CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


Accueil > PUBLICATIONS > PAROLE D’ÉVÊQUE > MESSAGE DE NOEL DES ÉVÊQUES DU CONGO SUR LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT : (...)

MESSAGE DE NOEL DES ÉVÊQUES DU CONGO SUR LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT : DÉCEMBRE 2016

jeudi 22 décembre 2016

« … Ne craignez pas, je vous annonce une bonne nouvelle : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur » (Lc 2, 10-11)

Aux Fidèles laïcs du Christ,

À toutes les personnes de bonne volonté.

Fils et filles bien aimés de Dieu,

A l’occasion des fêtes de fin d’année et dans la joie de Noël, nous vous adressons ce message de paix, de bonheur et d’espérance pour vous souhaiter une joyeuse fête de Noël et une Sainte et Heureuse année 2017. Ces mêmes vœux sont adressés plus particulièrement à vous nos frères et sœurs du Diocèse de kinkala qui vivez dans l’épreuve de la souffrance, Jésus le Messie vient aussi pour vous. Avec vous, nous nous tournons vers le Prince de la paix (Is 9, 5) pour que la paix revienne dans votre diocèse.

1. Chaque année l’Église, notre Mère, nous fait la grâce de célébrer la fête de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, l’Emmanuel : « Dieu parmi nous » (Mt 1, 23). C’est une grâce qui nous est donnée pour vivre et revivre le mystère de l’amour insondable de Dieu qui, du haut des cieux, assume notre humanité pour partager, notre condition humaine (Phil 2, 6-7). Noël, fête de la Nativité de notre Seigneur, est donc en premier lieu, fête de l’amour révélé de Dieu en Jésus-Christ que nous avons expérimenté durant l’année du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde à peine célébré (Pape François, Misericordiae vultus, n. 1). A Noël c’est le mystère de l’incarnation qui s’accomplit, le Dieu fait homme : « Et le verbe de Dieu s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 16). A travers l’Enfant Jésus, né dans une mangeoire, dans la pauvreté et simplicité extrême, Dieu nous enseigne son amour pour l’homme de tous les temps (Pape François, lettre Apostolique Misericordia et miseria, n. 7) et nous montre la voie de l’humilité et de l’abaissement (la kénose). En prenant la condition humaine, Dieu le Tout-Puissant, le Saint des Saints, donne sens à la vie de l’homme et redonne la dignité au corps de l’homme «  temple de l’Esprit Saint  » (1 Cor. 6, 19) et demeure du Dieu vivant.

2. Ce riche enseignement de Dieu dans le mystère de l’incarnation nous invite au respect de l’homme, de sa vie et de sa dignité, comme quoi, la vie humaine est sacrée et donc inviolable. Nul n’a le droit de toucher à la vie de l’autre ou de faire quoi que ce soit sur le corps de l’homme « crée à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1, 27). En outre, en s’incarnant dans la chair humaine, Dieu nous invite aussi au respect de la création toute entière, au respect et à la sauvegarde de tout ce qu’il a créé (Gn 1-2), car tout ce que Dieu a créé est bon (Gn 1, 10) et porte l’empreinte de son amour et de sa beauté (Sg 13, 5 ; Rm 1, 20).

3. À l’orée des fêtes de Noël et pour cette nouvelle année, nous vous invitons au respect de l’environnement, de cette nature magnifique que Dieu nous a donnée «  sauvegardons notre maison commune  », comme nous le rappelle le pape François. En effet, nous sommes bénis de Dieu. Il nous a donné un beau pays, avec des richesses inouïes : une terre fertile et riche en matière première, des forêts et savanes, le fleuve, la mer et les rivières qui traversent notre pays, tout cela est l’expression sublime de l’amour de Dieu (Ps 117, 1). Alors que faisons-nous de ces bienfaits de Dieu ?

4. D’une manière générale, nous pouvons constater la mauvaise utilisation des bienfaits de la nature et la dégradation de celle-ci : les forêts disparaissent petit-à-petit à cause d’une excessive exploitation du bois et d’une politique de reboisement au rabais sur l’étendue du territoire national. Dans les villages, les forêts entières sont brulées par des feux de brousse répétés par des personnes parfois mal intentionnées. Dans la plupart de nos villes, les ruelles sont pleines d’ordures, les grandes avenues perdent de plus en plus leur éclat, les caniveaux bouchés ou inexistants, les rivières qui traversent les villes sont devenues des poubelles de fortune, ces mêmes rivières (la Tsiemé, le Madoukoutsekele, le Djoué, le Djiri, le Kélé-kélé à Brazzaville, le Tchikobo à Pointe-Noire, le lac Gao à Dolisie et autres) qui, autrefois, les eaux servaient à boire, à se laver, ne le sont plus, à cause des déchets et des tas d’immondices qui les inondent chaque jour. Certains citoyens ont transformé ces rivières en toilette et en poubelles, là où ils viennent, sans gêne, jeter les ordures, avec des conséquences néfastes sur la santé publique. La malaria (le paludisme), qui est la cause principale de la mort dans notre pays, est aussi la conséquence du manque d’entretien de nos rivières et de nos espaces publiques, d’où les moustiques, les moucherons et le développement de certains microbes liés à cet état d’insalubrité qui causent d’autres maladies comme la fièvre typhoïde. Aussi, pouvons-nous constater le retour non autorisé, par les pouvoirs publics, des sachets autrefois interdits par le gouvernement de la République. Ce retour des sachets ajoute un tableau sombre à ce constat et rend nos villes de plus en plus sales. Comme dit le Pape François : « la terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir » (Laudato si, n. 21).

5. Au vu de ce constat, nous en appelons à notre conscience citoyenne qui doit nous interpeller au respect et au soin de l’environnement, des espaces publics, de nos ruelles, nos avenues, nos villes et villages, nos toilettes, nos milieux de vie, bref ces lieux où les conditions hygiéniques doivent être garanties pour éviter les maladies et la diffusion de certains virus qui naissent par manque d’hygiène.

6. Le Pape François, dans l’encyclique Laudato sí du 24 mai 2015, nous invitait déjà à prendre soin de la création et au respect du milieu écologique. Pour lui, la terre, notre maison commune est en train de se dégrader à cause de la pollution, des ordures et la culture du déchet. Ainsi, dit-il : « il existe des formes de pollution qui affectent quotidiennement les personnes ; l’exposition aux polluants atmosphériques produit une large gamme d’effets sur la santé, en particulier des plus pauvres… À cela s’ajoute la pollution qui affecte tout le monde, due aux moyens de transport, aux fumées de l’industrie, aux dépôts des substances qui contribuent à l’acidification du sol et de l’eau, aux fertilisants, insecticides, fongicides, désherbants et agro-chimiques toxiques en général… Il faut considérer également la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans des différents milieux » (Laudato sí, n. 20). Déjà Saint Jean-Paul II, faisait remarquer : « La destruction de l’environnement humain est très grave, parce que non seulement Dieu a confié le monde à l’être humain, mais encore la vie de celui-ci est un don qui doit être protégé de diverses formes de dégradation » (Jean-Paul II, Centesimus annus, n. 38). De même le Pape Benoit XVI disait : « La dégradation de l’environnement est étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine » (Caritas in veritate, n. 51).

7. Dans ce sens, le Pape François lance cet appel : « J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous » (Laudato sí, n. 14). De même, lors des deux dernières rencontres mondiales sur l’écologie (COOP 21 de Paris en 2015 et COOP 22 au Maroc, les gouvernements du monde entier ont déploré ce manque de respect envers la nature qui nous entoure.

8. Filles et fils bien aimés, nous vous invitons à une véritable « conversion écologique », une conversion (metanoia) qui passe par le respect de la nature et par l’éducation. Il nous faut cultiver un bon esprit et une bonne éducation pour ne pas jeter les déchets, par ci par là, pour ne pas créer des poubelles dans des endroits non appropriés, comme nous le constatons malheureusement dans certains endroits de nos villes et villages (dans certaines administrations, dans nos paroisses, nos hôpitaux ou dispensaires et même dans les marchés).

9. Pour ce faire, l’État devrait s’impliquer davantage et s’engager, en dépit de ce qui se fait déjà, en déposant dans chaque coin des poubelles idoines pour le recueil des immondices et les multiplier partout même dans les quartiers périphériques ou les banlieues souvent abandonnées à leur triste sort. L’État a aussi la mission, la responsabilité d’éduquer le peuple à une conscience nationale et écologique afin d’aider les paisibles citoyens au respect de l’environnement et à la culture de la propreté. Il faudrait, peut-être, revenir aux notions d’éducation civique dans les écoles (comme autrefois), pour enseigner et inculquer ces notions dans les esprits des Congolais pour que finissent les mauvaises habitudes et que prenne le relais, petit à petit, les bonnes habitudes qui consistent à ne plus jeter ce que l’on a utilisé dans les rues ou par terre mais dans des poubelles ou dans les endroits appropriés pour cela. C’est toute une école.

10. Aussi, les médias (Télévision, Radio, journaux, les Réseaux sociaux, etc.) devraient s’y atteler par des émissions spéciales (du genre : ville propre, village propre, maison propre ou parcelle propre). Sans aucun pessimisme, les notions enseignées et suivies par l’État, dans les écoles ou autres lieux d’éducation et de formation, finiront avec le temps, à être appliquées avec sens de responsabilité. Dans ce sens, nos villes autrefois vertes, resplendiront davantage et reprendront la beauté d’antan. Nous y croyons et nous y espérons, à condition que nous devenions tous plus responsables.

11. Fils et filles bien aimés, comme Saint François d’Assise, qui appelait chaque créature de Dieu « frère ou sœur », cultivons en nous ce respect de la nature et de l’environnement. Le Pape François, le 1er septembre de cette année, a ajouté une autre Œuvre de la miséricorde (à la fois spirituelle et corporelle) : la prière et la sauvegarde de l’environnement. A nous, donc, la mission, pour cette année nouvelle, de rendre sains nos milieux de vie, de soigner l’environnement dans lequel nous nous trouvons, pour notre bien commun, pour le bonheur et la santé de tous.

Que la lumière de Jésus, Verbe de Dieu, dissipe les ténèbres de nos cœurs et nous aide à marcher dans la lumière du Christ (Jn 8, 12), sur le chemin de la paix, de la vérité et du respect de l’environnement.

Joyeux Noël et Bonne et Heureuse année 2017 à tous et à toutes.

Fait à Brazzaville le 18 décembre 2016
IVème Dimanche de l’Avent

 

Pour les Évêques du Congo

Mgr Miguel Angel OLAVERRI Évêque de Pointe-Noire,
Délégué Épiscopal pour la Pastorale sociale et de développement

 


 
Haut de page