujours davantage pour améliorer la santé de notre famille congolaise. «  Donnez-leur vous-mêmes à manger  », c’est collaborer à l’amélioration de la santé.

18. Aujourd’hui, sans doute plus que jamais, la maladie sème son cortège de misères sur le pays. Paludisme, tuberculose, drépanocytose, cancer, sida, autant de maladies mortelles qui sèment le deuil dans nos familles, n’épargnant ni les enfants, ni les jeunes adultes.

19. Et notre attention se centre cette fois-ci sur le Sida. S’il est vrai que près de 10% de notre population est séropositive, cela veut dire que le Sida va emporter près de 200.000 Congolais dans les dix ans à venir. Un drame terrible, plus effrayant encore que toutes les catastrophes que nous venons de connaître depuis 5 ans. L’Église peut-elle se taire ? Non !

MALADIE ET SORCELLERIE

20. Nous vous en supplions, n’ajoutez pas encore des morts aux morts, en éliminant ceux que vous désignez comme sorciers ! Au nom de votre foi, arrêtez vos accusations de sorcellerie, lors des maladies et des décès. Ceci est indigne de votre Baptême. Si les chrétiens ne rompent pas avec cette habitude, s’ils la vivent comme la vérité, alors nous nous enfermerons dans des pratiques de plus en plus dégradantes et humiliantes qui n’honorent personne (lapidation, élimination par le feu...). Dans les communautés de base, les groupes d’apostolat, les rencontres paroissiales, réfléchissez en chrétiens sur ces problèmes douloureux et trouvons-leur des solutions chrétiennes.

VIVRE CHRÉTIENNEMENT LA MALADIE

21. N’oublions pas que Jésus n’a pas guéri toutes les maladies pour toujours. Lazare, ressuscité, est pourtant mort ! Malgré les progrès de la médecine, l’homme continuera à connaître la maladie et la mort. C’est la loi de la nature. Et la maladie est lieu de sanctification. Nous vous exhortons à accompagner vos malades, à être près d’eux, à ne pas les abandonner. De plus en plus, certains déposent un parent à l’hôpital et ne lui apporte même plus de nourriture. Le souci actif du malade est le signe de l’amour du Christ Lui-même (cf Mt 25, 31-45).

22. Nous vous encourageons à profiter des Centres de Santé Intégrés (CSI) qui se créent un peu partout ; de même, là où cela est nécessaire, organisez des dépôts de médicaments (GES, Caritas) plus particulièrement des produits de base, dits produite génériques. Qu’il soit possible de se procurer des médicaments à des prix beaucoup plus abordables.

23. Une fois de plus, nous vous rappelons que les mesures d’hygiène, la propreté de notre environnement, sont à la portée de tout un chacun et ne nécessitent aucune dépense d’argent. Une parcelle propre, une rue sans détritus, des latrines installées, une nourriture saine, des marchés propres, et ce sont déjà des milliards de microbes éliminés.

24. Dans certaines paroisses, des groupements préparent des tisanes des feuilles, des produits traditionnels et, dans la prière et la sagesse, dans l’écoute de conseils, des malades, peuvent ainsi être soulagés et souvent guéris. C’est un chemin valable pour combattre la souffrance. Nous vous appelons toutefois à une grande prudence, surtout dans les quantités, et une Évangélisation de ce qui pourrait apparaître comme païen dans ces célébrations.

25. Nous invitons aussi tout le personnel médical chrétien, docteurs, infirmiers, sages-femmes, à se mettre au service des initiatives de l’Église, pour former les populations, les informer, être disponibles à tout travail de santé. Qu’ils se surpassent, dans leur travail, à l’hôpital, au dispensaire, par une conscience professionnelle, un dévouement et une compétence qui ne peuvent qu’être des lieux de la victoire contre la maladie.

LE SIDA ET L’ÉGLISE

26. Vu le drame de cette maladie, nous voulons vous demander avec force d’y être très attentifs. Déjà, des enfants ont perdu père et mère. D’autres sont atteints dès leur naissance. De nombreux jeunes et adultes entre 25 et 50 ans, en meurent chaque jour, eux qui sont le soutien des familles.

Aujourd’hui, il n’y a pas de médicaments qui guérissent et s’il y en avait, le traitement coûterait plus de 5 millions par an et par personne. Que chacun le sache : les rapports sexuels ne sont pas le seul moyen de transmission du Sida. Cependant, pour le Congo, une des clés de notre salut ou de notre perte réside dans la conduite sexuelle. Lisez et méditez attentivement 1 Cor 7 où Paul nous donne des conseils évangéliques sur une bonne gestion de notre sexualité.

27. A tous les jeunes, à tous les célibataires, nous demandons une grande maîtrise pour vivre la continence. Qu’ils sachent que ce chemin est possible pour chacun, et que c’est un devoir chrétien que de le prendre.

28. A tous ceux qui vivent dans le mariage, l’Église demande la fidélité totale. L’infidélité de l’un prépare la mort de l’autre.

29. Nous avons, depuis cinq ans, usé abondamment du commandement qui interdit de tuer. Sachez qu’il vaut aussi pour la gestion de notre vie sexuelle qui, non maîtrisée, sème la mort. On tue en communiquant sexuellement le Sida. Nous prônons la fidélité et la continence comme la voie parfaite et nécessaire que nous savons difficile et exigeante. Et, nous vous demandons, de prendre toutes les précautions pour ne pas répandre le mal. Frères et sœurs, un peuple sain, capable de travailler se rend apte à combattre pour le développement.

III. TRAVAIL ET DÉVELOPPEMENT

30. L’Évangélisation est une entreprise dynamique de développement, un projet de promotions humaines intégrales et de transformation profonde des personnes et des sociétés. « l’obligation de se consacrer au développement des peuples ... est un impératif pour tout homme et pour toute femme... il oblige en particulier L’Église Catholique » (EIA, n°109). Comme nous l’avons maintes fois répété, en harmonie avec le Concile Vatican II, notre Église, qui veut créer une famille unie et heureuse, ne peut que s’impliquer dans le développement de notre pays.

«  Donnez-leur vous-mêmes à manger !  », c’est devenir acteur de notre propre développement par notre travail. Puisant dans la tradition de l’enseignement social de l’Église, nous affirmons avec certitude que la clé de tout développement se trouve dans le travail. Aucune société au monde ne s’est développée sans une culture du travail bien enracinée.

31. Nous ne pouvons ignorer que travailler n’est pas uniquement transformer, ou donner forme à ce qui n’en avait pas. Celui qui vend travaille, mais ne transforme pas et ne crée pas. Pour le chercheur, l’intention de trouver est une profession rémunérée, même s’il n’y a pas transformation en œuvre ou en produit. L’homme se réalise par le travail, et Dieu l’a voulu ainsi (Gn 1,27). Cependant, il faut éviter de restreindre le développement à la seule technique et le travail au seul salaire, à travers la fonction publique. Faire la cuisine est un travail, nettoyer sa parcelle est un travail, étudier ses leçons est un travail.

32. Pour développer notre pays, il convient entre autre que les personnes actives et les jeunes aient une bonne conception du développement et du travail. Qu’on se rappelle la maxime : « il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens ». C’est pourquoi l’Église enseigne que le travail humain est prévu par Dieu dès la création comme satisfaction des besoins vitaux, comme achèvement de la nature par l’homme qui en devient co-créateur et comme le lieu de rencontre entre les hommes.

33. Le travail fait progresser l’humanité. Une personne qui travaille y trouve sa dignité. Le chômage, l’oisiveté sont négation de l’homme. Ils ne transformeront et ne développeront jamais notre pays. L’esprit de paresse qui, aujourd’hui, règne dans les milieux professionnels compromet notre avenir. Paresse, absentéisme, manque de conscience professionnelle, corruption, trafic d’influence sont autant de vices qui rongent notre société.

Les conséquences sont connues : dans les campagnes, des enfants restent une année entière sans aller à l’école, faute d’enseignants. Dans les dispensaires, les malades restent sans soins, faute d’infirmiers. Dans les bureaux, vous attendez des heures un fonctionnaire absent.. Et pourtant, dans tous les secteurs d’activité, dans les sphères de décisions, il y a des chrétiens. Qu’attendent-ils pour montrer le bon exemple ? Ils sont le levain dans la pâte. C’est là qu’ils doivent vivre les exigences de leur Baptême.

34. Nous voulons aussi relever un élément constitutif du travail qui, s’il n’est pas réalisé, détruit tout équilibre social. Tout travail mérite son salaire. Dans le contexte du développement socioéconomique, nul ne peut parler de travail sans y associer le fruit qu’il procure à celui qui l’exerce. En effet, un travail sans fruit est exploitation de l’homme, négation de sa dignité et de ses droits. Le droit à une juste rémunération régulière est reconnu au travailleur. C’est un problème d’éthique que l’Église prend à cœur. Chacun sait qu’un salarié non-payé perd l’ardeur au travail ; la dignité du travail n’a plus de sens pour lui.

35. La dégradation de la dignité du travail se perçoit clairement dans notre pays. Les retraités sont plongés dans la misère la plus totale : quelle reconnaissance a-t-on d’une vie de travail ? Des salariés ne vont plus au travail, car ils ne perçoivent plus leur salaire : qui peut le leur reprocher ? Et pourtant, n’y a-t-il pas d’argent dans notre pays ? Sans méconnaître les difficultés des pouvoirs publics, nous leur disons « payez les salaires : priorité des priorités » car sans cela, il n’y aura pas de travail, pas de développement, pas de paix, et le peuple mourra.

36. Nous exhortons et soutenons aussi tous les mouvements d’apostolat et d’action catholique pour qu’ils développent chez leurs membres, surtout les jeunes, une pédagogie fondée sur le dialogue, l’action et la responsabilité. Celle-ci fera d’eux des témoins de Jésus-Christ et des acteurs de la transformation de la société congolaise.

37. Nous voulons attirer votre attention sur les bienfaits du travail producteur. Plantez des arbres fruitiers, faites des plantations, développez l’élevage, la pêche. Le travail agricole est un moteur du développement et nous ne pouvons qu’encourager le retour à la campagne. Quelle dignité pour des jeunes adultes de nos villes condamnés à mendier leur nourriture chez leurs parents ? Et quelle fierté du paysan devant sa récolte ! L’auteur du travail reste la personne humaine. Le travail ne se réduit pas à une fonction de production. C’est un moyen d’épanouissement de la personnalité de l’individu. D’où l’importance que l’Église attache aux conditions de travail, à la possibilité pour chaque salarié d’avoir une responsabilité dans l’organisation de son travail.

38. «  Donnez-leur vous-mêmes à manger !  », c’est aussi la mission du syndicalisme, chrétien ou non. Cette mission n’est pas de prendre le pouvoir politique, mais de défendre les intérêts des ouvriers, sans complaisance, sans esprit d’opposition systématique.

L’indépendance du syndicalisme est une condition du respect de son rôle. Nous encourageons vivement les ouvriers chrétiens à militer dans les syndicats pour contribuer à la dignité du travail. Si la privatisation des entreprises publiques connait des succès inégaux, la multiplication des petites et moyennes entreprises, dans nombre de pays est fort encourageante. Elles créent des emplois, contribuent à la naissance d’une classe moyenne nécessaire à l’équilibre des sociétés. Nous vous encourageons à travailler en ce sens, tant dans la formation que dans des initiatives de création d’entreprises.

CONCLUSION

39. Travail, Santé, Paix : voilà trois aspirations légitimes qu’il nous appartient de satisfaire et que nous vous invitons à méditer, vous les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté, pour que le royaume de Dieu grandisse au Congo. Ces valeurs sont présentes dans les pages de l’Écriture. Notre Église ne sera pas Famille de Dieu si elles restent dos slogans vides à répéter dans des perspectives idéologiques ou électorales.

Nous voulons constituer une famille où règnent paix et sécurité, où les malades sont bien pris en charge ; une famille qui vit de sont travail. Tous, nous avons soif de cela. Voilà pourquoi nous vous invitons à mettre en pratique les orientations que nous donnons aujourd’hui. Il en va de l’avenir de nos familles, de notre Église, de notre pays. Jésus dit à chacun d’entre nous : Donnez-leur du travail ! Donnez-leur la santé ! Donnez-leur la paix !

40. Tous, chacun et chacune, nous sommes acteurs de notre destin. N’attendons pas les actions des autres. N’ayons pas peur, et avec les autres Confessions Religieuses, mettons-nous à la méditation et à l’action. C’est ainsi que nous réaliserons la Parole du Christ : «  Donnez-leur vous-mêmes à manger !  »

 

LES ÉVÊQUES DU CONGO

1. Mgr. Barthélémy BATANTU, Archevêque de Brazzaville ;
2. Mgr. Bernard NSAYI, Évêque de Nkayi, Président de la CEC ;
3. Mgr. Ernest KOMBO, Évêque d’Owando ;
4. Mgr. Hervé ITOUA, Évêque de Ouesso ;
5. Mgr. Anatole MILANDOU, Évêque de Kinkala ;
6. Mgr. Jean-Claude MAKAYA, Évêque de Pointe-Noire.

 


 
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