CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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MESSAGE D’OWANDO À TOUS NOS FRÈRES DANS LE CHRIST : NOVEMBRE 1976

vendredi 16 mars 2012

SESSION ORDINAIRE DE LA CEC,
DU 22 AU 24 NOVEMBRE 1976, À OWANDO

1. Réunis pour la session ordinaire de la Conférence Épiscopale du Congo, Nous, vos Évêques, avons commencé notre rencontre en célébrant la Fête du Christ-Roi, Fête patronale de la Cathédrale d’Owando. Nous avons reçu et médité le message de cette fête tout au long de nos travaux :

- Dieu a voulu fonder toutes choses en son Fils Bien-aimé, pour libérer toute la création de la servitude du péché et instaurer son Royaume de justice, d’amour et de paix.

2. Reprenant les réflexions de mars 1976, publiée dans le document de l’Assemblée Plénière de la C.E.C, nous vous adressons ce message sur l’Évangélisation et l’Unité.

3. Les uns et les autres, chrétiens, religieux, religieuses, prêtres et Évêques, nous sommes invités à mieux témoigner du lien intime qui existe entre l’Évangélisation et l’Unification des hommes dans les communautés chrétiennes et humaines. Pour nous, annoncer la Parole de Dieu, c’est nous engager pratiquement à vivre les vérités de notre foi en Jésus-Christ. Elles nous pressent à travailler pour l’édification de l’unité ecclésiale et nationale.

4. En effet, l’Évangélisation ne se fait pas sans le partage total de sa vie et sans le travail en commun. Elle nous rassemble pour la prière et la célébration de l’Eucharistie, signe par excellence du partage et de l’unité. (Ac 2, 42).

5. Nous insistons. L’annonce de l’Évangile ne s’exerce jamais pour son propre profit, que ce soit celui de l’Église ou le profit personnel. La finalité de la mission de l’Église, de son action évangélisatrice, catéchuménale, liturgique ou diaconale est la transformation de ce monde en Règne de Dieu, Règne de justice, d’amour et de paix.

6. L’Évangélisation est le chemin de libération que nous propose le Christ-Roi. Elle appelle à un changement radical de vie, par la grâce de Dieu. Cette conversion de la personne, nécessaire et permanente, crée des structures sociales plus humaines et plus justes, plus respectueuses des droits des personnes, moins oppressives et moins asservissantes.

7. «  Nous supportons tout pour ne créer aucun obstacle à L’Évangile du Christ » (1Co 9,12). En écrivant cela aux chrétiens de Corinthe, Saint Paul dénonce les divisions dans leur Église. Il leur écrit que toute désunion « réduit à néant la croix du Christ » (1 Co.9, 12). Dans un tel contexte, l’Évangile n’est plus entendu ou est mal annoncé. La croissance du Règne de Dieu est paralysée.

8. La venue du Royaume se manifeste dès à présent par notre volonté de réaliser la mission du Christ : « Que tous soient un » (Jn17,22). Soucieux de progresser dans l’universalité de l’Église, nous cherchons à transcender nos divergences, à dépasser toute autosuffisance. Nous voulons nous concerter, sur le plan national, afin de prendre des orientations pastorales communes, touchant la formation des futurs « serviteurs de Dieu », la catéchèse, la liturgie, l’œcuménisme, la vie de nos fraternités et « mabundu ». Nous désirons créer des occasions de rencontre et d’échanges pour l’ensemble de l’Église Catholique du Congo.

9. Avec tristesse, nous relevons dans nos institutions ecclésiales (presbyterium, Conseils Pastoraux, Conseils Paroissiaux, Mabundu, etc.) la tentation permanente d’un repliement sur soi. Ce mal crée des attitudes d’exclusion, d’incompréhension et d’opposition. Ce sont des contre-témoignages à notre vocation chrétienne vécue au cœur du monde.

10. Plus nos communautés seront unies, plus nos fidèles participeront à la grande œuvre de l’unité nationale. L’esprit d’unité que Jésus-Christ nous donne se vit dans les exigences d’une conversion permanente. Cette conversion atteint tout l’homme : le congolais patriote et chrétien. A moins d’être menteur, (1 Jn.1,6), le chrétien ne peut agir différemment dans sa vie civile et dans sa vie chrétienne.

11. En tant que Responsables de l’Église Catholique, nous dénonçons certaines pratiques qui détruisent les efforts faits par l’Évangélisation en vue de la construction de l’unité nationale. Nous pensons particulièrement à nos frères les plus déshérités qui n’ont ni pouvoir pour se défendre ni voix pour dénoncer les injustices qu’ils subissent. Ils sont à la merci des exploiteurs tels que : les usuriers, certains fonctionnaires détournant à leur profit personnel le pouvoir qui leur est confié pour le bien du peuple, la pratique de plus en plus courante du « madezo ya bana », l’immoralité de la sorcellerie et de la vengeance, le détournement des fonds publics, la contrainte exercée sur les jeunes filles pour qu’elles se donnent, les passe-droits dans la scolarisation et pour l’obtention d’un emploi, le manque généralisé de conscience professionnelle, etc.

12. Notre message est un appel qui voudrait être incisif. Nous l’adressons à vous, Frères bien-aimés de notre Église, mais aussi à tout chrétien et à tout homme de bonne volonté. Engageons-nous résolument à devenir des artisans de paix et d’unité Luttons contre toute compromission détruisant le bien communautaire qui appartient à tous et à chacun. Recevons de Notre-Seigneur Jésus-Christ les forces vives qu’il nous donne pour que le Règne de Dieu vienne.

Fait à Owando, le 24 novembre 1976

 

Les Évêques du Congo :

1. Cardinal E. BIAYENDA, Archevêque de Brazzaville, Président de la CEC ;
2. Monseigneur Godefroy-Émile MPWATI, Évêque de Pointe-Noire ;
3. Monseigneur Georges-Firmin SINGHA, Évêque d’Owando.

 


 
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