CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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Lutte contre les antivaleurs

samedi 18 mai 2013

L’écho de Mgr Pierre Pican au message des évêques congolais

Consécrateur de Mgr Miguel Olaverri, à la messe solennelle célébrée au stade municipal de Pointe-Noire, dimanche 28 avril 2013, Mgr Pierre Pican, salésien, évêque émérite de Bayeux-Lisieux (France), a fait écho du message des évêques du Congo sur les antivaleurs. « Vos évêques vous appellent à vous engager d’urgence sur six terrains où la dignité de l’homme est bafouée, les conditions de vie affaiblies, les abus et excès devenus intolérables », explique-t-il, avant de demander aux chrétiens congolais et aux hommes de bonne volonté de « lutter contre la civilisation de la dégradation des mœurs ». Voici un large extrait de son homélie.

Mgr Pierre Pican.

« Pour nous rappeler l’urgence de réactions nouvelles et de la mise en œuvre des dispositions d’un meilleur vivre ensemble, vos évêques du Congo viennent de publier un document important auquel je vous renvoie fraternellement.

D’une certaine manière, cette parole des évêques constitue une invitation à la transformation des cœurs, à la conversion des pratiques, au changement d’attitudes sur bien des terrains de notre vie. Ces dispositions, par leur mise en œuvre, traduisent la volonté de Dieu de s’enraciner dans le cœur de tout croyant et de nourrir son engagement humain le plus quotidien.

Vos évêques vous appellent à vous engager d’urgence sur six terrains où la dignité de l’homme est bafouée, les conditions de vie affaiblies, les abus et excès devenus intolérables.

Ils ont retenu ces six lieux d’intervention sur lesquels chacun est appelé à s’examiner, à s’engager, à opérer une véritable modification d’attitudes et de sa pratique :

- non à la corruption ;

- non à l’incivisme ;

- non aux déviances sexuelles ;

- non à l’impunité ;

- non aux atteintes aux valeurs démocratiques ;

- non à tout ce qui dégrade la relation entre les personnes et dénature la vérité.

Chacun de ces « non », vous l’avez remarqué, renvoie à des situations très concrètes que chacun a pu repérer, dont beaucoup peuvent être victimes et dans lesquelles nous pouvons, évidemment, être engagés comme acteurs directs.

Pour neutraliser les effets pervers de la corruption qui dégrade votre pays, il est important que toutes les instances éducatives et de formation : familles, lieux de formation, de travail et de culture, développent des campagnes de promotion du bien commun.

Vos évêques mettent le doigt sur l’incivisme et préconisent un sursaut profond en faveur de l’intérêt public le plus large, de sorte que l’organisation des services contribue à faciliter réellement la vie de chacun.

Ils n’hésitent pas à énumérer des exemples ordinaires d’incivisme dégradant :

- scènes de vandalisme, de pillage, de vol de biens publics ou privés ;

- non-assistance à personnes en danger ;

- la maltraitance des personnes âgées ;

- le mutisme face à certaines scènes dont on a pu être soi-même victime ou témoin ;

- le phénomène de cris, de danses, de tenues obscènes, des nuisances sonores lors des veillées mortuaires, l’exhibitionnisme ;

- la musique bruyante des bars dancing et autres bistrots jusqu’à des heures dérangeant le repos du citoyen ;

- les abus de pouvoir relevant des autorités publiques.

Chacun d’entre nous est invité à s’interroger en vérité, devant Dieu et devant sa conscience, ce sanctuaire inaliénable de notre être le plus intime et le plus sacré.

En ce lieu palpite, discrète, délicate, secrète et personnelle, la voix de Dieu, Lui-même, l’invitation du Christ, en personne, à accueillir. Il nous lance un appel auquel chacun est appelé à répondre, afin d’épouser sa propre manière de vivre avec les autres et pour eux.

Nous devons toujours ranimer notre conscience et nourrir notre conviction que Dieu veut vraiment habiter notre humanité. Dès aujourd’hui, bien des espaces de notre vie personnelle et collective, privée et publique sont encore trop encombrés d’obstacles qui empêchent le Christ d’intervenir en nous et par nous.

Vos évêques du Congo sont dans leur rôle, en nous invitant à la vigilance, au discernement, à la conversion réelle de vos pratiques. Le second synode de l’Église en Afrique le rappelle à plusieurs reprises, de son côté, avec le même réalisme.

Vos pasteurs, en bergers attentifs et vigilants, dénoncent les déviances sexuelles et appellent à un opportun et urgent réveil des consciences, de façon à lutter contre la civilisation de la dégradation des mœurs. Ils s’attaquent aussi, avec lucidité, aux formes multiples de l’impureté que tout le monde constate, relève et déplore, au risque de la considérer paradoxalement comme normale.

Bien des lieux de la vie sociale : familles, services administratifs, scolaires et universitaires sont touchés. « Ces antivaleurs, disent-ils, ne doivent plus tenir le haut du pavé et devenir des références et des fuites en avant, pour les plus fragiles d’entre nous ».

Pour vivre dans l’Esprit du Christ et nous conformer à sa réponse humaine, nous avons conscience d’avoir, chacun, un pas à faire, un effort à entreprendre, un engagement à prendre, une résolution déterminée à préciser et à arrêter pour vivre, vraiment, selon l’Esprit de Dieu.

Nous pouvons, en Église, rendre grâce, très profondément, pour la contribution que vos évêques viennent d’entreprendre sous la forme de cette véritable entreprise de salut public, de fidélité à l’Évangile.

Cette réflexion appelle à un sursaut que pour sa part votre nouvel évêque va conduire, notamment avec le collège de ses prêtres, les consacrés et toutes les forces vives, disponibles et engagées de son diocèse de Pointe-Noire ».


 
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