MOT DU PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO A LA MESSE D’ACTION DE GRACE, A L’OCCASION DE LA SIGNATURE DE L’ACCORD CADRE ET DES 40 ANS DES RAPPORTS DIPLOMATIQUES ENTRE LE CONGO ET LE SAINT-SIÈGE
lundi 13 février 2017
MOT DU PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO A LA MESSE D’ACTION DE GRACE A L’OCCASION DE LA SIGNATURE DE L’ACCORD CADRE ET DES 40 ANS DES RAPPORTS DIPLOMATIQUES ENTRE LE CONGO ET LE SAINT-SIÈGE
BASILIQUE SAINTE ANNE, 04 FÉVRIER 2017
Excellence Monsieur le Président de la République et Madame,
Son Éminence Pietro Cardinal Parolin, Secrétaire d’État de la Cité du Vatican,
Monsieur le Premier Ministre, Chef du gouvernement,
Chers Confrères Évêques,
Vénérables Sénateurs,
Honorables Députés,
Messieurs les Membres du Gouvernement,
Chers Membres du Corps diplomatiques,
Distingués invités en vos rangs, qualités et grades
Chers frères et sœurs et chers fidèles laïcs du Christ,
C’est un moment particulier pour notre Église locale, qui en cette année des 134 ans de son évangélisation et du 40ème anniversaire de la mort de l’unique Cardinal de son histoire, le très regretté Cardinal Émile Biayenda notre Bon Pasteur, a la joie de vivre deux événements inédits : la célébration du 40ème anniversaire des rapports diplomatiques entre le Saint-Siège et la République du Congo et la signature de l’Accord-cadre. Deux événements qui sont au centre de la célébration eucharistique de ce jour et qui deviennent pour nous motif d’action de grâce. Avec le psalmiste nous disons : « comment rendrais-je au seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? J’élèverai la coupe du salut et je bénirai son nom » (Ps 115, 12-13). Oui, ici et maintenant, nous n’avons pas d’autre mots plus éloquents et plus significatifs que le mot merci, expression de la gratitude de l’Église du Congo envers son Seigneur, gratitude de l’Église du Congo envers sa Sainteté le Pape François, Pasteur universel de l’Église Catholique Romaine qui, selon les mots de Saint Ignace d’Antioche « préside dans la charité », gratitude envers vous, Éminence, venu au Congo pour la première fois pour rehausser le ton et le niveau de célébration de ces deux événements. Notre gratitude envers le Président de la République et tout l’État congolais qui, à travers cet Accord-Cadre, inaugurent une nouvelle ère de collaboration avec le Saint-Siège et notre Église locale dans les domaines d’intérêt commun (éducation, santé, culture et autres), car comme dit le Concile Vatican II, dans sa Constitution Pastorale, l’Église dans le monde : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les, les richesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (GS n. 1). De même, le Pape émérite Benoit XVI dans l’Exhortation Apostolique post synodale, Africae munus, le dit très bien en ces termes : « L’Église désire être le signe et la sauvegarde de la transcendance de la personne humaine. Elle doit aussi éduquer les hommes à rechercher la vérité suprême face à ce qu’ils sont et leurs interrogations pour trouver des solutions justes à leurs problèmes » (Africae munus, n. 23 ; Gaudium et spes n. 40).
Comme nous l’avons entendu hier dans les différentes allocutions, Permettez-moi aussi de le signifier, à nos chrétiens et à tout le Peuple de Dieu ici présent, de repréciser que les relations entre l’Église et l’État congolais ont des racines bien profondes tant dans l’histoire civile de notre pays et dans celle de notre Église locale. Déjà au XVIIème siècle et après, lors de la première évangélisation, nos aïeux, notamment les Mani Kongo ou Rois du kongo, avaient envoyé des légats (ambassadeurs) à Rome pour établir les rapports officiels avec le Saint-Siège et ainsi garantir la présence et l’œuvre des missionnaires dans le royaume kongo. Nous pensons plus particulièrement à l’œuvre du Marquis Antonio Emmanuel Ne Vunda, dit « Negrita », Premier ambassadeur du royaume kongo, mort à Rome et enterré avec tous les honneurs diplomatiques dans la Basilique Sainte Marie Majeure de Rome. L’histoire nous enseigne qu’il avait même reçu la visite du Pape Paul V la veille de sa mort advenue le 06 janvier 1608, jour de l’Épiphanie.
De même, pendant l’époque coloniale, Savorgnan de Brazza a bénéficié de l’appui des missionnaires spiritains pour garantir l’occupation du Congo, territoire conquis au nom de la France. Il sied de signaler ici l’œuvre de Nos Seigneurs Carrie et Augouard, deux Premiers Vicaires Apostoliques au Congo-français. L’alors Supérieur Général des Spiritains avait le privilège de le répéter souvent pour montrer le rôle irremplaçable joué par ses missionnaires : « Sans nos missionnaires, la France aurait perdu le Congo ». Tous ces passages historiques, pour ne citer que ceux-là, ont préparé en amont le terrain, favorisant ainsi l’accomplissement de ce que nous célébrons aujourd’hui au grand jour avec joie. L’occasion de souligner ici l’œuvre grandiose de nos ainés dans l’histoire de notre pays, l’Abbé Fulbert Youlou, Mgr Ernest Kombo, de regrettée mémoire, pendant la conférence nationale et à l’aurore de notre jeune démocratie.
Monsieur le Président de la République, Éminence, frères et sœurs, même si l’Accord cadre vient d’être signé, à peine hier, et en attendant sa ratification, nous le disons avec reconnaissance, que l’Église du Congo entretient jusque-là des bons rapports avec l’État congolais, même pendant la période marxiste, avec sa devise : « la religion opium du peuple », la liberté du culte a toujours été garantie. Ici et maintenant, nous saluons l’idée de rétrocession des écoles catholiques après la Conférence nationale de 1991, autrefois confisquées par l’État pendant la nationalisation des biens de l’Église par l’État. Actuellement la plupart des écoles ont été rétrocédées et nous continuons les pourparlers avec l’État pour la rétrocession de ce qui manque et reste à faire.
L’occasion pour nous d’exprimer officiellement notre gratitude envers le Président de la République et l’État congolais pour le soutien multiforme que nous bénéficions en diverses circonstances. Dans le même cadre, nous attendons, dans un futur immédiat, le démarrage des travaux de l’université Catholique de Pointe-Noire, chantier soutenu et financé par notre gouvernement et par la Société Chevron.
À Vous frères et sœurs, fidèles laïcs de Dieu du Congo, en parlant de l’Accord-cadre, nous pouvons retenir, avec des mots simples, que cet Accord vient pour officialiser nos rapports avec l’État congolais, oui nous avons à nous collaborer malgré la distinction de nos tâches et de nos missions respectives. En dépit de tout, il y a quelque chose qui nous unie : c’est la mission et le service envers la personne humaine et envers la société congolaise. Nous, comme Église, fidèle à l’enseignement du Christ et à la doctrine de sociale de l’Église, sommes toujours disponibles et prêts à collaborer et à travailler pour un Congo uni, fort et Prosper, d’où notre engagement dans le domaine social à travers les multiples écoles catholiques et à travers les nombreuses initiatives de charité, de justice et de paix, comme dit le Pape Benoit XVI : « Selon sa doctrine sociale, l’Église n’a pas de solutions techniques à offrir et ne prétend aucunement s’immiscer dans la politique des États. Elle a toutefois une mission de vérité à remplir (…) une mission impérative. Sa doctrine sociale est aspect particulier de cette annonce ; c’est un service rendu à la vérité qui libère » (Benoit XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, n. 9 ; Africae munus, n. 22).
Ainsi, les 40 ans de relation diplomatique dont les bases ont été posées dans le passé, célébrées aujourd’hui avec faste, suscitent en nous tous, la disponibilité et l’engagement à renforcer solidement les balises de nos rapports réciproques pour le bien de l’Église locale et pour le bien de la nation congolaise toute entière.
Permettez-moi, au nom de mes frères Évêques, de remercier ici tous ceux qui ont travaillé avec génie et cœur à la rédaction de cet accord, je pense aux anciens Nonces Apostoliques comme Mgr Carascosa Coso, à Mgr Pawlowski, à Mgr Louis Portella-Mbuyu, à l’Abbé Mesmin Massengo et aujourd’hui Mgr Francisco Escalante Molina qui, à peine arrivé, s’est impliqué en parvenant à la signature de l’Accord-Cadre. Je n’oublie pas, le Ministre des affaires étrangères Monsieur Jean-Claude Gackosso et ses collaborateurs pour l’efficacité et pour le travail accompli. À tous les acteurs de cet accord, cités ou non, je vous remercie tous et toutes et que Dieu vous rende le centuple.
Un grand merci à son Éminence pour avoir effectué le déplacement de Rome à Brazzaville et pour les profonds mots prononcés pendant l’homélie. Merci enfin à vous tous ici présents, venus rendre grâce à Dieu pour le bien qu’il nous a fait, merci au Président de la République et Madame, aux Membres du gouvernement, aux Corps diplomatiques, aux prêtres et Personnes consacrées, aux Acteurs liturgiques : les deux chorales, les grands séminaristes et à tous les organisateurs ; merci au Curé de cette Basilique et à ses paroissiens ; bref merci à tous et à toutes.
Éminence, nous osons croire que votre séjour au Congo a été agréable et s’il y a eu quelques manquements, veuillez nous en excuser. Ce soir vous avez votre vol du retour à Rome, faites un bon voyage et transmettez au Saint-Père, le Pape François, nos filiales salutations, la joie et les cris d’espérance de tous les Fidèles du Congo. Encore une fois merci d’être venu, bon voyage. Que Dieu vous soutienne et vous accompagne dans l’accomplissement de votre noble et lourde mission, pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.
Amen !
Mgr Daniel MIZONZO
Évêque de Nkayi et Président de la CEC